DécèsFernando Botero, peintre et sculpteur colombien, est mort à 91 ans

Fernando Botero, sculpteur colombien de la « colombe de la paix », est mort à 91 ans

DécèsSa ville natale, Medellin, a décrété sept jours de deuil
Fernando Botero devant l'une de ses oeuvres en 2011.
Fernando Botero devant l'une de ses oeuvres en 2011. - Karl Schoendorfer//SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

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Il faisait partie de ces artistes qui consacrent leur vie entière à leur art, à offrir aux autres leur vision du monde. Célèbre pour ses personnages aux formes voluptueuses, peintre et sculpteur mondialement reconnu, le Colombien Fernando Botero est mort vendredi à l’âge de 91 ans. « Fernando Botero, le peintre de nos traditions et de nos défauts, le peintre de nos vertus, est mort », a annoncé vendredi sur le réseau X (ex-Twitter) le président colombien Gustavo Petro.

Selon sa fille Lina, Fernando Botero, né en 1932 à Medellin, dans le centre de la Colombie, est décédé à Monaco, où il résidait, à 9 heures du matin. Son état de santé s’était dégradé ces derniers jours, et il est mort des suites « d’une pneumonie ». « Il a continué à peindre jusqu’à la fin et encore samedi », a-t-elle ajouté, précisant que son père « souffrait de la maladie de Parkinson depuis plusieurs années », qui ne lui apportait pas « de tremblements », mais « il lui était difficile de marcher, de communiquer et d’avaler ».

Medellin et la Colombie en deuil

« Il est le plus colombien des Colombiens parce qu’il portait la Colombie dans son cœur en permanence. Non seulement parce qu’il se tenait au courant de l’actualité colombienne, sensible aux besoins et aux domaines dans lesquels il pouvait apporter son aide, mais aussi parce que la Colombie et ses souvenirs ont nourri son œuvre artistique », a-t-elle déclaré. Dès vendredi matin à Bogota, des badauds se sont rassemblés devant l’une des œuvres du maître, l’imposant Homme à cheval, à l’entrée d’un parc proche du centre historique de la capitale.

Les visiteurs se pressaient également avec un intérêt redoublé devant les œuvres exposées au musée Botero, à deux pas de la place de la Candelaria, dans une bâtisse coloniale espagnole abritant une centaine de ses œuvres. La presse colombienne saluait vendredi à l’unisson « le plus grand artiste colombien de tous les temps », l’artiste « universel » ou planétaire, et sa ville natale de Medellin a décrété sept jours de deuil pour « rendre hommage au maître (…) après une vie pleine d’œuvres et un héritage qui restera à jamais dans le cœur de tous les habitants » de la ville, a indiqué son maire Daniel Quintero.

« Medellin s’habillera également en différents endroits du visage de Fernando Botero », indique le service culturel de la municipalité, tandis que la ville proposera « des conférences, des lectures et des actions visant à commémorer et à exalter la vie et l’œuvre » du sculpteur. Toujours selon la municipalité, la dépouille « du maestro sera inhumée à Pietrasanta, en Italie, à côté de celle de son épouse Sophia Vari, sculptrice grecque décédée le 5 mai dernier » après 48 ans de vie commune. Un départ qui lui avait provoqué « une tristesse infinie » selon sa fille.

La colombe de la paix

Issu d’un milieu modeste, Fernando Botero s’initie à l’art très tôt et après une première exposition individuelle à Bogota dans les années 1950, il part pour l’Europe, séjournant en Espagne, France et Italie où il découvre l’art classique. Sa carrière décolle dans les années 1970 à New York, où il commence à être contacté par les plus grands marchands d’art. Les dimensions hors du commun deviendront sa marque de fabrique.

Son œuvre la plus célèbre reste La Colombe de la paix, une sculpture de bronze de 70 cm de haut offerte au président colombien Juan Manuel Santos en septembre 2016, alors que la Colombie est sur le point de signer un accord de paix historique avec la guérilla des FARC. Symbole de liberté, La Colombe de la paix va se retrouver prisonnière de la polarisation du pays. Les Colombiens sont invités à se prononcer sur les accords conclus entre le gouvernement et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) à l’issue de quatre années d’âpres négociations.

« C’est une sculpture qui va inspirer des millions de Colombiens à dire oui à la fin de la guerre », se félicitait Juan Manuel Santos lors d’une cérémonie de remise de l’œuvre. Mais le 2 octobre, le « non » l’emporte de justesse dans les urnes. Après quelques modifications du texte initial, le pacte de paix est signé en novembre de la même année. La sculpture, comme l’accord, fait depuis l’objet de controverses politiques.

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