SANTÉLe gouvernement envisage d’augmenter les franchises médicales en 2024

Le gouvernement envisage d’augmenter les franchises médicales, les patients et médecins outrés

SANTÉLe gouvernement envisage de doubler les montants de franchise et relever les plafonds annuels
Aujourd'hui, chaque Français paie de sa poche une franchise de 50 centimes d'euro sur chaque boîte d médicaments achetée. (Photo d'illustration)
Aujourd'hui, chaque Français paie de sa poche une franchise de 50 centimes d'euro sur chaque boîte d médicaments achetée. (Photo d'illustration) - Pixabay / Pixabay
20 Minutes avec agences

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En quête d’économies pour son prochain budget, le gouvernement envisage sérieusement d’augmenter les franchises médicales. Les représentants des patients et des médecins sont vent debout contre la mesure qui « ne redressera pas le système » selon eux.

La franchise médicale désigne le reste à charge de 50 centimes que payent les assurés sur chaque boîte de médicaments ou acte paramédical. Invitée ce mercredi sur France Bleu pour sa rentrée médiatique, la Première ministre a confirmé que la hausse des franchises médicales faisait « partie des pistes » pour les économies budgétaires en 2024.

Des patients déresponsabilisés ?

« Il ne s’agit évidemment pas d’empêcher les gens de se soigner », a nuancé Élisabeth Borne, assurant vouloir protéger les personnes « vulnérables, très modestes » ainsi que les patients ayant des pathologies lourdes ou chroniques. Mais la France consomme « plus de médicaments » que ses voisins, a-t-elle tout de même rappelé.

Le gouvernement prépare depuis le printemps les esprits à cette probable hausse. La « quasi-gratuité » des médicaments peut conduire à « déresponsabiliser le patient », jugeait ainsi en juin le ministre de l’Economie Bruno le Maire. Mais en pleine inflation et crise du pouvoir d’achat, la mesure est risquée. « Je comprends [que] tout ce qui pèse sur le pouvoir d’achat » préoccupe les Français, a déclaré le ministre de la Santé Aurélien Rousseau, sans toutefois remettre en cause la mesure.

Des montants doublés et des plafonds relevés

Créée en 2008 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, cette franchise n’a pas changé depuis : 50 centimes par boîte de médicament et acte paramédical (kiné, soins infirmiers) et 2 euros par transport sanitaire, avec un montant plafonné à 50 euros par an et par assuré, au-delà duquel tout est remboursé. Selon Les Echos, le gouvernement veut désormais doubler les montants.

Ce relèvement pourrait aussi concerner la « participation forfaitaire » qui s’applique chez le médecin, qui passerait de 1 à 2 euros, une autre enveloppe plafonnée aussi à 50 euros annuels. Le gouvernement envisage aussi d’étendre la franchise aux dispositifs médicaux comme les pansements ou béquilles, jusqu’alors exemptés. Enfin, un doublement des plafonds annuels est à l’étude. Le gain potentiel s’élève à plusieurs centaines de millions d’euros, jusqu’à 1,5 milliard en cas de relèvement des plafonds.

« Ce n’est pas la santé publique qui compte »

« Je suis choqué de telles pistes en pleines vacances, sans aucune concertation, qui ciblent directement les malades », a réagi le président de France Assos Santé, Gérard Raymond auprès de l’AFP. Il juge « très dommageable » qu’Élisabeth Borne ait définitivement rejeté la piste d’une hausse des taxes sur l’alcool, des produits « extrêmement dangereux pour la santé ».

« Dans ces choix très politiques, on voit bien que ce n’est pas la santé publique qui compte », a abondé la présidente du syndicat de médecins MG France, Agnès Giannotti. S’attaquer aux franchises « est totalement inégalitaire » et revient à « faire payer les plus modestes, les plus malades », selon elle. Si certains sont exonérés, « tous ceux qui sont à peine au-dessus des seuils », déjà frappés par l’inflation, risquent de « renoncer aux soins », a-t-elle averti.