FUSILLADEQue sait-on de la mort d’un enfant de 10 ans, tué par balles, à Nîmes ?

Nîmes : Que sait-on de la mort d’un enfant de 10 ans, tué par balles ?

FUSILLADEUn jeune garçon est décédé, touché lors d’une fusillade, lundi soir, dans le quartier Pissevin, alors qu’il se trouvait à l’arrière d’une voiture
Nîmes : Ce que l'on sait de la fusillade ayant tué un enfant de 10 ans
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • Un enfant de 10 est mort, lundi soir, à Nîmes, victime d’une fusillade. Il était à l’arrière d’un véhicule lorsqu’il a été touché par balles.
  • Depuis des années, le quartier Pissevin est gangrené par les trafics de drogue.
  • 20 Minutes fait le point sur cette fusillade, alors que Gérald Darmanin a dénoncé ce mardi un « immense drame » qui ne « restera pas impuni »

Un enfant de 10 ans est mort, lundi soir, victime collatérale d’une fusillade, à Nîmes (Gard). Le drame s’est noué peu avant minuit, dans le quartier Pissevin, gangrené depuis des années par des trafics de stupéfiants et des règlements de comptes. 20 Minutes fait le point sur cette fusillade, alors que Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a dénoncé ce mardi matin un « immense drame » qui ne « restera pas impuni ».

Que s’est-il passé, ce lundi soir, à Nîmes ?

Un enfant de dix ans a perdu la vie, lundi soir, à Nîmes, touché par balles dans une fusillade, sur l’avenue des Arts, dans le quartier populaire de Pissevin. Un homme, le conducteur de la voiture, a, lui aussi, été touché. Mais ses jours ne sont plus en danger.

Quels sont les premiers éléments de l’enquête ?

Selon Cécile Gensac, l’enfant a été victime d’un « échange de tirs ». D’après les premiers éléments communiqués par l’AFP, la jeune victime se trouvait à l’arrière du véhicule, qui a été pris pour cible par plusieurs tireurs. Il est mort après avoir été transporté en urgence à l’hôpital Carémeau, à Nîmes. Le conducteur de la voiture visée, l’oncle du jeune garçon, âgé de 27 ans, a été blessé dans le dos, mais ses jours ne sont plus en danger.

« Ce monsieur a eu la force, la ténacité et le réflexe de se diriger, lui-même, vers les services des urgences du centre hospitalier, ce qui a permis sa prise en charge rapide, a détaillé Cécile Gensac, en fin de matinée. La prise en charge du mineur [décédé] n’a pas pu, malheureusement, permettre de le réanimer. » Selon une source policière citée par l’AFP ce matin, cet homme n’est pas connu des services de police. « Indéniablement, la famille victime n’est absolument associée d’aucune façon, ni avant, ni actuellement, dans des faits de nature pénale, a confirmé la procureure. C’est une famille qui a eu pour seul malheur d’être au mauvais endroit, au mauvais moment. Elle n’a jamais fait parler d’elle. Elle fait partie de ces habitants du quartier, dont il faut absolument assurer la sécurité. »

Un autre enfant, qui se trouvait, comme la victime, sur la banquette arrière, n’a pas été touché. Agé de 12 ans, il est sain et sauf. Le ou les tireurs, peut-être au nombre de quatre, sont activement recherchés. Dimanche, un adolescent de 14 ans a déjà été blessé par balles, à Pissevin, par des tireurs, circulant à bord d’une Renault Clio. Selon une piste envisagée par les enquêteurs, citée par l’AFP, la Mégane de l’oncle qui ramenait les deux enfants aurait pu être confondue par les tireurs avec la Clio utilisée la veille.

Une enquête pour assassinat en bande organisée a été ouverte par le parquet. Une autopsie du corps du jeune garçon doit avoir lieu dans les prochaines heures.

Les trafics de drogue sont en cause

Il ne faisait aucun doute, ce mardi, pour la procureure de Nîmes, que les guerres que se mènent les bandes rivales, sur fond de trafics de stupéfiants, sont en cause, dans ce drame. « A la suite de démantèlements de camps de deal par les actions des services de police ou de la gendarmerie, des zones vides sont créées, a-t-elle confié. La nature a horreur du vide, et les trafiquants aussi. Tout l’enjeu [pour eux] est de reprendre ces points qui ont été déstabilisés par les services de police. Nous sommes dans ce contexte. »

Le maire de Nîmes « profondément choqué »

Jean-Paul Fournier (LR), le maire de Nîmes, s’est indigné ce mardi matin, dans un communiqué, d’un « nouveau cap intolérable » franchi dans l’escalade de la violence qui sévit à Pissevin. « J’ai alerté à de nombreuses reprises les services de l’Etat de cette situation dramatique qui m’a d’ailleurs conduit à fermer, en juin dernier, la médiathèque pour la sécurité des agents et des usagers », a déploré l’élu, « profondément choqué, attristé et révolté par ce nouveau drame ». Lundi, à l’occasion de sa prise de fonction, Jean-Paul Fournier a dit avoir alerté le nouveau préfet du Gard, Jérôme Bonet, « de cette situation qui s’envenime de jour en jour et prend des proportions non maîtrisées ».

Le quartier Pissevin, à Nîmes.
Le quartier Pissevin, à Nîmes. - Le quartier Pissevin, à Nîmes.

Gérald Darmanin annonce des renforts policiers

Ce mardi, Gérald Darmanin a évoqué « un immense drame qui ne restera pas impuni », sur X (ex-Twitter), en annonçant l’arrivée de membres de la CRS 8, une unité de policiers spécialisés dans la gestion des violences urbaines, déployée à Marseille. Ils sont attendus dès ce mardi « pour sécuriser ce secteur, et montrer la présence, encore plus forte que ce qu’elle est déjà, de l’Etat », a détaillé Jérôme Bonet, le nouveau préfet du Gard, qui évoque un crime « absolument intolérable, qui nous concerne tous, et que nous ne pouvons accepter ». Selon le préfet, qui a pris ses fonctions lundi, l’Etat mène « une lutte sans relâche » contre les trafics de stupéfiants dans ce quartier. « C’est une infraction qui est la mère des autres infractions (…) Ici, tous les jours, des policiers viennent ici, procèdent à des opérations anti-stupéfiants, à des interpellations, sans relâche. »

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Le maire de Nîmes salue ces renforts, mais s’inquiète « du caractère éphémère de la présence d’une compagnie de CRS. Que se passera-t-il une fois ces forces parties ? Nous avons bien vu que les renforts temporaires qui sont venus cet été n’ont, hélas, pas permis d’endiguer cette violence, ni d’empêcher de nouvelles victimes innocentes. » L’élu demande au Président de la République « des solutions concrètes et pérennes face à cette situation. L’affectation à demeure d’une compagnie de CRS reste une priorité. » Comment de temps ces renforts resteront ? « Il n’est pas possible de le dire », a indiqué le préfet. Il n’a pas été indiqué, non plus, combien seront déployés, à Pissevin.

Que sait-on du quartier Pissevin ?

Depuis des années, le quartier Pissevin, plombé par des trafics de stupéfiants, est gangrené par des règlements de comptes, parfois mortels. C’est aussi ici, en juin dernier, qu’un journaliste de M6 a été violemment agressé, alors qu’il effectuait un reportage sur la fermeture de la médiathèque du quartier, cerné par le deal de stupéfiants.

En 2020, une année durant laquelle huit personnes sont décédées dans ce quartier de Nîmes dans le cadre de règlements de comptes, un commerçant du coin, joint par 20 Minutes, avait confié que « la population se sent [ait] vraiment en insécurité physique. On ne voyait ça qu’à la télé, ou dans les quartiers du nord de Marseille. Là, c’est au pied de nos immeubles, près de la galerie marchande. Boire un café tranquille, on hésite, on a peur de prendre une balle perdue. » Dans le quartier Pissevin, 70 % des 13.000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté et le taux de chômage atteint 46 %.