ProcèsDénoncée par son ex, une femme jugée pour l’usage d’un faux pass sanitaire

Covid-19 : Dénoncée par son ex, une femme jugée pour l’usage d’un faux pass sanitaire

ProcèsLa femme mise en cause devant le tribunal de Rennes avait fait l’objet d’une enquête poussée pour établir si oui ou non elle avait été vaccinée
Une femme domiciliée près de Rennes est soupçonnée d'avoir utilisé un faux pass sanitaire pour prendre l'avion en 2021.
Une femme domiciliée près de Rennes est soupçonnée d'avoir utilisé un faux pass sanitaire pour prendre l'avion en 2021. - F. Greuez/Sipa / Sipa
Camille Allain

C. A.

L'essentiel

  • Une femme était jugée devant le tribunal correctionnel de Rennes pour avoir utilisé un faux pass sanitaire.
  • Son avocat estime que les actes d’enquête menés ont été démesurés, évoquant la violation de la vie privée de sa cliente.
  • Le téléphone de la mise en cause a été épié par les enquêteurs, tout comme ses comptes en banque.

C’est un dossier qui semblait sortir d’un temps pas si éloigné mais que l’on a très vite oublié. Vendredi matin, une femme de 33 ans était jugée devant le tribunal correctionnel de Rennes (Ille-et-Vilaine) pour « usage de faux en écriture ». La justice reprochait à la prévenue d’avoir fourni un faux pass vaccinal en août 2021, dans l’espoir de pouvoir voyager en avion. Cet été-là, le gouvernement français avait mis en place un pass sanitaire qui imposait d’avoir un schéma vaccinal complet pour pénétrer dans les lieux publics comme les bars, les restaurants, les cinémas, les gymnases. Une obligation que certains avaient tenté de contourner en achetant de faux pass sanitaires que l’on pouvait trouver sur le Web ou chez certains médecins antivax.

C’est justement ce que soupçonnaient les gendarmes d’Ille-et-Vilaine quand ils ont ouvert une enquête à l’été 2021 à l’encontre de cette habitante de Saint-Erblon. Appelés au domicile de la mise en cause pour des faits de violences commises par son compagnon, les gendarmes avaient placé l’homme en garde à vue. Au cours de l’interrogatoire, ce dernier avait expliqué que la dispute avait éclaté sur fond de rivalité autour d’un voyage aux Antilles prévu par sa compagne avec leur fille. Dans le contexte épidémique, lui n’était pas chaud pour qu’elles prennent l’avion et avait alors balancé son ex, expliquant qu’elle avait payé 300 euros pour s’offrir un faux pass sanitaire. L’affaire aurait pu s’arrêter là si une nouvelle enquête préliminaire n’avait pas été ouverte.

Pour vérifier l’authenticité des accusations du compagnon, les gendarmes d’Ille-et-Vilaine avaient déployé des moyens qui peuvent paraître démesurés, retraçant notamment l’historique des déplacements de la mise en cause en épiant les données de son téléphone portable. « Vous n’étiez pas à Villejuif ni pour votre première, ni pour votre deuxième injection. Votre pass est un faux », rappelle la présidente, en évoquant les données du faux pass vaccinal. La prévenue acquiesce mais assure qu’elle a bien été vaccinée à Rennes. Où ça ? « Au vaccinodrome de Villejean sans rendez-vous ». Mais quand ? Et où sont les preuves ? Silence. La mise en cause parle « de coïncidences » et peine à convaincre l’assemblée. D’autant que des retraits douteux ont été repérés sur ses comptes en banque, peut-être pour payer le fameux faux pass.

Son avocat plaide « une erreur administrative »

Avant même l’ouverture des débats, son avocat avait tenté de faire invalider les pièces fournies par les gendarmes, estimant que les actes d’enquête étaient démesurés et dénonçant la violation de la vie privée de sa cliente. Mais comment expliquer ce faux pass vaccinal présenté par sa cliente et contenant de fausses informations de vaccination ? « Il est tout à fait possible de subir une erreur administrative, surtout dans le cadre d’une pandémie mondiale », rappelle le conseil. Avant de quitter la barre, la prévenue assurera « être innocente » aux magistrats qui lui faisaient face. La décision a été mise en délibéré au 6 octobre.