AttractionC’est quoi ce « restaurant du futur » à Europa-Park avec « sièges flottants » ?

Europa-Park : Siège flottant, décollage, repas gastro… C’est quoi ce « restaurant du futur » ?

AttractionLe parc d’attractions allemand, Europa-Park, a ouvert l’an dernier « Eatrenalin », un restaurant pas vraiment comme les autres. Plutôt une « expérience » où les convives se déplacent sur des sièges flottants, montent à bord d’une navette spatiale…
L'entrée de « Eatrenalin », le restaurant gastronomique pas vraiment comme les autres d'Europa-Park.
L'entrée de « Eatrenalin », le restaurant gastronomique pas vraiment comme les autres d'Europa-Park. - T. Gagnepain / 20 Minutes
Thibaut Gagnepain

Thibaut Gagnepain

L'essentiel

  • Depuis octobre 2022, le parc d'attractions Europa-Park a ouvert un restaurant gastronomique pas comme les autres.
  • « Eatrenalin » propose une expérience d'environ deux heures, où les convives passent d'ambiance en ambiance... assis sur leru siège flottant !
  • Comment cela se passe-t-il ? Puisqu'il fallait se dévouer, un journaliste de 20 Minutes a testé.

Et si c’était ça le « restaurant du futur » ? Europa-Park le revendique déjà fièrement. Pour présenter « Eatrenalin », le parc d’attractions allemand situé à trente minutes de Strasbourg vante « une expérience multisensorielle unique en son genre ». Les termes de « délicieuse expédition » sont aussi évoqués, sans que trop de détails ne soient dévoilés, à part les « sièges flottants ». De quoi imaginer un repas dans les airs, à voguer entre plusieurs tables ? Il fallait tester pour le savoir et un journaliste de 20 Minutes y a été invité, bien sûr contre sa volonté !

Première impression en arrivant, l’extérieur ressemble à une boîte de nuit. A quelques dizaines mètres des hôtels et du parc aquatique Rulantica, la façade clignote au rythme des LED. Seul le symbole du lieu, une sorte d’assiette entourée de deux couverts, reste. Les trois marches du tapis rouge franchies, me voilà derrière le rideau. Où il n’y a pas de videur mais Sarah, une souriante hôtesse d’accueil.

Qui lance pourtant la soirée avec une mauvaise nouvelle… « Votre expérience est décalée à 22h15 (au lieu de 20h45), nous avons eu un souci avec les chaises. C’est la première fois que ça arrive », assure-t-elle, en me tendant un jeton pour aller prendre un cocktail dans un bar voisin. Élégante contrepartie qui permet de patienter pour mieux revenir. Cette fois, c’est la bonne : le « lounge » m’attend. Une pièce à la décoration très moderne où trône un bar à champagne entourée de mange-debout et de banquettes.

Le lounge, avec son bar à champagne.
Le lounge, avec son bar à champagne. - T. Gagnepain

Côté son, de l’électro résonne, avec beaucoup de basses. Ça n’empêche pas de déguster le précieux breuvage - avec modération évidemment. La première mise en bouche, une verrine asperge-curry de Jaipur-ciboulette ». Joli visuellement, un brin épicé gustativement. La bouchée de caviar, servie sur un beignet fourré, ne souffre, elle, aucun débat, tout comme la tartine à la tomate. C’est beau, raffiné, léger… et ce n’est que le début !

Alerte, une minuterie est maintenant projetée sur les murs. 4’59, 4’58, 4’57… La lumière mauve apparaît, un hôte vient chercher mon groupe pendant qu’une quinzaine de personnes restent. Ils prendront le prochain départ, soit en français, allemand ou anglais, dans une demi-heure. Chaque soir, dix sont proposés, pour une ouverture de 17h10 à 1 heure du matin. A chaque fois, seize personnes maximum peuvent participer, soit le nombre de sièges volants accessibles.

Mais nous n’y sommes pas encore. Après une ultime mise en bouche, on nous annonce que les photos seront interdites dans les deux prochaines salles. D’accord, je prends ce verre de rosé à la place en entrant. Au centre, une fontaine d’eau avec un écran en forme de tube en son centre. « Lina » se présente, c’est la douce voix de cette « intelligence artificielle » qui nous accompagnera tout au long de notre parcours.

Attention, un requin !

Dans cette première pièce dite « Waterfall », un savant mélange d’omble chevalier, chocolat blanc et fleurs de basilic nous est proposé. Toujours en très petite quantité, ce sera la règle toute la soirée sans que personne n’ait à se plaindre. Puis c’est au tour d’une petite sphère, très poivrée. Ça toussote un peu dans les rangs !

A peine le temps de s’en remettre, nous voilà dans un nouvel endroit. Comme un hangar blanc avec néons au plafond. Atmosphère un brin inquiétante avec une musique de films de conquête et surtout à la vue du grand drap qui recouvre une grande partie du sol. Mais que se cache-t-il dessous ? Il se lève enfin : les fameux « sièges flottants » apparaissent ! Soit un fauteuil en cuir accompagné de deux tables basses en bois foncé, le tout posé sur une plate-forme noire. Interdit d’en sortir les bras ou les jambes, « Lina » a prévenu !

Tout le monde prend place, « l’expédition » peut débuter. Les convives franchissent une autre porte les uns après les autres, confortablement assis. Bienvenue dans les profondeurs de l’océan. Ici, des falaises ont été reconstituées. Là, de gigantesques écrans permettent de faire apparaître les fonds marins. Attention, des raies passent, non, un requin !

Sur les écrans de la pièce, les fonds marins aparraissent, piis un paysage de carte postale digne des James Bond.
Sur les écrans de la pièce, les fonds marins aparraissent, piis un paysage de carte postale digne des James Bond. - T. Gagnepain

« Penchez-vous en arrière, relaxez-vous » nous propose la voix. Très bien. Pour accompagner le tout, une assiette de crabe royal vient de sortir de l’une des petites tables, présentée dans ce qui ressemble à une coquille. En cas de soif, une gourde d’eau est accessible dans l’autre meuble. « C’est très innovant », me glisse ma voisine, venue en séminaire d’entreprise avec une douzaine de collègues. « C’est un spectacle. » Qui est loin de son paroxysme.

« Super bon »

Dans « l’arène du goût » suivante où chacun est toujours amené dans son fauteuil ; un coffret est maintenant disposé sur ma tablette. Nous allons « explorer les 4 dimensions gustatives ». Soit le sucré, l’acide, l’amer et le salé. Comment ? Grâce à quatre bouchées qui s’allument successivement dans notre boîte. Le siège bouge dans une ambiance encore apaisée. Tellement qu’un de mes partenaires d’aventure se laisse aller à une petite sieste ! « Il s’est levé à 3 heures du matin, faut le comprendre », me glisse-t-on avant de lui taper doucement sur l’épaule.

Il ne faudrait pas qu’il rate l’expérience suivante. Direction le Japon dans une traditionnelle « Minka » dont l’intérieur a été reconstitué. Deux grands comptoirs, du bois clair partout, des rizières projetées sur un écran. Sans oublier « Mitzuki », la maîtresse de maison qui est aussi en charge de faire résonner le gong. Un succulent sashimi est, entre autres, servi, avec un « saké pétillant ». « C’est super bon », résume une convive, confortée par ses collègues.

Sashimi, saké... L'ambiance d'un restairant japonais y est reconstituée.
Sashimi, saké... L'ambiance d'un restairant japonais y est reconstituée. - T. Gagnepain

Le gong vient encore de retentir, peut-être un peu vite pour certains. On ne traîne pas trop en chemin, il faut embarquer… dans une navette spatiale. Oui, une navette spatiale dont l’intérieur a été reconstitué d’une manière bluffante. Décollage imminent direction la lune. 5,4,3, 2, 1… Des turbulences se font sentir sur nos sièges, heureusement que personne n’a forcé sur les quantités ! En face de moi, beaucoup sourient, pour la plupart impressionnés par la mise en scène. Oh non, « une tempête solaire » gêne notre avancée et provoque de nouvelles secousses ! Ouf, nous voilà enfin sur la lune et dans une nouvelle pièce.

Tables en marbre noir, vaisselle et couverts assortis, lustres en cristal… Tout le décor est ultra-soigné et l’impression de se retrouver sur une autre planète bien réelle. Notre plat ? Du veau au poivre de timut avec de la truffe noire et des « éclats de comète », le tout avec une espuma de pommes de terre. Excellent et parfaitement présenté là encore. « Vous pouvez même manger les feuilles d’argent », précise le serveur en montrant ce qui entoure la pièce de viande. « Incroyable » s’extasie ma gentille voisine, impressionnée.

« Innovant mais pas convivial »

Après un nouveau « décollage d’urgence » sans passage par la navette et toujours confortablement installés, place à une ultime pièce. « Lina » déambule cette fois sous une forme humaine, un mannequin en combinaison moulante. Puis le dessert descend d’une rotonde, où les 14 convives prennent ensuite place. Combava, fruit de la passion, riz soufflé, l’ensemble est agréable à voir et à déguster. Autour, les premières conclusions tombent. Pour la plupart louangeuses : « faut l’avoir fait une fois dans sa vie », « c’est quand même magnifique » etc.

Un peu plus loin, un autre me glisse néanmoins que « c’est innovant mais pas convivial ». Dur en effet de discuter tranquillement tant l’épopée est intense et rondement menée. Une heure et quarante-cinq minutes : il est minuit pile et c’est la fin. La fin d’une expérience unique à 255 euros minimum, tout sauf un repas gastronomique classique.