sexeTremblements, rires, pleurs… Les réactions bizarres après l’orgasme

Tremblements, pleurs, éternuements… Pourquoi après l’orgasme, notre corps a-t-il parfois des réactions bizarres ?

sexeSi l’orgasme est bien connu pour donner sommeil, cette décharge intense de plaisir peut causer d’étranges réactions de notre organisme
Après l'orgasme, le corps peut réagir de manière bizarre.
Après l'orgasme, le corps peut réagir de manière bizarre. - PULSE/SIPA / SIPA
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

L'essentiel

  • Après un rapport sexuel, certaines personnes observent des réactions bizarres dans leur corps.
  • Tremblements, rires et larmes comptent parmi les effets farfelus de l'orgasme.

Un plaisir infini, complet, qui emplit de joie, de sérénité, et qui donne sommeil. Les personnes ayant une sexualité les auront reconnus : ce sont les effets agréables de l’orgasme, point d’orgue (ou pas, c’est O.K. aussi) d’un rapport sexuel.

Mais certaines personnes peuvent expérimenter d’autres effets plus farfelus, tels que des larmes, des tremblements ou encore des éternuements. Des réactions imprévisibles de l’organisme après l’amour que 20 Minutes décrypte pour vous.

Rire ou pleurer, voire les deux

Un fou rire irrépressible, ou une montée de larmes incontrôlable : il arrive parfois que certaines personnes perdent un peu la maîtrise de leurs réactions juste après avoir joui. Pourquoi ? « L’expérience orgasmique, pour les hommes comme pour les femmes, est fondamentalement émotionnelle, et se situe après un moment de tension généralement, explique Alain Héril, sexothérapeute et auteur de l’ouvrage L’orgasme thérapeutique, Quand le plaisir chasse la douleur (éd. Grancher). Elle peut être présente avant la relation sexuelle mais aussi pendant, où l’on est dans une forme de tension tant physique qu’émotionnelle. Et quand tout cela se relâche au moment de l’orgasme, les émotions contenues vont se délivrer ».

Le rire laisse entendre que l’on a accédé à quelque chose de joyeux. Mais les larmes ne sont pas nécessairement un signe de tristesse, souligne-t-il. « Cela peut signifier que quelque chose en soi s’est suffisamment relâché pour qu’il y ait cet état de détente absolue, au point d’être submergé par un éventail d’émotions ».

En outre, « d’un point de vue neurophysiologique, on sait que l’orgasme libère dans le cerveau des hormones, des endorphines telles que la sérotonine, l’ocytocine et la dopamine, ce qui crée un grand "shoot hormonal" », poursuit le sexothérapeute. Alors pourquoi plutôt les larmes ou le rire ? « Il n’y a pas vraiment de raison particulière, d’ailleurs il peut y avoir les deux, l’un après l’autre ou un peu en même temps. Tout le registre émotionnel est convoqué. Et c’est une très bonne chose : c’est très équilibrant pour l’activité cérébrale ».

Soulager la migraine, ou au contraire donner mal à la tête

Le bien-être éprouvé avec l’orgasme peut soulager une crise de migraine. « Dans ce cas, l’orgasme a plutôt une fonction de rééquilibrage chez les personnes migraineuses, qui ont des soucis de circulation sanguine intracrânienne, indique Alain Héril. C’est pourquoi on prend du paracétamol ou de l’aspirine, qui va fluidifier le sang et ainsi soulager la douleur. De la même manière, l’orgasme peut faire l’effet d’un médicament antidouleur en régulant le flux sanguin, soulageant ainsi la migraine ».

Chez d’autres, la jouissance peut au contraire déclencher de violents maux de tête, ou céphalées orgasmiques. « Deux variétés de céphalées ont pu être distinguées à partir des antécédents cliniques. La première, se développant à mesure que l’excitation sexuelle augmente, présente les caractéristiques d’un mal de tête dû à une contraction musculaire. La seconde, sévère, lancinante ou "explosive", survenant au moment de l’orgasme, est vraisemblablement d’origine vasculaire, associée à un état circulatoire hyperdynamique », rapporte un article publié en 1976 dans le Journal of Neurology, Neurosurgery and Psychiatry, dans le cadre d’une étude menée par des scientifiques australiens. Des céphalées spécifiques qui toucheraient davantage les hommes que les femmes, et pour lesquelles des traitements médicamenteux existent.

Eternuer après l’amour

Si nombreux sont ceux et celles qui rejoignent vite les bras de Morphée après l’orgasme, d’autres sont pris de crises d’éternuements. « Une réaction curieuse jusqu’ici sous-estimée, et qui pourrait être beaucoup plus courante que prévu », soulignent les auteurs d’une étude publiée dans le Journal of the royal society of medicine.

Par quel mécanisme éternuer irait de pair avec le fait de jouir ? « Nous supposons qu’une stimulation du système nerveux parasympathique pourrait être un mécanisme sous-jacent expliquant ce phénomène ». Les chercheurs, citant notamment le cas d’un homme de 69 ans se plaignant d’éternuements sévères immédiatement après l’orgasme, avancent l’idée selon laquelle le phénomène serait « dû aux similitudes entre le tissu érectile du nez et celui du pénis ».

Des tremblements dans les jambes

Parmi les bizarreries que notre corps peut expérimenter, il arrive fréquemment d’avoir les jambes qui tremblent après un rapport sexuel. Il s’agit surtout d’une réaction à l’effort physique fourni et à la jouissance atteinte. « Cela a à voir avec la détente musculaire, le relâchement total du corps après, indique Alain Héril. La montée orgasmique se manifeste aussi par une certaine tension musculaire, de nombreux points du corps se contractent. Ainsi, après l’orgasme, dès que la tension se libère, cela libère aussi toute l’électricité statique qu’il y a dans le corps. Au point de causer des crampes chez certaines personnes ».

Avoir des spasmes similaires à une crise d’épilepsie

Réaction plus inattendue : certaines personnes souffriraient d’orgasmolepsie : des crises similaires à des crises d’épilepsie. « Ce n’est pas farfelu, répond Alain Héril. Des travaux ont été menés récemment sur ce qu’il se passe dans le cerveau au moment de l’orgasme, et les scientifiques ont observé par IRM que l’activité électrique neuronale peut être modifiée d’une manière similaire à celle que cause une crise d’épilepsie, mais aussi de spasmophilie ».

L’orgasme pourrait-il ainsi causer une épilepsie ? « Pas vraiment, estime le sexothérapeute. Est-ce que des personnes ayant un terrain épileptique expérimenteraient, au moment de l’orgasme, une réaction cérébrale similaire à une crise d’épilepsie ? C’est possible, mais je ne dirais pas que l’orgasme crée de l’épilepsie en tant que telle ».