ReportageA Nantes, ces ados passent une partie de leurs vacances avec la gendarmerie

SNU: A Nantes, ces ados passent une partie de leurs vacances avec les gendarmes

ReportageUne vingtaine de jeunes volontaires ont choisi de passer la semaine à découvrir les métiers de la gendarmerie dans le cadre de la phase 2 du service national universel (SNU)
Les adolescents ont notamment assisté à des démonstrations de maître-chiens parfois spectaculaires.
Les adolescents ont notamment assisté à des démonstrations de maître-chiens parfois spectaculaires. - F.Brenon/20Minutes / 20 Minutes
Frédéric Brenon

Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Le service national universel (SNU) est un dispositif gratuit adressé aux jeunes volontaires âgés de 15 à 18 ans.
  • Pour être validé, il se déroule en deux phases. La première se traduit par un séjour de cohésion de 15 jours. La seconde nécessite d'effectuer une mission d'intérêt général dans une administration ou une association.
  • A Nantes, 22 jeunes passent la semaine à découvrir les services de la gendarmerie, dans le cadre de leur phase 2.

«C’était franchement impressionnant. Je ne pensais pas que le chien pouvait être aussi efficace », s’étonne Nolan, 17 ans. « Ce n’est pas tous les jours qu’on peut assister à ça, on se sent privilégié », renchérit Amaury, 16 ans, après deux bonnes heures de démonstrations et questions-réponses avec des maîtres-chiens. Comme la vingtaine de lycéens qui les accompagne, les deux garçons auraient pu choisir de profiter des vacances en allant à la plage ou en enchaînant les parties de jeux vidéo. Pourtant, à dix jours de la rentrée scolaire, ces ados originaires de Loire-Atlantique ont préféré passer la semaine entière à découvrir les métiers de la gendarmerie. Une « mission d’intérêt général » qui entre dans le cadre de la deuxième phase du service national universel (SNU).

Réservé aux volontaires âgés de 15 à 18 ans, ce dispositif gratuit lancé par l’Etat en 2019 vise à « émanciper les jeunes » et « développer une culture de l’engagement ». La phase 1, la plus connue, prend la forme d’un séjour de cohésion de deux semaines hors du département de résidence. La phase 2, indispensable pour valider son SNU, nécessite de s’engager pendant 84 heures dans une administration, un établissement de santé ou une association. Nolan et Amaury pouvaient solliciter un stage à la SPA ou aux Restos du cœur, par exemple. Ils ont demandé la gendarmerie.

« Pour le CV, c’est pas mal je pense »

« Je ne souhaite pas particulièrement devenir gendarme mais j’étais curieuse de découvrir ça de plus près. Je ne suis pas déçue pour l’instant », raconte Adèle, 17 ans, qui, à la base, s’est lancée dans le SNU sur les conseils d’une amie. « C’est une profession qui pourrait m’intéresser, j’avais donc envie de tester », explique Léa, 16 ans. Le benjamin de la bande, Loan, n’est pas là non plus par hasard puisqu’il est attiré par l’armée et se dit que ce SNU « serait un plus pour l’avenir ». L’aîné, Paul, 18 ans, avoue, lui, avoir été inscrit au départ par sa mère contre son gré. « Mais bon je ne regrette pas au final. On apprend des choses et on fait des rencontres sympas. Et puis pour le CV, c’est pas mal je pense. »

Les adolescents dorment cette fois au domicile familial mais sont attendus chaque matin, à 9 heures, à la caserne de Nantes. Au programme : échanges avec différentes unités (peloton de surveillance et d’intervention, escadron départemental de sécurité routière, GIGN…), rencontre avec des magistrats, marche sportive et même une initiation au tir. « Le GIGN, ça m’a marqué », confie Lisa, 17 ans.

Exercice de la brigade cynophile de la gendarmerie nationale devant des volontaires du SNU en Loire-Atlantique.
Exercice de la brigade cynophile de la gendarmerie nationale devant des volontaires du SNU en Loire-Atlantique. - F.Brenon/20Minutes

Sans surprise, la rencontre avec l’équipe cynophile, mercredi, a également suscité beaucoup d’intérêt. Les exercices de mordant et de pistage (recherches de produits stupéfiants, de billets de banque et de produits inflammables) ont particulièrement plu aux ados, tout comme la multiplication des anecdotes. « Notre un rôle est un peu à part dans la gendarmerie puisque nous travaillons en appui des autres unités, expose à l’assistance Gaël, maître-chien depuis 11 ans. C’est aussi un métier passion avec des contraintes qu’il faut connaître. Mais, même si les places sont rares, devenir maître-chien est possible pour tout le monde à partir du moment où on est motivé. » « Ça donne confiance », apprécie Adèle. « On a pu discuter avec des femmes qui sont chefs. Ça donne du courage. On se dit qu’on peut y arriver nous aussi », complète Lisa.

« Peut-être des vocations, peut-être pas »

« Ces jeunes viennent de tout le département, pas forcément des mêmes milieux, mais tous sont volontaires donc motivés, observe Jean-Bernard Simonin, président des Cadets de la gendarmerie, l’association qui organise cette phase 2. Cette expérience suscitera peut-être des vocations, peut-être pas. L’objectif c’est surtout de les aider à grandir en leur ouvrant les yeux sur le monde. »

Les jeunes volontaires n’ignorent pas que le SNU est également critiqué. On lui, reproche, notamment, des penchants militaristes. « J’ai effectivement des copines qui critiquent beaucoup le SNU », regrette Lou. « On n’est pas toujours bien vu, considère Amaury. J’ai des amis à qui il faut expliquer qu’on n’est pas forcément de droite quand on fait le SNU. Ils ne comprennent pas trop ce que je fais là pendant les vacances. Mais d’autres sont à l’écoute, posent des questions et ont envie de venir maintenant. » Le coût élevé de la première phase du SNU est également pointé du doigt. La phase 2, en revanche, s'effectue sans financement public, obligeant les associations partenaires à trouver des fonds privés.

La volonté du gouvernement de généraliser le SNU en l’incluant au temps scolaire à partir de 2024 suscite, elle aussi, des interrogations sur son possible caractère obligatoire. Près de 40.000 jeunes sont engagés dans un service national universel en 2023.