Vin, je t’emmène...« Il va en rester »… Des grappes de raisin de taille record en Champagne

« Il va sûrement en rester »… Des grappes de raisin de taille record en Champagne

Vin, je t’emmène...Les vendanges ont débuté ce mercredi en Champagne. Avec une bonne nouvelle : la récolte s’annonce très abondante avec des grappes d’un poids moyen record, autour de 220 grammes
Les grappes de raisin dans le vignoble champenois atteignent un poids record cette année : 220 grammes en moyenne !
Les grappes de raisin dans le vignoble champenois atteignent un poids record cette année : 220 grammes en moyenne ! - Comité Champagne / Comité Champagne
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Les vendanges sont lancées. Et si les premiers coups de sécateur ont déjà été donnés dans l’Aube, l’Hérault ou dans le Bordelais, pour le blanc, la récolte du raisin devrait s’étaler jusqu’à fin septembre.
  • Pas question pour 20 Minutes et ses journalistes en régions de passer à côté de cet épisode clé, alors que mildiou (parasite mi-algue mi-champignon) frappe de plein fouet les vignobles de Nouvelle-Aquitaine ou que la canicule a éprouvé le début de la récolte.
  • Dans sa série « Vin, je t’emmène », 20 Minutes suivra de près les vendanges dans les régions de France, mettant l’accent sur l’exceptionnel. Dans ce premier numéro, Thibaut Gagnepain évoque les grains records en Champagne, où pour la majorité des 319 communes de l’appellation tout démarre ce 7 septembre

«Magnifique ! » Au milieu des vignes du domaine familial dans l’Aube, Elise Torchet ne cache pas son enthousiasme. Les vendanges ont débuté ce matin dans certaines communes de Champagne et s’annoncent déjà exceptionnelles. « La récolte sera abondante », confirme son fils Pierre-Henri sans prendre trop de risque.

Il suffit de regarder sur quelques plants de vignes pour s’en rendre compte : les grappes de raisins sont nombreuses et surtout d’une taille inhabituelle. « En moyenne ces dix dernières années, elles faisaient 160 grammes chacune. Cette fois, on est à 220-230 grammes ! », détaille le vigneron installé à Villenauxe-la-Grande. « C’est un record depuis qu’on effectue des relevés en 1956 », appuie-t-on au Comité Champagne. « Le précédent datait de 2005, avec 175 grammes. Là c’est bien au-dessus. »

Comment expliquer pareil résultat ? « A part le changement climatique, on ne voit pas », indique encore la porte-parole de l’interprofession en évoquant quand même une météo assez favorable. « On a eu l’hiver le plus sec enregistré puis un printemps assez normal en matière de pluie donc la vigne a pu pousser normalement. Et cet été, pas de grêle, pas de maladie… Fin juillet, tous les voyants étaient au vert. Ça s’est juste un peu détérioré avec les nombreuses précipitations d’août. Mélangées à la chaleur, ça a fait apparaître des foyers de Botrytis, des pourritures grises, mais rien de grave. Et le raisin a continué à grossir ! »

Si bien que les coupeurs auront le choix cette année dans les rangs. Dans certaines parcelles, ils ne devraient même pas tout prendre. Sous peine de ne pas respecter la réglementation. Le Comité Champagne a en effet fixé, pour 2023, les rendements à 11.400 kilogrammes de raisin par hectare, un peu moins que les 12.000 kg/ha de 2022. « Le but, c’est de trouver toujours un équilibre entre l’offre et la demande », explique Guillaume Doyard, récoltant-manipulant à Vertes (Marne). « Dans certaines vignes, il doit y avoir 20.000 à 25.000 kg/ha… »

« On pourra stocker plus de jus »

De quoi obliger certains propriétaires à laisser la moitié des grappes sur place ? Pas tout à fait puisque des dépassements du rendement sont autorisés. D’abord pour alimenter les réserves individuelles, jusque-là autorisées à raison de 8.000 kg/ha. Le plafond vient d’être relevé à 10.000 kg/ha par l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO). « Ça veut dire qu’on pourra stocker plus de jus et ça servira en cas de mauvaises récoltes les prochaines années », poursuit Guillaume Doyard qui prévoit aussi de prélever des raisins dans le cadre des « dépassements de rendement autorisé (DRA) ». « J’ai pour projet de faire de la fine qui servira plus tard pour du marc de Champagne ou du ratafia », précise-t-il encore, lui qui prévoit donc « de quasiment tout récolter ».

Au domaine Torchet, ce sera différent. « On va laisser les parcelles les moins belles et on a souvent du jus moins qualitatif en fin de presse. On se permettra donc de le remplacer par du jus plus qualitatif », prévoit le repreneur, qui vient de passer en bio. « Mais du raisin, il va sûrement en rester. C’est un peu dommage, c’est vrai. »

Tout savoir sur les vendanges

Les futurs consommateurs devraient leur pardonner. Surtout si le Champagne s’avère meilleur à l’arrivée ? « On ne peut pas encore le savoir, c’est trop tôt, ça ne dépend pas que de l’abondance », répond-on à l’interprofession. « Un Champagne, c’est un assemblage sur trois ans », ajoute Pierre-Henri Torchet. « Mais quand il est excellent, c’est un cumul de petits détails, dont la qualité des raisins. »

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