conflitCrainte d’un exode arménien après la victoire de l’Azerbaïdjan au Karabakh

Haut-Karabakh : Crainte d’un exode massif d’Arméniens après la victoire éclair de l’Azerbaïdjan

conflitL’Azerbaïdjan a « rétabli sa souveraineté », s’est félicité son président Ilham Aliyev, après une offensive qui a fait au moins 200 morts et 400 blessés
 Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev le 30 janvier 2023
Le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev le 30 janvier 2023 - AFP / AFP
20 Minutes avec AFP

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L'essentiel

  • Un cessez-le-feu est entré en vigueur mercredi, après la victoire éclair de l’Azerbaïdjan dans une offensive qui a fait au moins 200 morts et 400 blessés.
  • Emmanuel Macron a demandé « des garanties sur les droits et la sécurité des habitants du Karabakh » tandis que Moscou a assuré qu’une « médiation » serait supervisée par des soldats russes.
  • La communauté internationale craint une crise humanitaire avec le risque d’un exode massif de 120.000 Arméniens de la région.

L’Azerbaïdjan a « rétabli sa souveraineté » sur le Haut-Karabakh, après une victoire-éclair sur les séparatistes arméniens qui ont « commencé » à déposer les armes, s’est félicité mercredi le président azerbaïdjanais.

« La plupart » des forces et des équipements des séparatistes arméniens ont été « détruits », a ajouté le président Ilham Aliev au cours d’une conférence de presse, ajoutant que les autorités arméniennes avaient selon lui fait preuve de « compétence politique » en n’intervenant pas directement dans le conflit.

Vaincus en 24 heures, les séparatistes ont annoncé dans un communiqué la signature d' « un accord sur une cessation complète des hostilités à 13H00 avec la médiation du commandement des forces de paix russes ». Selon eux, les affrontements ont fait au moins 200 morts et 400 blessés. L’Arménie a accusé dans la soirée l’armée azerbaïdjanaise d’avoir ouvert le feu à l’arme légère sur ses positions à la frontière entre les deux pays, après l’instauration du cessez-le-feu.

Macron demande des « garanties »

Mercredi soir, le président russe Vladimir Poutine a indiqué que les négociations sur le futur de l’enclave se dérouleraient avec « la médiation » des forces russes déployées sur le terrain. Emmanuel Macron, lui, a demandé au président azerbaïdjanais « de donner des garanties sur les droits et la sécurité des habitants du Karabakh »

Dans le détail, l’accord de cessez-le-feu, confirmé par Bakou, prévoit « le retrait des unités et des militaires restants des forces armées de l’Arménie » et « la dissolution et le désarmement complet des formations de l’Armée de défense du Haut-Karabakh ».

Les séparatistes ont accepté d’avoir jeudi, dans la ville azerbaïdjanaise de Yevlakh, de premiers pourparlers sur « la réintégration » à l’Azerbaïdjan de ce territoire.

A la veille de ces discussions, Hikmet Hajiev, un conseiller du président azerbaïdjanais, a assuré que l’Azerbaïdjan avait « pour objectif la réintégration pacifique des Arméniens du Karabakh » et une « normalisation » des relations avec l’Arménie. Il a promis « un passage en toute sécurité » aux forces séparatistes arméniennes, assurant que « toutes les actions » menées « sur le terrain » étaient coordonnées avec le contingent de maintien de la paix russe.

Risque de départ massif de 120.000 Arméniens

Cette victoire azerbaïdjanaise nourrit toutefois les craintes d’un départ massif des 120.000 Arméniens du Haut-Karabakh, tandis que des images diffusées par des médias locaux montraient une foule rassemblée à l’aéroport, contrôlé par les Russes, de Stepanakert, la capitale des séparatistes.

Plus de 10.000 personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées ont d’ores et déjà été évacuées de l’enclave, a indiqué mercredi soir un responsable des séparatistes arméniens.

Poutine espère un « règlement pacifique »

Totalement absorbée par la guerre en Ukraine depuis plus d’un an et demi, la Russie a joué un rôle de médiateur dans la signature de ce cessez-le-feu, ont affirmé les séparatistes et Bakou. Mais Moscou, qui juge que la crise au Karabakh est une « affaire intérieure » de l’Azerbaïdjan, n’a jusqu’ici rien dit de l’accord.

Craignant que la reprise des hostilités ne déstabilise tout le Caucase, les Occidentaux et la Russie avaient appelé à un arrêt immédiat des combats, dès mardi. Des appels ignorés par le président azerbaïdjanais - soutenu par son allié historique turc.