FOOTBALL FEMININ« L’inimaginable » retour au sommet de Le Sommer transcende les Bleues

France - Australie : Comment « l’inimaginable » retour au premier plan d’Eugénie Le Sommer transcende les Bleues

FOOTBALL FEMININEn difficulté à l’OL et écartée des Bleues pendant deux ans sous Corinne Diacre, l’attaquante de 34 ans savoure avec une facilité déconcertante sa quatrième Coupe du monde, avant de défier l’Australie samedi
Eugénie Le Sommer a inscrit un superbe doublé contre le Maroc mardi (4-0).
Eugénie Le Sommer a inscrit un superbe doublé contre le Maroc mardi (4-0). - FRANCK FIFE / AFP / AFP
Jérémy Laugier

Jérémy Laugier

L'essentiel

  • L’équipe de France féminine de football va défier l’Australie, pays organisateur de la Coupe du monde, samedi (9 heures heure française) à Brisbane, lors des quarts de finale de la compétition.
  • Parmi leurs atouts majeurs, les Bleues peuvent compter sur une Eugénie Le Sommer dans la forme de sa vie, à 34 ans.
  • Malgré une saison difficile avec l’Olympique Lyonnais et deux années d’absence en sélection sous Corinne Diacre, l’attaquante se révèle en pleine confiance aux côtés d’Hervé Renard.

«Il y a encore quelques mois, c’était quand même inimaginable pour elle de vivre tout ça… » Lorsqu’il jette un coup d’œil dans le rétroviseur, Patrice Lair est bien conscient qu’aucun signe ne prédestinait Eugénie Le Sommer, son ancienne attaquante à l’OL (de 2010 à 2014), à participer à une quatrième Coupe du monde féminine. Et encore moins à y briller comme elle le fait, avec 3 buts inscrits en 3 matchs avant de défier l’Australie samedi (9 heures heure française) en quarts de finale. Dès le début de saison, la joueuse de 34 ans avait bien senti qu’elle n’était pas la priorité offensive de Sonia Bompastor à Lyon, et la suite est allée dans ce sens. Au final, elle n’a inscrit que 7 buts en 17 matchs de D1, et même aucun lors de ses 7 apparitions en Ligue des champions. Dans une carrière aussi prolifique, il s’agit d’une sérieuse anomalie liée à des pépins physiques mais aussi à un criant manque de confiance.

Le tout en étant très loin de l’équipe de France, pour la deuxième saison consécutive, puisque Corinne Diacre n’a plus jamais fait appel à la meilleure buteuse de l’histoire de la sélection depuis le printemps 2021. « C’était dur pour elle de ne plus être sélectionnée avec les Bleues, et même de passer en deuxième ou troisième choix offensif à Lyon, décrypte Corine Petit, son ex-partenaire à l’OL et en sélection nationale. Mais elle n’a rien dit, c’est une grande professionnelle, hyper positive dans un vestiaire. Et surtout, Eugé ne lâche jamais, donc tout ce qui lui arrive sur ce Mondial ne m’étonne pas vraiment. En plus, quand on sait ce qu’on a perdu pendant deux ans, on a encore plus envie de tout exploser le jour où on est de retour. »

« Pas d’égale dans une surface de réparation au niveau mondial »

Et cette explosion n’a pas attendu la Coupe du monde pour arriver. Hervé Renard tout juste intronisé à la tête des Bleues, elle fait partie de sa première liste, puis de son onze de départ, en amical contre la Colombie le 7 avril. Très attendue, Eugénie Le Sommer répond pleinement présente en claquant un doublé en quatre minutes (56e et 59e) essentiel pour renverser la Colombie (de 0-2 à 5-2). La deuxième vie de l’attaquante ne peut pas mieux démarrer, tout comme sa criante complicité avec son nouveau sélectionneur.

« Hervé Renard la gère bien, tant sur le temps de jeu que sur la doublette qu’il a installée devant et qui fonctionne bien avec une attaquante puissante comme Diani, apprécie Patrice Lair. On sent à ses qualités de déplacements et à la rapidité de ses enchaînements qu’elle retrouve des sensations qu’elle avait peut-être perdues. Elle a repris confiance avec lui, elle s’éclate. » Avant de vivre contre l’Australie son 20e match de Coupe du monde, évidemment un autre record dans l’histoire du football français pour la joueuse aux 92 buts en 182 sélections, elle a presque rougi aux côtés d’Hervé Renard, ce vendredi en conférence de presse.

« Quand elle est revenue, elle manquait de rythme, je n’étais pas certain qu’elle puisse assurer à tous les matchs, a confié le sélectionneur tricolore. Mais je vais de bonne surprise en bonne surprise. Je la vois survoler les matchs techniquement et les traverser physiquement sans problème. Je suis comblé. Elle n’a pas d’égale dans une surface de réparation au niveau mondial. J’en ai vu quelques-uns comme ça chez les hommes, elle est de cette qualité-là. Elle est chirurgicale. Avec elle, il suffit d’une balle, et on attend celle de demain. »

« Ce n’était quasiment plus un objectif pour moi »

Un tel concert de louanges n’est quand même pas si fréquent dans une conf d’avant-match, et elle résume évidemment à quel point Hervé Renard a fait le choix de mettre Eugénie Le Sommer dans les meilleures dispositions. Après le récital/doublé de sa buteuse contre le Maroc en huitièmes de finale (4-0), il y était même allé d’une jolie punchline : « On a l’impression qu’elle a des jambes de 25 ans. » Alors qu’elle en aura donc dix de plus en mai prochain. « Elle arrive à demander les ballons, mais elle est aussi à la finition. A son âge, je pense que tout le monde n’est pas capable de le faire », appuie sa partenaire chez les Bleues Grace Geyoro.

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C’est simple, depuis l’arrivée de l’ancien sélectionneur de l’Arabie saoudite il y a quatre mois, elle en est à 6 buts en 7 titularisations. Sa justesse technique, sa participation au jeu et son sang-froid dans la surface, comme sur cette tête décisive en poule contre le Brésil (2-1) tranchent avec sa trajectoire lyonnaise, qui laissait parfois augurer cette année une joueuse en bout de course. Et ce même si elle vient finalement de s’engager pour une 14e saison consécutive avec l’OL. Bien sûr, son retour au premier plan avec le maillot bleu n’aurait peut-être pas été aussi éclatant sans les graves blessures de Marie-Antoinette Katoto et de Delphine Cascarino. Mais après deux années d’une mise à l’écart injuste, Eugénie Le Sommer méritait bien un alignement total des planètes, non ? Sur le site de la FFF, elle se confiait d’ailleurs sur cette interminable absence juste avant le début de la Coupe du monde.

« Il a fallu que je me remette dedans car ce n’était quasiment plus un objectif pour moi. A force de ne plus voir mon nom dans la liste, j’avais pris un peu de distance avec l’Equipe de France. J’ai dû tout de suite me reconditionner et c’est presque un rêve pour moi de disputer cette Coupe du monde. Cette envie de retourner en sélection était présente au fond de moi mais je n’avais pas les cartes en mains. Même si je donnais tout ce que je pouvais sur le terrain, les choix étaient faits ensuite. Je sais que le football va très vite et que c’était dans un petit coin de ma tête. Mais c’était très, très loin et c’est redevenu très, très proche… »

C’est désormais la perspective d’une deuxième demi-finale de Mondial, après celle de 2011, qui est très très proche pour les Bleues et leur inattendue et « chirurgicale » buteuse.