NON MAIS A L’EAUPourquoi le port du bonnet de bain se généralise dans les piscines

« Il n’y a pas que l’hygiène… » Pourquoi le port du bonnet de bain se généralise dans les piscines

NON MAIS A L’EAUDe plus en plus de piscines rendent le port du bonnet de bain obligatoire. Pour des raisons de propreté, mais aussi car il permettrait de faire des économies d’énergie. Explications
Le port du bonnet de bain dans les piscines se généralise (illustration)
Le port du bonnet de bain dans les piscines se généralise (illustration) - M.Libert/20 MINUTES / 20 Minutes
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • De plus en plus de piscines demandent aux baigneurs de porter un bonnet de bain pour pouvoir accéder aux bassins, comme à partir de ce lundi à la piscine Victor-Jara de Rezé, près de Nantes.
  • Une mesure d’hygiène, bien sûr, mais qui aurait aussi d’autres conséquences positives sur la santé des agents, la consommation d’eau, et même sur l’apprentissage de la nage chez les petits.

En tissu ou en silicone, uni ou à fleurs, il faudra désormais sortir son plus beau bonnet de bain pour profiter de la piscine Victor-Jara de Rezé. Comme l’ont décidé de plus en plus d’établissements en France ces derniers temps, cette piscine de l’agglomération nantaise impose aux nageurs de se couvrir la tête avant d’en piquer une, à partir de ce lundi. La propreté est la première cause avancée par la collectivité, qui mise sur la pédagogie pour inciter les usagers à changer leurs habitudes. « Nager au milieu des cheveux qui flottent n’est pas très agréable, indique Didier Quéraud, adjoint au sport. Mais il n’y a pas que l’hygiène : d’autres raisons, sanitaires et économiques, expliquent cette décision. »

Car porter ou non son bonnet de bain aurait un effet papillon (et on ne parle pas de la nage). Faisons d’abord un peu de chimie : moins de cheveux qui traînent dans l’eau, c’est moins de chloramines, ces agents oxydants produits par le chlore lorsqu’il détruit la matière organique (sueur, salive, peaux mortes, gel coiffant…) qu’il trouve dans les bassins. Et donc moins de trichloramine, ce composé volatile responsable de l’odeur caractéristique des piscines, et néfaste pour la santé des baigneurs mais, surtout, pour celle des agents. « Les maîtres nageurs sauveteurs passent parfois toute leur journée dans cette ambiance, gênante pour leur confort et leur santé », estime Didier Quéraud. Irritantes pour les voies respiratoires, les trichloramines en taux trop élevés sont aussi parfois responsables de la fermeture inopinée du bassin. « Quand on parle de service public, on parle aussi de la continuité du service. »

Moins d’eau, moins de consommation d’énergie

Mise à part nous donner un look pas terrible, le petit accessoire en latex n’aurait donc que des avantages. A l’espace nautique du Grand Chalon (Chalon sur Saône), où la mesure est appliquée depuis quelques années, l’argument environnemental est mis en avant : « Porter un bonnet de bain, c’est utiliser moins de produits chimiques et préserver l’environnement. Pour laver les filtres, il faut de l’eau. Si moins de cheveux obstruent les filtres, moins d’eau est utilisée pour les nettoyer et ils font mieux leur boulot ! » « Il y a aussi bien sûr un aspect économique, poursuit Didier Quéraud à Rezé. Nous n’avons aucune estimation réelle de ce que l’on pourrait gagner, mais on traque tout ce qui peut aller dans ce sens. »

A Saint-Lô agglo, dans la Manche, on a déjà sorti la calculette. En juillet 2022, l’agglomération rendait le bonnet de bain obligatoire dans son centre aquatique, la dernière piscine du territoire où l’on pouvait encore venir cheveux au vent. « Il était nécessaire de réduire nos consommations d’énergie, rappelle Philippe Briout, directeur général adjoint à l’agglo, en charge du pôle Enfance jeunesse et sports. Et notamment en faisant moins travailler nos filtres, et en injectant moins d’eau, par ailleurs chauffée. » Un an plus tard, les économies sont là : 30.000 euros de moins dans les charges, et des systèmes de traitement moins encrassés et donc plus performants.

Quand le port du bonnet devient une contrainte

Il faut dire qu’il y a moins de passages dans l'eau à traiter, avec une fréquentation qui a chuté avec la mise en place du bonnet. « On était à 230.000 baigneurs par an avant le Covid, on est autour de 180.000, calcule Philippe Briout, qui précise que cette chute peut aussi venir de la légère augmentation du ticket d’entrée, mise en place au même moment. Le bonnet peut donc être perçu comme une contrainte, même si d’autres usagers le trouvent rassurant. »

A Rezé, c’est la crainte de cette désaffection qui avait motivé l’équipe municipale précédente à éluder la question. Mais en 2023, après avoir vécu le Covid et alors que la nécessité d’économiser l’énergie est partout, la mairie est confiante en l’acceptation de la mesure, jusqu’à la qualifier de « tendance » et l’appliquer à tous les usagers dès l’âge de six mois. « Le bonnet de bain est une aide pour les petits qui ont leurs premiers contacts avec l’eau, révèle Didier Quéraud. Les maîtres nageurs s’aperçoivent qu’ils ne sont plus gênés par les cheveux dans les yeux, qu’ils peuvent utiliser leurs mains pour nager et non plus pour les dégager. » Les scolaires en faisaient d’ailleurs déjà usage.