VOTRE VIE, VOTRE AVISCes automobilistes qui préfèrent rouler sur la voie du milieu et assument

Autoroute : « Je ne vois pas le problème… » Ces automobilistes qui préfèrent rouler sur la voie du milieu

VOTRE VIE, VOTRE AVISRouler en permanence sur la voie centrale sur les routes à trois voies est une pratique courante mais non autorisée. Des automobilistes sollicités par « 20 Minutes » assument. Et de nombreux autres s’agacent
Chassé-croisé estival sur l'autoroute A8, à Cagnes-sur-Mer (illustration).
Chassé-croisé estival sur l'autoroute A8, à Cagnes-sur-Mer (illustration). - Syspeo/Sipa / SIPA
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Le Code de la route français oblige à rouler à droite en marche normale, même sur des routes à trois voies.
  • Sollicités par 20 Minutes, des lecteurs reconnaissent qu’ils préfèrent squatter la voie centrale. Et s’expliquent.
  • Certains avancent un argument sécuritaire, d’autres avouent qu’ils pensaient que la voie de droite était réservée aux véhicules lents.

Ce week-end est considéré comme le dernier grand chassé-croisé routier des vacances d’été. Et nul doute que les amoureux de la voie centrale seront encore nombreux à se distinguer. Vous savez, ces automobilistes qui, imperturbables, décident d’effectuer leur trajet en restant calé bien au milieu sur les routes à trois voies, généralement une autoroute. Qu’importe si la file de droite est vide, ils poursuivent leur chemin au centre. Plutôt répandu, ce comportement est pourtant strictement interdit par le Code de la route. Celui-ci stipule que la conduite s’effectue toujours sur le bord droit de la chaussée, sauf en cas de dépassement (par la gauche uniquement rappelons-le au passage). Nous avons interrogé nos lecteurs sur cette drôle d’habitude. Et à en croire les nombreuses réponses reçues, le sujet ne laisse pas insensible.

Il y a d’abord les centristes qui s’assument. Comme Hamid, 70 ans : « C’est pour éviter tout obstacle sur la ligne de droite. Par exemple une panne ou un accident ». Ou Paul, 43 ans : « C’est tout de même bien plus confortable de rester au milieu. On double tous les camions sans prendre de risque. On ne craint pas le véhicule qui déboule dans son angle mort. » « Cela me permet d’éviter de faire des zigzags », abonde Jacques, 71 ans. Laurent, 50 ans, revendique une conduite « à l’américaine » où « chacun choisit sa voie en fonction de ses capacités ou de son type de véhicule ». « Au milieu j’ai une meilleure visibilité et aussi une meilleure sécurité. Ça me permet aussi d’éviter les usagers rentrant sur l’autoroute. J’ai le choix d’évitement entre la gauche ou la droite en restant à la vitesse maximale autorisée », justifie-t-il.

« Je pensais qu’on avait le choix »

« Franchement, je ne comprends pas pourquoi ça semble gêner autant de personnes. Si on roule à la bonne vitesse je ne vois pas le problème. Je pense même que c’est plus sûr pour tout le monde », est convaincu Jérémy, 38 ans. Denis, 34 ans, avance le même argument sécuritaire. Pour lui, la voie de droite devrait être réservée aux « camions, camping-cars, véhicules lents ou surchargés », la voie du milieu à « monsieur tout le monde qui roule à 130 » et celle de gauche aux « crétins en Audi qui se sentent obligés de doubler avec le clignotant gauche en fonction ». « Dans le monde réel où la qualification et le niveau d’attention des conducteurs sont excessivement bas, cette répartition est nettement plus efficace que la règle établie, estime-t-il. Ne pas comprendre ça, c’est refuser de voir les comportements actuels des conducteurs : 700.000 sans permis, alcool, stup, smartphone, inattention… Exiger de ces conducteurs la réalisation de toutes ces manœuvres et des contrôles associés, c’est juste irresponsable. »

Parmi les adeptes de la voie centrale, il y a aussi ceux qui se réfugient derrière une méconnaissance, avouant qu’ils ignoraient que rester au milieu n’était pas autorisé. « Je pensais au contraire qu’il fallait laisser la voie de droite aux véhicules lents », confie Cerise, 31 ans. « Je croyais qu’on avait le choix de rouler au milieu puisque sur l’autoroute il y a souvent des camions à droite. Pour moi, les trois voies se justifient comme ça », s’étonne également Sébastien, 42 ans. D’autres remettent en doute la lecture du Code de la route. « Je n’ai jamais entendu parler d’une contravention pour quelqu’un squattant la voie du milieu. Je pense que c’est un point du Code de la route qui mériterait d’être éclairci », ajoute Cerise. « La réglementation devrait autoriser de rester sur la bande de gauche si on roule à la vitesse maximale autorisée. Finis les excès de vitesse », insiste Ronald, 70 ans.

« Il faudrait créer un nouveau panneau »

Mais les contributions les plus nombreuses reçues par 20 Minutes émanent d’automobilistes agacés, voire franchement énervés, par cette pratique. Les fanas de la voie centrale se voient affublés de qualificatifs plus ou moins fleuris, notamment d'« égoïstes ». « Faisant 60.000 km par an pour mon travail, je rencontre fréquemment ce genre d’individus. J’adorerais que ces gens-là soient suivis par la voiture bleue au gyrophare. C’est presque plus dangereux qu’un excès de vitesse. » Cette fois encore, l’argument sécuritaire est souvent brandi. « Lorsque qu’il faut doubler ce genre d’énergumène, on est obligé de couper deux voies pour ne pas se mettre soi-même en tort en doublant par la droite ! Ce qui rajoute du danger alors qu’il n’y a pas lieu », explique Romain, 37 ans, résumant un peu la pensée générale de son camp. « Cette attitude peut engendrer de forts ralentissements », ajoute Roberto.

Beaucoup déplorent l’absence de contrôles et de sanctions. « Ce comportement n’est pas suffisamment réprimandé par les forces de l’ordre, peste Alain, 64 ans. Il faudrait soit créer un nouveau panneau rappelant qu’en France on doit rouler à droite, soit peindre à intervalles réguliers une signalisation horizontale invitant les automobilistes à se rabattre. » Le refus de se rabattre sur la voie de droite peut engendrer une contravention de deuxième classe, soit une amende de 35 euros, sans perte de points.