économieÇa sent bon pour la filière des plantes aromatiques en Alsace

Ça sent bon pour la filière des plantes aromatiques en Alsace

économieLe leader en France des tisanes de plantes à infusions et de thés bios, Les jardins de Gaïa, expérimente la culture des plantes aromatiques dans le Haut-Rhin avec l’espoir de créer une véritable filière en Alsace
Culture bio de souci à Ungersheim (Haut-Rhin) le 13 septembre 2023., plante à infusion pour les tisanes des Jardins de Gaïa
Culture bio de souci à Ungersheim (Haut-Rhin) le 13 septembre 2023., plante à infusion pour les tisanes des Jardins de Gaïa - G. Varela / 20 Minutes / 20 Minutes
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • L’entreprise indépendante et familiale Les jardins de Gaïa, leader en France des tisanes de plantes à infusions et de thés bios et équitables, veut relocaliser une partie des plantes à infusion qu’elle utilise pour ses tisanes en Alsace.
  • Avec ses partenaires, notamment la commune d’Ungersheim (Haut-Rhin), elle expérimente plusieurs espèces de plantes à parfum aromatiques et médicinales (PPAM) en commençant par les soucis et les bleuets.
  • L’objectif est de créer une véritable filière économiquement viable dans la région.

Les producteurs de tisanes et de thés bios ne veulent pas s’endormir sur leurs lauriers. Les jardins de Gaïa, producteur transformateur indépendant depuis près de trente ans basé à Wittisheim (Bas-Rhin), leader français en nombre de références, de tonnage et de chiffre d’affaires, s’attelle à relocaliser une filière de plantes à infusion au sud… de l’Alsace. Plus précisément dans le Haut-Rhin, dans la petite commune d’Ungersheim où un véritable réseau de soutien s’est mis en place dans un bassin habituellement voué aux cultures céréalières ou viticoles.

Dans le cadre d’une régie agricole communale sur les jardins du Trèfle rouge, terres appartenant à la commune d’Ungersheim, trois maraîchers s’emploient à cultiver bleuets, soucis, le tout évidement en bio et équitables. Des fleurs dont les pétales rentreront dans la composition des futures tisanes des Jardins de Gaïa. Et cela n’est qu’un début car seize variétés de plantes sont prévues pour l’expérimentation. Une tentative qui cependant, prudence oblige, ne bénéficie pas encore de gros investissements.

Il faut « d’abord voir comment ça prend malgré les variations climatiques, comment augmenter la rentabilité en mécanisant certaines tâches, notamment la cueillette et la récolte des pétales pour le séchage et rivaliser avec un taux horaire très différent dans certains pays étrangers », souligne Kendji, le maraîcher du Trèfle rouge. Après trois mois de cultures, la question reste entière. Même si une bonne partie de ces plantes arrivent à pousser en Alsace, créer une filière économiquement viable de Plantes à parfum aromatiques et médicinales (PPAM) bios et locales en Alsace reste, à en écouter les spécialistes, une grande aventure.

Une tentative qui sent bon pour les agriculteurs locaux car l’entreprise familiale qui souhaite se rapprocher géographiquement des filières avec qui elle travaille habituellement « écoule chaque année 230 tonnes de matières, dont un quart composé de plantes à infusions », précise Cassandre Maury, directrice générale des Jardins de Gaïa. Des plantes achetées directement auprès des producteurs, qu’ils soient individuels, des coopératives, des associations et qu’ils transforment pour produire du thé et des tisanes, plus de 650 références commercialisées…

Des soucis et des bleuets bios cultivés à Ungersheim (Haut-Rhin) le 13 septembre 2023.
Des soucis et des bleuets bios cultivés à Ungersheim (Haut-Rhin) le 13 septembre 2023. - G. Varela / 20 Minutes

Une expérimentation motivée par le souhait des Jardins de Gaïa de voir une partie de son catalogue d’achat aux 150 plantes à infusion produites en France, augmenter significativement. Actuellement, les feuilles de thé proviennent essentiellement de pays hors Union européennes (Asie, Afrique, Amérique latine). Ce qui n’est pas le cas pour les plantes à infusion. Plus de 10 % des achats des Jardins de Gaïa sont produits en France, en fonction des terroirs (sud, centre et ouest du pays). « Le reste de nos productions proviennent à 50 % de l’Union européenne puis hors UE », précise Cassandre Maury. Un constat qui laisse entrevoir quelques espérances pour le projet bio et écoresponsable alsacien et qui séduit. Bio en Grand-Est, le Syndicat des eaux et de l’assainissement d’Alsace-Lorraine (SDEA) ou bien encore la région Grand-Est et l’Agence de l’eau Rhin Meuse sont de la partie.

Mais pour l’heure « nous sommes ici vraiment sur la mise en place de cultures PPAM expérimentales, sur trois ans, pour voir au niveau du terroir, au niveau des coûts, de la productivité, etc., ce que ça donne », tempère Cassandre Maury. « Nous venons de faire les premières récoltes de ce que qui a été planté au printemps et il va falloir faire des ajustements techniques, tester leurs qualités organoleptiques [qualités visuelles, sensorielles, goût] et essayer aussi de cultiver les autres plantes placées sur la liste de Bio en Grand-Est. » Le commencement finalement d’une aventure fleurie en Alsace.

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