TémoignagesLe réalisateur Philippe Garrel accusé de violences sexuelles

Le réalisateur Philippe Garrel accusé de violences sexuelles

TémoignagesDes comédiennes dénoncent dans « Mediapart » des propositions sexuelles lors de rendez-vous pour des rôles et des baisers non consentis
Philippe Garrel reçoit l'Ours d'argent du meilleur réalisateur pour le film « Le grand char », à Berlin, en Allemagne, samedi 25 février 2023.
Philippe Garrel reçoit l'Ours d'argent du meilleur réalisateur pour le film « Le grand char », à Berlin, en Allemagne, samedi 25 février 2023. - Markus Schreiber/AP/SIPA / SIPA
Diane Regny

D.R.

«Je ne peux pas faire le film si je ne couche pas avec toi. » Le réalisateur français avait fait l’actualité fin février, après avoir reçu à la 73e Berlinale l’Ours d’argent du meilleur réalisateur pour son film Le Grand Chariot. Philippe Garrel se retrouve de nouveau en pleine lumière mais, cette fois-ci, pour des accusations de cinq comédiennes et de plusieurs anonymes.

Ces dernières dénoncent, dans les colonnes de Mediapart, des propositions sexuelles lors de rendez-vous pour des rôles et des baisers non consentis. Le site d’actualité a recueilli dans son enquête les témoignages des comédiennes Anna Mouglalis, Clotilde Hesme, Marie Vialle et Laurence Cordier ainsi que ceux d’anciennes élèves du réalisateur au Conservatoire.

Un rôle contre des faveurs sexuelles

L’actrice Marie Vialle explique ainsi que durant ses classes au Conservatoire, Philippe Garrel lui aurait proposé d'« écrire un film pour elle ». La jeune femme, âgée alors d’une vingtaine d’années, se rend à plusieurs rendez-vous professionnels avec le réalisateur. Lors de leur dernier rendez-vous, l’homme aurait essayé de l’embrasser et prononcé cette phrase : « Je ne peux pas faire le film si je ne couche pas avec toi ».

« Je me souviens lui avoir expliqué que, comme beaucoup de réalisateurs de la Nouvelle Vague, j’aimais tourner avec la femme dont j’étais amoureux et la filmer. J’ai peut-être essayé de l’embrasser, je ne m’en souviens pas, mais elle m’a très certainement éconduit, puisque c’est précisément à ce déjeuner que j’ai compris qu’elle n’était pas du tout attirée par moi. », se justifie le réalisateur.

Pas de plainte et une « prise de conscience »

La comédienne Anna Mouglalis explique que, lors d’un rendez-vous sur un long métrage qui devait traiter du désir féminin, le réalisateur aurait profité de son passage aux toilettes pour s’allonger sur son lit. Une version que Philippe Garrel dément, expliquant avoir eu « un malaise » dans la cuisine de la comédienne qui l’a poussé à s’allonger « vingt minutes avant de rentrer » chez lui. Le monument de la Nouvelle Vague affirme qu’il ne lui est « jamais arrivé d’embrasser une femme contre son gré ».

Pourtant, sur les cinq comédiennes qui témoignent publiquement dans Mediapart, quatre relatent des tentatives de baisers non consentis. Aucune plainte n’a été déposée à l’encontre du réalisateur qui évoque une « prise de conscience » face aux témoignages. « Je réalise la différence entre ce que j’imaginais alors et ce que je leur ai fait vivre. J’avais déjà pris conscience de la culture qui m’a façonné, et cela a ouvert en moi une remise en question », assure-t-il.

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