« Malgré que » : Est-ce une faute ?

On se rappelle tous de Johnny Hallyday dans les Guignols de l’info et de ses « que » intempestifs. Sonnez-vous comme lui lorsque vous dites « malgré que » ? Un peu, mais pas assez pour devenir la risée du pays. On vous explique ça en toute simplicité.

« Malgré que » vs « bien que »

Pour exprimer une concession, on a parfois tendance à dire « malgré que », mais les érudits tendent à déconseiller cet usage, considéré comme inélégant sinon fautif. À la place, on préférera l’emploi de « bien que » :

• « Bien qu’il soit très intelligent, il est nul en maths. »
• « J’aime Bob Marley, bien que le reggae m’ennuie plutôt d’habitude. »

L’exception académique

L’Académie française admet une exception à la consigne suscitée : pour les Immortels, « malgré que » s’emploie « seulement avec le verbe avoir conjugué au subjonctif. » Dans ce contexte, il s’agit toutefois d’une expression figée désuète, qui signifie « à mon corps défendant ». Parmi les exemples donnés par l’institution, on trouve :

• « Je reconnais les mérites de mon rival, malgré que j’en aie. »
• « Elle ne put cacher son dépit, malgré qu’elle en eût. »

Et les écrivains, dans tout ça ?

Certains auteurs – y compris des Académiciens – ne se sont pourtant pas privés d’employer « malgré que » dans le sens de « bien que ». Parmi eux, Alphonse Daudet, André Gide, Marcel Proust ou Jean Cocteau. Loin de nous l’idée de vous conseiller de suivre leur exemple, mais si quelqu’un vous reproche un « malgré que » inopportun, vous pourrez toujours vous cacher derrière ces grands noms de la littérature…