DOUBLE VIEMédecin le jour et DJ la nuit, Attalin prend le pouls et donne le tempo

Montpellier : Médecin le jour et DJ la nuit, Vincent Attalin prend le pouls et donne le tempo

DOUBLE VIECe Montpelliérain, coordinateur de l’Unité de nutrition du CHU, court les festivals, les discothèques et les soirées privées depuis bientôt trente ans
Vincent Attalin est DJ la nuit... et médecin au CHU le jour !
Vincent Attalin est DJ la nuit... et médecin au CHU le jour ! - Cyril Cortez / Cyril Cortez
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • Vincent Attalin mène une double vie : il est médecin au CHU… et DJ !
  • Et il n’a jamais été question, pour lui, d’abandonner l’une ou l’autre de ses passions, la musique ou la médecine. « La vie, c’est des piliers, explique-t-il. Et ça, ce sont les miens. C’est une double vie plutôt facile à gérer, je ne suis pas non plus un DJ qui parcourt le monde. Bon l’été, les dates s’enchaînent un peu… »
  • Si les deux vies de Vincent Attalin sont bien cloisonnées, il est arrivé qu’en plein set, il doive porter secours à un fêtard… « Un soir, on est venu me voir, en me disant "Une personne a fait un malaise, tu ne voudrais pas venir ?" », confie-t-il.

Depuis bientôt vingt ans, Vincent Attalin mène une étonnante double vie. Le jour, il est médecin, et coordinateur de l’Unité transversale de nutrition du CHU de Montpellier (Hérault), qui prend en charge les patients souffrant de problèmes d’alimentation. Et la nuit, il est… DJ. Et pas qu’un peu. Cet été, ce sémillant quadragénaire a remporté le tremplin du Positiv Festival, qui l’a propulsé au Théâtre antique d’Orange (Vaucluse), à la fin du mois d’août. Devant plus de 15.000 fêtards, Attalin (son nom de DJ) a poncé ses platines, en s’accompagnant de percussions, son petit plus à lui. Sur la même scène que Vitalic, Martin Garrix et Orlinski. « C’était fabuleux ! », s’enthousiasme le Montpelliérain, qui se produit au Jardin des plantes, dimanche, à l’occasion du festival Magie noire*.

C’est, pourtant, un peu par hasard que Vincent Attalin a posé ses mains sur des platines, pour la première fois. « J’avais 14 ou 15 ans ! », raconte-t-il. « Mes parents m’ont proposé de passer quelques disques, pour une soirée, à l’occasion de leurs vingt ans de mariage. » Il faut dire qu’à l’époque, l’adolescent est, déjà, un féru de musique. « On chantait beaucoup, chez moi, et j’imagine que dans le ventre de ma mère, je devais déjà entendre des chansons, se marre le Montpelliérain. Quand j'étais adolescent, je me souviens que j’attendais pendant des heures et des heures qu’un titre passe à la radio pour l’enregistrer, et me faire mes petites compilations sur des K7. »

« J’ai été promu DJ du jour au lendemain ! »

Alors, ce jour-là, il n’y a rien d’étonnant que ses parents lui confient les rênes de l’ambiance musicale de leur soirée d'anniversaire. Ce qui est un peu plus étonnant, c’est « le déclic » que cette bamboche a suscité, chez cet adolescent fou de musique.

Vincent Attalin, au Positiv Festival, au Théâtre antique d'Orange.
Vincent Attalin, au Positiv Festival, au Théâtre antique d'Orange. - Cyril Cortez

« C’était excellent, se souvient-il. Ce soir-là, quelqu’un est venu me dire "C’était génial, on s’est régalé, on remet ça la semaine prochaine à la maison, et je te veux comme DJ !" C’est comme ça que j’ai été promu DJ du jour au lendemain. Et je n’ai plus jamais lâché. » Depuis cette nuit-là, l’Héraultais court les soirées privées, les festivals et les discothèques, ses platines sous le bras. Et bien sûr, quand il était un jeune étudiant en médecine, la question ne se posait même pas : quand des teufs s’organisaient, c’était lui qui mixait. « J’ai fait des soirées étudiantes dans toutes les boîtes de nuit du coin ! », sourit-il.

Ainsi, depuis de nombreuses années, ces deux passions, la musique et la médecine, laissent peu de temps libre à cet homme pressé. « Je n’ai pas vraiment le temps de prendre le temps, confie-t-il. Comme je dis souvent, je ne connais rien de ces séries télé dont tout le monde parle ! » Car en plus de ses responsabilités au CHU et de ses performances derrière des platines, ce quadragénaire est compositeur, depuis une dizaine d’années. Chaque mois, ses sons électroniques ultra-mélodieux séduisent 700 à 800 mélomanes, sur Spotify. Certains ont même été produits par de gros labels spécialisés.

« Quand une soirée termine tard, je prends ma matinée »

Mais si les journées (et les nuits) sont bien remplies, il n’a jamais été question, pour Vincent Attalin, d’abandonner l’une ou l’autre de ses passions, la musique ou la médecine. « La vie, c’est des piliers, explique-t-il. Et ça, ce sont les miens. Et puis, c’est une double vie plutôt facile à gérer, je ne suis pas non plus un DJ qui parcourt le monde. Bon l’été, les dates s’enchaînent un peu… Il faut savoir bien gérer les moments creux, le week-end, faire des siestes, se coucher tôt, etc. Et quand une soirée termine tard, je prends ma matinée, le lendemain, pour être en parfaitement en forme et à l’écoute des patients. »

NOTRE DOSSIER SUR LA MUSIQUE ELECTRONIQUE

Si les deux vies de Vincent Attalin sont bien cloisonnées, il est arrivé qu’en plein set, il doive poser son casque en urgence, pour porter secours à un fêtard qui avait tourné de l’œil… « Ça m’est même arrivé plusieurs fois, dans des soirées, raconte le Montpelliérain. Un soir, on est venu me voir, en me disant "Une personne a fait un malaise, tu ne voudrais pas venir ?" Bon, heureusement, c’était un malaise vagal, tout allait bien. » Mais tout de même : cet invité aurait pu se vanter que Last night, a DJ save my life (« La nuit dernière, un DJ m’a sauvé la vie »), en fredonnant ce hit d’Indeep, sorti en 1982. 1982… L’année où Vincent Attalin est venu au monde. « Nooon ! », s’amuse le musicien héraultais, en découvrant cet heureux hasard. « Ça, ça va faire un bon titre ! » Ou une bonne chute.

* Attalin se produira dimanche (14 heures-22 heures) au Jardin des plantes de Montpellier, pour le 10e anniversaire du festival Magie noire. Avec, aussi, le duo israélien Red Axes. Programmation complète et réservations ici.