DéclinBruxelles baisse ses prévisions de croissance, plombées par l’Allemagne

Bruxelles abaisse ses prévisions de croissance en Europe, plombées par l’Allemagne

DéclinLa Commission européenne table désormais sur un recul du produit intérieur brut (PIB) de 0,4 % cette année dans la première économie de l’UE, avant un rebond de 1,1 % l’an prochain
L'Allemagne souffre de la faiblesse de ses exportations et de son vaste secteur industriel, ses traditionnels points forts. (ILLUSTRATION)
L'Allemagne souffre de la faiblesse de ses exportations et de son vaste secteur industriel, ses traditionnels points forts. (ILLUSTRATION) - Michael Probst/AP/SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L’Allemagne peine économiquement, plombée par son industrie. La Commission européenne a réduit de 0,3 point ses prévisions de croissance économique pour la zone euro en 2023 et 2024, à respectivement 0,8 % et 1,3 %. Bruxelles table désormais sur un recul du produit intérieur brut (PIB) de 0,4 % cette année dans la première économie européenne, avant un rebond de 1,1 % l’an prochain, contre +0,2 % et +1,4 % attendus jusqu’ici.

L’Allemagne souffre de la faiblesse de ses exportations et de son vaste secteur industriel, ses traditionnels points forts. Les indicateurs de confiance dans l’industrie sont en baisse depuis le début de l’année, en particulier dans les secteurs énergo-intensifs, « durement touchés par le choc des prix de l’énergie » lié à la guerre en Ukraine, a souligné lundi l’exécutif européen.

« Une économie forte qui a les outils pour se redresser »

L’économie allemande est également pénalisée par la baisse du pouvoir d’achat des ménages qui affecte la consommation. « Mais la situation pourrait s’améliorer dans les mois qui viennent » et aider au retour de la croissance, a estimé le commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni, lors d’une conférence de presse.

Il a reconnu que le pays faisait face à des difficultés « structurelles » qui ne trouveraient de solution qu’à « moyen terme ». Cependant, « c’est une économie forte qui a les outils pour se redresser », a-t-il ajouté, rejetant l’expression d'« homme malade de l’Europe » récemment apparue dans plusieurs médias. Au total, la croissance se poursuit dans la zone euro et dans l’UE, mais à un rythme plus faible que prévu.

La France fait mieux que prévu

Pour l’ensemble des 27 pays membres, Bruxelles table désormais sur 0,8 % de croissance en 2023 et 1,4 % en 2024, soit respectivement 0,2 point et 0,3 point de moins par rapport aux dernières prévisions publiées le 15 mai. Pour l’Italie, la hausse du PIB se limiterait à 0,9 % en 2023 (-0,3 point). A l’inverse, la France devrait faire mieux que prévu, grâce à un fort rebond au printemps. La croissance de la deuxième économie européenne a été revue à la hausse à 1 % cette année (+0,3 point). Même chose pour l’Espagne attendue à 2,2 % (+0,3 point).

L’inflation poursuit son ralentissement. Bruxelles anticipe désormais une hausse moyenne des prix à la consommation de 5,6 % en 2023 (-0,2 point, par rapport aux dernières prévisions en mai) et de 2,9 % en 2024 (+0,1 point). Ces chiffres restent nettement supérieurs à l’objectif de 2 % défini par la Banque centrale européenne (BCE). « Les multiples vents contraires auxquels nos économies sont confrontées cette année ont entraîné une dynamique de croissance plus faible que ce que nous avions prévu au printemps », a reconnu Paolo Gentiloni, soulignant l’impact de la guerre en Ukraine.

Guerre et taux d’intérêt

« La guerre brutale de la Russie contre l’Ukraine continue de provoquer non seulement des souffrances humaines, mais aussi des perturbations économiques », a-t-il mis en avant. La Commission européenne constate que « l’activité économique dans l’UE a été faible au cours du premier semestre », en particulier dans le secteur de la consommation, signe que les prix élevés « pèsent plus lourd que prévu », malgré la vigueur exceptionnelle du marché du travail qui a enregistré des taux de chômage record.

La Commission souligne aussi l’impact des hausses de taux d’intérêt décidées par la BCE. Le fort resserrement monétaire mis en œuvre pour lutter contre l’inflation se traduit par un « net ralentissement de l’octroi de crédits bancaires », réduisant mécaniquement les capacités d’investissement des entreprises et des ménages. Les derniers indicateurs « laissent entrevoir un ralentissement de l’activité économique au cours de l’été et sur les mois à venir, avec une faiblesse persistante dans l’industrie et une perte de vitesse dans les services, malgré une forte saison touristique dans de nombreuses régions d’Europe », résume l’exécutif bruxellois.