environnementC’est quoi ce projet de rejet en mer de l’eau de la centrale de Fukushima ?

Fukushima : C’est quoi ce projet de rejet en mer de l’eau de la centrale nucléaire ?

environnementValidé en juillet par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le projet suscite l’inquiétude des pêcheurs japonais et de pays voisins comme la Chine
Japon : Le rejet controversé en mer de l’eau de Fukushima
Cécile De Sèze

C.d.S

C’est un plan qui inquiète grandement les Japonais ainsi que les pays voisins de l’archipel nippon. Le gouvernement japonais a décidé de débuter dès jeudi le rejet en mer de l’eau traitée provenant de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima. Validé en juillet par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), le projet rencontre toutefois de vives oppositions. 20 Minutes fait le point.

Quel est le plan ?

L’opération doit durer des décennies. Tokyo compte déverser dans l’océan Pacifique, après traitement, plus de 1,3 million de tonnes d’eau stockée sur le site arrivé à saturation de la centrale de Fukushima Daiichi, ravagée par le tsunami du 11 mars 2011 dans le nord-est du Japon.

Issue de la pluie, des nappes souterraines ou des injections nécessaires pour refroidir les cœurs des réacteurs nucléaires entrés en fusion en 2011, cette eau a été filtrée mais le tritium, un radionucléide qui n’est dangereux pour l’homme qu’à très hautes doses concentrées, n’a pas pu être éliminé.

Combien de litres par jour ?

Tepco prévoit un rejet dans l’océan de 500.000 litres par jour maximum, et avec une dilution pour réduire le niveau de radioactivité de l’eau tritiée. L’AIEA a estimé en juillet que le rejet n’aurait qu’un impact « négligeable » sur la population et l’environnement.

Des centrales nucléaires du monde entier rejettent depuis des décennies du tritium dans l’eau, sans qu’un quelconque impact sur l’environnement ou la santé ait été identifié, a rappelé à l’AFP Tony Hooker, un spécialiste des radiations de l’université d’Adélaïde (Australie).

Opposition des pêcheurs et des ONG

Des organisations environnementales ont cependant critiqué le plan japonais, Greenpeace accusant le gouvernement nippon de « minimiser les risques de radiation ». Le gouvernement japonais rencontre aussi l’opposition des pêcheurs. « Nous sommes toujours opposés au rejet de l’eau », a pour sa part déclaré Masanobu Sakamoto, le représentant de l’industrie de la pêche nippone, après avoir rencontré le Premier ministre, assurant lui avoir dit que les pêcheurs maintiendraient cette position. « Je lui ai dit que la sécurité scientifique n’équivaut pas nécessairement à un sentiment de sécurité dans la société. On craint des dommages pour la réputation des produits » une fois le rejet commencé, a-t-il ajouté.

Inquiétude des voisins

Et pour cause. La Chine - vers laquelle un quart des exportations japonaises de produits de la mer étaient destinées en 2022 - a déjà décidé en juillet d’interdire les importations de denrées alimentaires en provenance de dix départements japonais, dont celui de Fukushima, et instauré des tests de radiation sur les denrées provenant du reste du Japon. « L’océan est la propriété de toute l’humanité, ce n’est pas un lieu où le Japon peut arbitrairement rejeter de l’eau contaminée », a fustigé mardi devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin.

De son côté, le chef de l’exécutif de Hong Kong, John Lee, a réagi mardi à l’annonce du début du rejet des eaux. « La sécurité alimentaire et la santé publique à Hong Kong sont les priorités essentielles du gouvernement de Hong Kong », a-t-il écrit sur Facebook. « J’ai immédiatement donné l’instruction […] aux ministères concernés d’activer des mesures de contrôle des importations pour protéger la sécurité alimentaire et la santé publique à Hong Kong. »

La population sud-coréenne s’inquiète également. En juillet, des manifestants ont investi le centre de Séoul pour dénoncer l’examen, selon eux, « insuffisant » de l’AIEA alors que Rafael Grossi rencontrait le ministre des Affaires étrangères Park Jin. Ils brandissaient des pancartes critiquant l’AIEA et l’accusant d’avoir écrit son rapport « sous l’influence du Japon ».

Tout comprendre à l'incident de Fukushima

Pyongyang dénonce également de son côté « le comportement déraisonnable de l’AIEA qui soutient et facilite activement le rejet projeté par le Japon d’eau polluée par le nucléaire, ce qui est inimaginable », dans un communiqué du ministère de la Protection de l’environnement. Ce rejet de l’eau aura « un impact négatif fatal sur les vies humaines, la sécurité et l’environnement écologique », s’inquiète le régime nord-coréen.