de quoi ruminerC’est quoi ce virus des vaches, détecté pour la première fois en France ?

Que sait-on du virus affectant les vaches et détecté pour la première fois en France ?

de quoi ruminerLes premiers cas de la maladie hémorragique épizootique (MHE) viennent d’être confirmés en France, dans des élevages bovins des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques. Le point sur ce nouveau virus transmis par des moucherons
Les bovins touchés par la MHE présentent de la fièvre, maigrissent et ont des difficultés respiratoires.
Les bovins touchés par la MHE présentent de la fièvre, maigrissent et ont des difficultés respiratoires.  - SUPERSTOCK  / Sipa
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • Le virus de la maladie hémorragique épizootique (MHE) vient d’être détecté pour la première fois en France, dans deux élevages des Pyrénées-Atlantiques et un des Hautes-Pyrénées.
  • Découverte il y a des décennies aux Etats-Unis, cette maladie qui touche les ruminants et transmise par des moucherons piqueurs, n’est arrivée que très récemment en Europe.
  • Le réchauffement climatique pourrait avoir un rôle dans cette propagation inédite.

Après les cas recensés fin août par les autorités espagnoles, à une centaine de kilomètres de la frontière, l’arrivée imminente de la maladie en France ne faisait plus trop de doute. Le ministère de l’Agriculture annonce ce jeudi la détection des premiers cas nationaux de la maladie hémorragique épizootique (MHE), une affection virale qui touche les bovidés domestiques et les cervidés sauvages. Trois élevages sont touchés pour l’instant, deux dans le Pays basque et un dans les Hautes-Pyrénées.

20 Minutes fait le point sur cette maladie animale, jusqu’ici « exotique » et sur les premières mesures de prévention prises par les autorités.

Qu’est-ce que la MHE au juste ?

Autant le dire tout de suite, selon les autorités, le virus de la MHE « n’est pas transmissible à l’homme ». Chez les ruminants, il se transmet entre animaux par l’intermédiaire de moucherons – les femelles plus spécifiquement – piqueurs et amateurs de sang de la famille des culicoides, déjà à l’origine de la propagation de la fièvre catarrhale ovine (FCO) dans les troupeaux de moutons. Avec des effets cliniques d’ailleurs très proches : fièvre, amaigrissement, lésions buccales et difficultés à respirer. Elle génère toutefois « une très faible mortalité », précise le ministère.

Il n’y a malheureusement pas de vaccin contre la MHE, du moins pas contre la souche identifiée par les spécialistes de l’Anses, l’Agence nationale de la sécurité sanitaire.

D’où vient-elle cette maladie et pourquoi maintenant ?

Il ne s’agit d’une maladie nouvelle. Elle est notamment bien connue aux Etats-Unis, où elle a été découverte pour la première fois en 1955 et où elle affecte les élevages bovins mais aussi la population des cerfs à queue blanche de Virginie. Elle circule aussi en Australie, en Asie, en Afrique du Nord et au Moyen Orient. Son arrivée en Europe est pourtant extrêmement récente. Le premier cas continental est apparu en octobre 2022 en Sardaigne, les suivants en Sicile, puis en Andalousie à la mi-novembre.

Cette arrivée sur l’autre rive de la Méditerranée pourrait être liée au changement climatique. « Son extension est une conséquence directe du changement climatique, qui permet aux moucherons vecteurs de survivre dans nos régions », expliquait en mai dernier, dans une publication de l’Anses, le virologue Stéphan Zientara. « Même s’il est possible que le virus ait été introduit par le transport de bovins infectés, l’hypothèse la plus probable est que les moucherons ont été transportés à travers la Méditerranée par le vent, poursuit le spécialiste. Cela expliquerait l’apparition simultanée de la maladie dans plusieurs endroits d’Europe du sud ». D’autant que la souche identifiée en France est la même que celle détectée en Tunisie en 2021.

Quelles conséquences pour les éleveurs ?

La MHE est réglementée au niveau européen. Les pays touchés ont l’obligation de se déclarer et de mettre en place des mesures de surveillance et de prévention de la propagation. Si la MHE n’entraîne pas de restriction de mouvement des animaux à l’intérieur du territoire national. « En revanche, indique le ministère, la réglementation interdit l’envoi vers d’autres Etats membres de l’Union européenne à des fins d’élevage, de tout ruminant provenant des exploitations situées dans un rayon de 150 km autour de chaque foyer. »

Avec l’application de ce rayon « de sauvegarde », la mesure d’interdiction s’applique sur l’intégralité des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées mais aussi les Landes, le Gers, la Haute-Garonne et l’Ariège. La Gironde, le Lot-et-Garonne, du Tarn-et-Garonne, du Tarn de l’Aude et des Pyrénées-Orientales sont aussi concernés, mais en partie seulement.

L’envoi direct du bétail vers un autre pays de l’UE reste autorisé si c’est pour abattage.