ingrédientsA Strasbourg, la recette du retour à l’emploi est dans la casserole

A Strasbourg, la recette du retour à l’emploi est dans la casserole

ingrédientsUne soixantaine de demandeurs d’emploi ont cuisiné avec des chefs d’Alsace, une journée organisée par Pôle emploi afin de susciter de nouvelles vocations et retrouver le chemin du travail
Présentation du métier de cuisinier pour une soixantaine de demandeurs d'emploi dans les locaux de la Cefppa à Illkirch-Graffenstaden (67) le 7 septembre 2023.
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • Pôle emploi Bas-Rhin a organisé jeudi une opération « Restaurant éphémère » au Centre européen de formation et de promotion professionnelle par Alternance pour l’Industrie hôtelière (CEFPPA), à Illkirch-Graffenstaden, près de Strasbourg.
  • Une soixantaine de personnes se sont portées volontaires pour participer à des ateliers dont l’objectif est de découvrir un secteur d’activité, la cuisine, et qui manque cruellement d’effectifs.
  • Une opération menée en partenariat avec la Fédération des chefs d’Alsace, l’occasion pour les participants de cuisiner en compagnie de professionnels, mais aussi de poser des questions et de découvrir un métier voire, pour Pôle emploi, susciter des vocations.

C’est assurément la bonne recette pour trouver un emploi dans un secteur d’activité qui n’attend que ça, celui des métiers de bouche. Les professionnels sont très demandeurs et leurs besoins sont tels qu’ils vont à la pêche aux candidats avec des évènements de sensibilisation, des démonstrations, des dégustations… Tout est bon pour susciter les vocations. Et c’est encore meilleur lorsque Pole emploi y met son grain de sel. En partenariat avec la fédération des chefs d’Alsace, Pôle emploi Bas-Rhin vient d'organiser une opération « Restaurant éphémère ». Et vu son succès, le double de participants qu’attendu, « l’opération pourrait bien être renouvelée » voire peut-être étendue à d’autres départements, se félicite Claude Rouillon, le directeur de Pôle emploi Bas-Rhin.

Au menu, ateliers cuisine, pâtisserie. Le tout orchestré par des professionnels de chaque spécialité et bien sûr de chefs d’Alsace qui ont joué de la cuillère et prodigués de nombreux conseils aux participants. Par petits groupes, ces derniers ont contribué à l’élaboration d’un plat (une ratatouille revisitée) et d’un dessert avant de passer à un atelier découverte des vins et de la mixologie. Des ateliers animés par des professionnels ayant leur propre établissement, mais aussi des professionnels devenus formateurs au Centre européen de formation et de promotion professionnelle par alternance pour l’industrie hôtelière (CEFPPA) à Illkirch-Graffenstaden, près de Strasbourg, où était organisé l’évènement.

Découvrir un métier, discuter

« La cuisine est un métier en tension. Il y a un nombre très important d’offres d’emploi, assure Claude Rouillon. Si on est cuisinier, commis de cuisine, si on a même un projet dans la restauration, on trouve du travail très rapidement. C’est un métier qui a mauvaise presse, poursuit le directeur, avec plein de clichés même s’il y a de belles émissions TV. C’est un métier qui demande du cœur, de l’exigence, de la rigueur, le respect de consignes. Mais au-delà de ça, c’est surtout un métier de plaisir, de partage, d’équipe. » Une journée donc « pour regarder ce qui se passe, poser des questions aux professionnels ». Une passion, un métier ? « Pole emploi peut accompagner une personne vers l’emploi dans tout son projet, avec une prise en charge de la formation, le maintient de l’allocation. Aujourd’hui, la découverte d’un métier, demain de l’immersion professionnelle, après-demain de la formation et après après demain avec une proposition de poste d’emploi », sourit Claude Rouillon.

Une passion, des hésitations

Une aubaine pour Mariène, qui jusqu’en juin dernier, travaillait « dans le domaine juridique ». Elle espère aujourd’hui trouver « un métier plus créatif ». Passionnée de cuisine et le plaisir de recevoir, elle s’est tout de suite portée volontaire. « C’est très intéressant de voir comment les chefs travaillent, leurs gestes techniques, c’est vraiment immersif. Mais en discutant, ça n’a pas l’air évident pour une femme, avec les horaires, les enfants, etc. Je crois qu’à un certain âge, c’est plus difficile », avance Mariène, 36 ans. « J'ai l’impression que c’est un métier passion et que c’est bien de s’y engager dès la sortie du collège, du lycée car plus tard c’est un peu plus difficile de prendre le train en marche. », avance encore celle qui évoque « un déclic » : « je vais voir, je ne ferme pas la porte. »

L’âge, cela semble aussi un frein ressenti par Abdel Aziz, 51 ans : « à un certain âge, la cuisine, c’est surtout une passion, un plaisir. J’adore cuisiner, mais on nous a mal orientés quand j’étais à l’école. Dommage, ça m’aurait botté de faire ce métier, mais maintenant, ça serait plutôt de me lancer dans une affaire, entourée d’une bonne équipe. »

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Un métier contraignant mais qui a pourtant « beaucoup évolué, changé ces dernières années et c’est bien », défend Jean-Paul Acker, de la fédération des chefs d’Alsace et chef de cuisine de la Cheneaudière à Colroy-La-roche (Bas-Rhin) : « il y a des horaires difficiles, c’est vrai. Mais c’est beaucoup plus souple, on a deux jours et demi de congé au lieu de deux, on fait des journées continues pour éviter les coupures, des roulements pour les congés qui conviennent à tous, des augmentations de salaire, la possibilité de s’arranger et même la possibilité de se libérer les week-ends. Les dimanches, certains établissements sont même fermés, on s’adapte. »

De quoi finalement, entre deux bouchées, donner le sourire à la soixantaine de volontaires qui s’est levée tôt pour se mettre aux fourneaux.