FANATISMEEglises incendiées au Pakistan lors d’accusations de profanation du Coran

Pakistan : Des églises incendiées lors de violences liées à des accusations de profanation du Coran

FANATISMEDes centaines de personnes de confession musulmane ont déferlé mercredi dans un quartier chrétien alors qu’une famille venait d’être accusée d’avoir blasphémé contre le Coran
Des paramilitaires gardant le quartier chrétien de la ville de Faisalabad, au Pakistan le 17 août 2023.
Des paramilitaires gardant le quartier chrétien de la ville de Faisalabad, au Pakistan le 17 août 2023. - K.M. Chaudary/AP / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Au Pakistan, le climat entre les religions est actuellement particulièrement tendu dans l’Etat du Pendjab. La police garde ce jeudi le quartier chrétien pris d’assaut la veille par des musulmans dans l’est du pays, après les violences déclenchées par des accusations de profanation du Coran.

Des centaines de personnes de confession musulmane ont déferlé mercredi dans les rues du quartier chrétien de Jaranwala, en banlieue de la ville industrielle de Faisalabad, dans l’Etat du Pendjab. Plusieurs églises ont été incendiées et un cimetière chrétien vandalisé. L’assaut a été déclenché lorsqu’un groupe de fanatiques religieux a accusé une famille d’avoir blasphémé contre le texte sacré de l’islam.

Plus d’une centaine de personnes arrêtées

Un porte-parole du gouvernement du Pendjab a indiqué dans un communiqué que plus d’une centaine de personnes ont été arrêtées et que la police était aussi à la recherche de la famille visée. « Le Coran a été profané et les sentiments des musulmans blessés. L’ordre a été donné d’arrêter les accusés », précise le document.

Yasir Bhatti, un Pakistanais chrétien âgé de 31 ans, raconte avoir fui sa maison, située à proximité d’une des églises incendiées. « Ils ont cassé les fenêtres, les portes et sorti les réfrigérateurs, les canapés, les chaises et d’autres meubles pour les empiler en face de l’église et les brûler. Ils ont aussi brûlé et profané des bibles ».

Une vidéo montre la foule exigeant que les blasphémateurs présumés soient punis alors qu’une croix est arrachée du haut d’un bâtiment. « La foule a infligé de sérieux dommages, y compris à des maisons de chrétiens et à plusieurs églises », affirme un responsable du gouvernement local, Ahad Noor.

Dans d’autres vidéos publiées sur les réseaux sociaux, on peut voir des responsables musulmans utiliser des haut-parleurs pour appeler leurs fidèles à agir. « Les chrétiens ont profané le Coran. Tous les religieux, tous les musulmans doivent s’unir et se rassembler devant la mosquée. Mieux vaut mourir si vous ne vous souciez pas de l’islam », clame ainsi un religieux.

L’appel à l’aide de l’évêque de Lahore

« Nous appelons à la justice et à l’action de la part des forces de l’ordre et de ceux qui rendent la justice (…) afin qu’ils interviennent immédiatement et nous assurent que nos vies ont de la valeur dans notre propre patrie », a pour sa part posté sur le réseau social X l’évêque de la ville voisine de Lahore, Azad Marshall.

La question du blasphème est particulièrement sensible au Pakistan, où même des allégations non-prouvées d’offense à l’islam peuvent entraîner assassinats et lynchages. La Commission indépendante des droits de l’homme au Pakistan a plusieurs fois souligné que les lois sur le blasphème étaient utilisées comme des armes pour cibler les minorités religieuses et régler des vendettas personnelles, et que ces incidents violents étaient en augmentation constante depuis plusieurs années.