« Un tuto en ligne, ce n’est pas aussi pratique »… Cloch réinvente le livre de recettes de cuisine

Il y a l’école « pages de magazines découpées et stockées dans une boîte à chaussures ». La team classeur à pochettes plastifiées. Ou les flasheurs, qui photographient les recettes et les conservent dans un album numérique. Quand il s’agit de conserver les recettes qu’on envisage de faire ou de refaire, l’inventivité n’a pas de frontière mais aucune ne peut rivaliser avec le livre de cuisine

Véritable star de l’édition depuis quelques années, le livre de recettes a désormais son salon en avril à Paris et ses stars, comme Cyril Lignac ou le journaliste François-Régis Gaudry qui captent une part importante de ce secteur en plein boom, représentant plus de 10 % du chiffre d’affaires du secteur de l’édition. Avec ses livres de recettes personnalisables, Alexia Chazot veut sa part du gâteau. La cofondatrice de Cloch livre la recette de ses livres personnalisables.

Comment explique-t-on le succès des livres de recettes dans un monde où l’on trouve des tutos pour tout, de l’épluchage de concombres à la cuisson de l’œuf parfait ?

Les tutoriels vidéo sont très utiles pour cuisiner. On peut aussi épingler des recettes sur Internet, les compiler sur les réseaux sociaux, etc. Au final, on a des recettes un peu partout et c’est bien moins pratique qu’un livre. Le papier est loin d’être mort. Les gens continuent d’en acheter énormément.

Et les maisons d’édition d’en imprimer…

Oui, car si on a, les uns et les autres, de nombreux livres chez nous, il en reste également beaucoup dans les rayonnages, qui finiront au pilon. C’est un vrai gâchis. Avec Cloch, nous avons choisi l’impression à la demande. Seuls les livres commandés sont imprimés et livrés en 4 à 7 jours.

Des livres personnalisés…

Exactement. Tous les livres de recettes qu’on trouve dans le commerce ont un fil conducteur bien précis : traditionnel, vegan, spécial barbecue. Comme beaucoup, j’en cumulais des dizaines mais je ne faisais jamais l’intégralité des plats. D’où l’idée de miser sur la personnalisation… Nos clients sélectionnent les recettes qu’ils veulent réunir dans une base de données de plus de 400 recettes, complétée chaque mois. Ils choisissent la couverture et le titre du livre pour en faire le livre de recettes idéal.

C’est quoi le livre de recettes idéal ?

Un livre qui allie l’utile à l’agréable. Il doit rassembler les recettes qu’on aime et être pensé comme un véritable objet de déco, qu’on sera fier d’exposer, à la façon de ces livres Assouline, qu’on met bien en avant sur notre table basse…

Mais personne n’osera le sortir en cuisine ?

Si, bien sûr. S’il prend quelques éclaboussures, on peut l’essuyer. Le papier est pensé pour. Et le format est vraiment rassurant. On n’a pas peur de l’utiliser.

Mais nous ne pouvons pas ajouter nos propres recettes ?

On nous pose la question tous les jours et on travaille dessus mais on veut garder la main sur le design pour garder notre identité… Pour valider ce modèle de la personnalisation, qui n’existait pas en cuisine, il fallait commencer par un bout. On se lance avec des recettes d’auteurs, de qualité, travaillées pour être à portée de tous. L’ajout de recettes personnelles viendra dans un deuxième temps…

En mars, le Viandier de Taillevent, considéré comme le plus ancien livre de recettes a été proposé à la vente pour plusieurs centaines de milliers d’euros. D’où vient cet enthousiasme pour un type de livres longtemps cantonnés au rang d’usuels ?

La cuisine, c’est un cadeau qui se partage, surtout en France. Elle est au cœur de nos valeurs. Elle nous rassemble entre amis, en famille. Un livre de recettes, c’est tout ça à la fois. C’est un héritage précieux qu’on est tous heureux de transmettre…