Portrait« Je suis optimiste car le roi a promis de nous aider », pour Omar au Maroc

Séisme au Maroc : « Je suis optimiste car le roi a promis de nous aider », assure Omar du village dévasté de Tizirte

PortraitParticulièrement touchés, les villages du Haut Atlas se sont transformés en de vastes camps, installés au milieu des ruines. Malgré tout, la résilience des habitants les pousse à aller de l’avant. A Tizirte, « 20 Minutes » a rencontré Omar
Séisme au Maroc : « Je suis optimiste car le roi a promis de nous aider », assure Omar du village dévasté de Tizirt
Mikaël Libert

Mikaël Libert

L'essentiel

  • Dans la nuit de vendredi 8 septembre à samedi 9, un puissant séisme de magnitude 7 a touché le Maroc. L’épicentre de la secousse se situait dans la province d’Al-Haouz, au sud-ouest de la ville Marrakech.
  • Jeudi soir, des pompiers humanitaires du Groupe de secours catastrophe français (GSCF) se sont envolés d’Orly pour Agadir et apporter 250 kg de matériel à distribuer aux sinistrés. 20 Minutes les accompagne dans leur mission humanitaire.
  • Ce vendredi, une semaine jour pour jour après le séisme, les « pompiers humanitaires » se sont rendus dans un village presque entièrement coupé du monde. Outre la seule route devenue impraticable et l’effondrement de toutes les maisons, les habitants d’Adebdi ont aussi enterré dix des leurs.

De notre envoyé spécial au Maroc,

Grimper jusqu’à Tizirte s’avère particulièrement compliqué, même une semaine après le séisme. Ce petit village de 200 habitants se situe au bout de la piste qui part de Tirkmit pour rejoindre Adebdi, où 20 Minutes se trouvait, vendredi. Les sept premiers kilomètres peuvent se faire à pied, à dos de mule ou à mobylette, en évitant les rochers, les fissures et autres éboulis qui encombrent la route. Pour le reste du trajet, environ trois kilomètres, impossible de poursuivre à mobylette, les mules et les hommes parvenant déjà difficilement à gravir le sentier. Quelques centaines de mètres avant de pénétrer dans le village, nous croisons trois hommes qui, à l’aide de leurs mains, s’affairent à dégager le chemin. Leur tâche est fatigante, fastidieuse et presque vaine tant elle est immense. Mais ils gardent le sourire.

Construit à flanc de montagne, Tizirte ressemble davantage aujourd’hui à un éboulis rocheux qu’à un village. Les maisons traditionnelles aux murs de terre ne sont plus. Et certains édifices plus récents, comme l’école ou la mosquée, demeurent debout mais chancelants. Au milieu de ce tas de ruines, les mêmes tentes bleues que l’on voit partout, fournies par le Royaume. C’est près de l’une d’elles que nous rencontrons Omar, un père de famille de 35 ans. « Le soir du séisme, nous dormions déjà puisque les villageois se couchent tôt ici. Tout a coup, ça a tremblé, les gens ont commencé à crier et les maisons sont tombées les unes après les autres », se souvient-il. S’il est parvenu à sortir de sa maison avec sa famille, ce n’était pas le cas de tous : « Beaucoup ont compris que c’était un tremblement de terre, mais d’autres n’arrivaient pas à imaginer ce qu’il se passait et ils sont restés bloqués dans leurs maisons », poursuit Omar. Ce sont les six morts, quatre femmes et deux hommes, et les quatre blessés que compte le village. Le trentenaire nous confie aussi que les habitants ont bien dû se débrouiller seuls pour sortir les victimes des décombres.

« Nous avons perdu des proches et nos maisons, mais les maisons, ce n’est que du matériel »

Les jours qui ont suivi, autorités locales et associations sont parvenues à acheminer de l’aide aux sinistrés de Tizirte. Ils ont enterré leurs morts, pansés leurs blessures et repris le cours de leurs vies. Les femmes cuisinent sur des feux de bois à même le sol et lavent le linge à l’ancienne, dans une bassine. Les hommes, eux, montent les tentes, aménagent les lieux de vie et se tapent le dangereux trajet pour aller chercher des vivres. « Ce que l’on veut maintenant, c’est que la route soit dégagée pour que l’aide puisse arriver. Il faut aussi que l’on nous aide pour reconstruire parce que l’hiver est rude dans la montagne », demande le père de famille.

Si incroyable que cela puisse paraître, Omar estime que le village ne manque de rien aujourd’hui. Et pour la suite, il s’avoue optimiste : « Cette crise est affreuse, mais le roi du Maroc a assuré lui-même que tous les villageois victimes de cette catastrophe seraient aidés ». Une confiance en son souverain que l’on n’a pas forcément constatée auprès de toutes les personnes que nous avons rencontrées. « C’est vrai, nous avons perdu des proches et nos maisons, mais les maisons, ce n’est que du matériel, explique Omar. C’est à nous de construire notre avenir. »

Alors oui, les visages sont souriants, les enfants jouent dans les ruines et il y a toujours du thé sur le feu. Mais le drame, tellement proche, ne compte pas se faire oublier. Une réplique de 3.2 se fait ressentir lorsque nous rebroussons chemin. Sur le flanc de la montagne opposée, quelques rochers dévalent la pente. Cette fois, il n’y avait pas de village dessous.