enquêteLes derniers éléments sur le meurtre du professeur à Dunkerque

Dunkerque : Coups de couteau, aveux… Les derniers éléments sur le meurtre du professeur

enquêteLa compagne de Patrice Charlemagne, Justine J., a avoué le meurtre lors de sa garde à vue
Un agent de la police judiciaire. Illustration.
Un agent de la police judiciaire. Illustration. - SYSPEO/SIPA / SIPA
Cécile De Sèze

C.d.S

L'essentiel

  • Patrice Charlemagne, enseignant en langues, a été retrouvé mort chez lui dans la nuit de dimanche à lundi à Dunkerque.
  • Sa compagne avait appelé la police pour l’alerter d’un cambriolage en cours à leur domicile.
  • Placée en garde à vue mercredi, Justine J. a finalement avoué le meurtre de son partenaire.

Les résultats de l’autopsie laissent peu de place au doute quant à la volonté de tuer. Douze coups de couteau ont été portés à Patrice Charlemagne, 51 ans, dans la nuit de dimanche à lundi à son domicile de Rosendaël, à Dunkerque (Nord). Alors que les enquêteurs ont été mis sur la piste d’un cambriolage violent par la compagne de la victime, les cartes ont été rebattues quand Justine J., 37 ans, a avoué le meurtre de son partenaire en garde à vue, selon une information révélée par l’AFP jeudi.

L’un était professeur d’université, l’autre élue à la mairie. Le couple formé par Patrice Charlemagne et Justine J. battait de l’aile. Retour sur les éléments de l’enquête connus.

La première piste du cambriolage

Vers 4 heures du matin lundi, la police reçoit l’appel d’une femme paniquée qui leur signale un cambriolage dans sa maison. Ils étaient deux, selon cette femme, qui est parvenue à s’enfuir avec son bébé de 20 mois. Ce n’est qu’une fois à l’extérieur de la maison que la mère de famille a prévenu les secours. Justine J. précise ne pas avoir dormi dans la chambre parentale, selon La Voix du Nord. Sur place, les policiers retrouvent, à l’étage, le corps inerte de Patrice Charlemagne, son compagnon, transpercé de nombreux coups de couteau. L’autopsie révélera un total de douze coups portés à la victime, au niveau de la carotide, de la poitrine et de l’abdomen.

Dans le cadre de l’enquête ouverte lundi pour homicide volontaire, et confiée à la police judiciaire, des fouilles sont effectuées dans les alentours du lieu du crime. Plusieurs matériaux, apparemment reliés à l’affaire, sont retrouvés à proximité de la maison : des gants, une lampe torche, deux couteaux ensanglantés, un ordinateur portable appartenant au couple. Autant d’éléments qui peuvent convaincre les enquêteurs de se concentrer sur cette piste du cambriolage.

Des éléments troublants aux aveux de la compagne

Ils n’ont toutefois pas complètement éclipsé les autres possibilités. D’autant que d’autres indices vont semer le doute. Mercredi, Justine J. est en effet placée en garde à vue « après examen des témoignages, déclarations, constatations techniques et scientifiques », explique le parquet de Dunkerque dans un communiqué. « L’objet de cette mesure est de confronter sa version des faits aux éléments recueillis dans l’enquête », ajoute la procureure Charlotte Huet.

Lors de sa garde à vue, la compagne devenue suspecte est confrontée à ces matériels suspects, jusqu’aux aveux du meurtre, selon une source proche de l’enquête qui s’est confiée à l’AFP. Parmi ces indices, « une entaille sur sa main gauche qui correspondait à celle d’un gant retrouvé sur place », « l’analyse des smartphones qui laissait supposer des tensions dans le couple », ainsi que « des incohérences dans le récit des faits », développe la source.

Ces tensions dans le couple sont aussi relatées par des proches de Patrice Charlemagne cités par La Voix du Nord, selon lesquels la victime se confiait beaucoup sur ses problèmes de couple. « La garde à vue est en cours et va être prolongée », précise ce jeudi la procureure à 20 Minutes. Le parquet de Dunkerque communiquera à l’issue de cette garde à vue, « vraisemblablement » vendredi, ajoute-t-elle.

Des intellectuels actifs dans la vie de la commune

Justine J. est élue depuis juin 2020 sur la liste de Patrice Vergriete, maire de Dunkerque et désormais ministre délégué au Logement. Elle siège ainsi à la mairie de la ville comme conseillère municipale déléguée à la lecture publique et au patrimoine, précise le site de la ville. Au-delà de son engagement politique, elle est une intellectuelle, certifiée d’un doctorat en littérature française et maîtresse de conférence à l’université du Littoral (ULCO), selon La Voix du Nord. La suspecte aurait également enseigné au collège, ajoute BFMTV Grand littoral. Outre ces activités professionnelles, Justine J. est écrivaine, notamment dans la littérature jeunesse. Active dans la vie culturelle de la région et passionnée par la démocratisation de la culture, à en croire la description de La Voix du Nord, elle a fait des interventions dans des établissements scolaires de différents niveaux et des rencontres avec les auteurs locaux. On retrouve également son nom en signature des communiqués de l’association locale Les Littœrales.

Une carrière menée au côté d’un homme tout aussi instruit. Patrice Charlemagne était un universitaire agrégé d’allemand et enseignait, comme sa compagne, à l’Université du Littoral Côte d’Opale. Ce passionné de langues enseignait également le Néerlandais et est décrit par ses collègues et étudiants, cités par Le Figaro, comme un « prof humain et passionné à l’humour décalé ».

Selon des informations du quotidien, il était devenu directeur du département « techniques de commercialisation » de l’université. La musique était aussi une de ses passions. Un joueur de saxophone « passionné » qui « avait l’envie de créer, de composer, de chercher les meilleures tonalités, les parfaites notes », comme le décrit un hommage rendu au professeur sur Facebook.

Sujets liés