Récap'Des causes au bilan, ce que l’on sait des inondations en Libye

Inondations en Libye : Bilan, contexte, aides… Ce que l’on sait une semaine après la catastrophe

Récap'Près de 4.000 personnes sont mortes, et au moins 9.000 sont toujours portées disparues
La ville côtière de Derna a été dévastée par la montée des eaux.
La ville côtière de Derna a été dévastée par la montée des eaux. - Karim SAHIB / AFP / AFP
20 Minutes avec AFP

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Une semaine après la catastrophe, la Libye est encore en train de se relever. Dimanche dernier, la tempête Daniel transformée en médicane faisait tomber un déluge sur la côte nord-est du pays, noyant la ville de Derna et des milliers d’habitants. Quel est le bilan humain ? Pouvait-on éviter un tel drame ? Où en est l’aide internationale ? 20 Minutes résume ce que l’on sait pour vous.

Que s’est-il passé en Libye ?

Le 10 septembre, la tempête Daniel a atteint la côte orientale de la Libye, touchant la métropole de Benghazi avant de se diriger vers l’est en direction de plusieurs villes comme Al-Bayda, mais surtout Derna, qui comptait 100.000 habitants avant le drame. En traversant la Méditerranée depuis la Grèce et la Turquie, la tempête était devenue un médicane, phénomène météorologique rare mais destructeur dont les scientifiques pensent qu’il va s’intensifier dans un monde en réchauffement. Ce terme peu connu du grand public mais régulièrement utilisé par les scientifiques et météorologues est un mot-valise formé des mots « Méditerranée » et « ouragan » (« hurricane » en anglais).

Dans la nuit du 10 au 11 septembre, les deux barrages sur le Wadi Derna, qui retiennent les eaux de l’oued qui traverse la ville, ont lâché. Des torrents puissants ont détruit les ponts et emporté des quartiers entiers avec leurs habitants de part et d’autre de l’oued, avant de se déverser dans la Méditerranée.

Quel est le bilan humain ?

Le nombre total de victimes annoncé par les autorités de l’Est du pays d’Afrique du Nord où deux gouvernements rivaux se disputent le pouvoir varie selon les responsables. Samedi, le ministre de la Santé de l’administration de l’Est de la Libye, Othman Abdeljalil, a fait état d’un bilan de 3.166 morts. L’ONU a annoncé un chiffre bien plus élevé, autour des 11.300 morts rien qu’à Derna, l’attribuant au Croissant-Rouge qui l'a aussitôt démenti.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « les corps de 3.958 personnes ont été retrouvés et identifiés », tandis que 9.000 autres sont toujours portées disparues. L’Organisation internationale des migrations (OIM) a fait état d’au moins 30.000 personnes déplacées à Derna, ainsi que 3.000 à Al-Bayda et plus de 2.000 à Benghazi, villes situées plus à l’ouest.

Ce drame pouvait-il être évité ?

Outre la violence du phénomène météorologique, les infrastructures vétustes, les constructions en violation des règles urbanistiques au cours de la dernière décennie et le manque de préparation face à ce type de catastrophe ont transformé Derna en un cimetière à ciel ouvert, selon des experts. La plupart des morts « auraient pu être évités », a estimé jeudi Petteri Taalas, patron de l’Organisation météorologique mondiale qui dépend de l’ONU. Les années de conflit en Libye ont « en grande partie détruit le réseau d’observation météorologique », tout comme les systèmes informatiques, a-t-il déclaré.

Les deux barrages à l’origine de la catastrophe présentaient des fissures depuis 1998, a indiqué samedi le procureur général libyen, Al-Seddik al-Sour, qui a ouvert une enquête. Des travaux avaient été entamés en 2010 par une société turque après des années de retard, mais suspendus quelques mois plus tard dans la foulée de la révolution libyenne de 2011, et ils n’ont jamais repris depuis, selon le procureur. La Libye est en effet plongée dans le chaos depuis la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, avec deux gouvernements rivaux, l’un reconnu par l’ONU basé dans la capitale Tripoli, à l’ouest, l’autre dans la région orientale touchée par les inondations.

Où en est l’aide internationale ?

Malgré l’incertitude politique dans le pays et des ONG déjà débordées par le tremblement de terre au Maroc, l’aide internationale promise dès le début de la catastrophe arrive et s’organise. Deux avions chargés d’aide, l’un en provenance des Emirats arabes unis, l’autre d’Iran, ont atterri à Benghazi, a constaté une journaliste de l’AFP.

L’OMS a annoncé que 29 tonnes de matériel médical étaient arrivées à Benghazi, à environ 300 kilomètres de Derna. La Finlande, l’Allemagne et la Roumanie ont envoyé de l’aide. L’Egypte voisine, la Jordanie et le Koweït ont également envoyé des avions transportant de l’aide. L’Algérie, la France, l’Italie, le Qatar, la Tunisie et les États-Unis ont également proposé leur aide. Les Nations unies ont lancé un appel de fonds de plus de 71 millions de dollars pour venir en aide aux centaines de milliers de personnes dans le besoin.