CatastropheA Lahaina, ville hawaïenne carbonisée, l’incendie a « tout pris »

Incendies à Hawaï : A Lahaina, ville touristique carbonisée, les cendres se mélangent au chagrin et à l’incompréhension

CatastropheAu moins 89 personnes sont mortes, annoncent des autorités critiquées pour leur gestion de la crise
Incendies à Hawaï : Le bilan pourrait atteindre 100 morts, les autorités pointées du doigt
20 Minutes avec AFP

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Sur une petite place de Lahaina, Anthony Garcia se débat vainement contre les cendres. Depuis trois jours, sur le trottoir où les touristes ont l’habitude de se presser, il entasse branches mortes et cadavres d’animaux tués par les flammes, balaie les traces de l’incendie. « C’est difficile à encaisser », confie cet homme de 80 ans, en observant les ruines de cette ville hawaïenne qui lui a apporté « tant de joie ».

Originaire de Californie, il était venu à Lahaina pour un week-end en 1993, et n’est finalement jamais reparti. Il a désormais tout perdu. Employé d’un immeuble résidentiel sur l’île, Anthony Garcia loue un appartement près d’une rue touristique, connue pour ses bars, ses restaurants et ses magasins de bibelots. De tout cela, il ne reste rien. Les flammes, qui ont tué au moins 89 personnes, ont avalé guitares, documents, partitions de musique et souvenirs. « Ça a tout pris, tout ! Ça me brise le cœur ! »

Vent et sécheresse

Comme lui, les habitants, encore sous le choc, commencent tout juste à constater l’étendue des dégâts laissés par le brasier qui s’est déclenché en milieu de semaine. L’incendie était « aussi intense que l’enfer », raconte Ekolu Brayden Hoapili, ému d’avoir dû « laisser plein de gens derrière » lui. Les survivants ont dû fuir la ville sans un regard en arrière tant le feu progressait vite, certains ont même dû se jeter à l’océan.

Le feu a été « incroyablement dévastateur », selon Jeremy Greenberg, un responsable de la Fema interviewé sur MSNBC. « Ces types d’incendies peuvent se propager sur une distance équivalente à un terrain de football américain en vingt secondes ou moins. » Alimentées par des vents violents venus de l’ouragan Dora, plus au large, les flammes ont progressé d’autant plus vite que l’archipel a été touché par une sécheresse « sévère ».

« Nous avons sous-estimé la dangerosité et la rapidité du feu »

Des commerces, hôtels, immeubles et restaurants qui faisaient le charme de cette cité balnéaire de 13.000 habitants, il ne reste presque rien. Un majestueux figuier des banians, attraction touristique, a été léché par les flammes mais semble avoir survécu. Il se dresse, désormais solitaire, au milieu des ruines. Dans ce paysage de désolation, les résidents cherchent à comprendre comment le drame a pu prendre de telles proportions. La justice aussi : une enquête a été ouverte sur la gestion de la crise par les autorités.

L’île de Maui a subi de nombreuses coupures de courant pendant la crise et le numéro d’urgence 911 a cessé de fonctionner dans certaines parties de l’île, tandis que les sirènes d’alerte aux incendies n’ont pas été actionnées. Les alertes, habituellement transmises par téléphone, n’ont pas pu être reçues car « il n’y avait pas de réseau » et « clairement, nous n’avons pas prévu de solutions de secours pour assurer la sécurité des habitants », a admis samedi Jill Tokuda, élue démocrate de Hawaï, sur la chaîne CNN. « Nous avons sous-estimé la dangerosité et la rapidité du feu », a-t-elle regretté. « Nous devons nous améliorer. »