expulsionUn café partage l’histoire de Boubou sur Instagram, expulsé au Mali

Paris : Un café partage l’histoire de Boubou, leur ancien cuisinier expulsé au Mali, pour le faire revenir

expulsionBoubou Gandega, un ancien cuisiner du café Mirabelle à Paris a été renvoyé vers le Mali vendredi dernier, alors qu’il avait un jugement deux jours après
Boubou Gandega, café mirabelle Paris.
Boubou Gandega, café mirabelle Paris. - Capture d'écran / Instagram
Romain Cazaud

R.C.

L'essentiel

  • Boubou commence à travailler pour le café Mirabelle en 2019, il quitte le café au printemps 2022 et reste en bons termes avec Marion, la gérante du café.
  • Contrôlé par la police, il se retrouve en centre de rétention pendant presque deux mois, avant d’être expulsé au Mali deux jours avant son jugement.
  • Contactée par 20 Minutes, Marion, la gérante du café Mirabelle, a accepté de répondre à nos questions.

Marion, gérante du café Mirabelle (Paris, 11e arrondissement), est désemparée. Elle nous raconte l’histoire de son ancien cuisinier, Boubou, 31 ans, expulsé au Mali. « Le seul moyen que les choses bougent c’est d’essayer d’en parler, pour que peut-être les politiques se bougent et que quelqu’un au gouvernement nous aide à ce qu’il puisse revenir. La situation est tellement compliquée au Mali pour qu’il réobtienne un visa. On n’avait pas de solution donc on a décidé avec l’équipe d’en parler sur les réseaux sociaux. »

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Boubou a commencé à travailler pour le café Mirabelle en 2019, d’abord en extra à la plonge. Puis, petit à petit il est formé en tant que cuisinier. En avril 2022, Marion lui propose un CDI. « On l’a formé à la cuisine, mais c’est surtout lui qui s’est investi pour apprendre le métier, il s’est donné pour progresser, c’est quelqu’un qui a des capacités, il apprend super vite », explique la gérante du café, admirative. Il quitte tout de même le café Mirabelle au printemps pour rejoindre un autre établissement, avec un salaire plus élevé à la clé mais garde un bon contact avec le café Mirabelle, et Marion, la gérante.

Boubou est né en France, dès ses 6 ans il retourne avec ses parents dans son pays d’origine, le Mali. Il revient alors en France en 2017, problème : une erreur commise par son père dans sa déclaration de naissance fait que ses papiers n’ont pas pu être reconnus. « Au début il ne me dit pas que ce sont des faux papiers. Avec son avocate on fait en sorte de le régulariser, avec une demande officielle en mai 2023 », détaille Marion.

« Il s’est retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment »

Un soir de juillet, alors qu’il se retrouve dans un bar, la soirée tourne mal. « Il s’est retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Il s’est fait agresser par une femme avec un couteau, il lui a pris le couteau des mains », raconte Marion dépité : « Les policiers sont venus, ils ont contrôlé tout le monde et ont embarqué Boubou. Il a été innocenté dans cette bagarre parce qu’il n’avait rien fait, mais comme il n’avait pas de papiers ils l’ont gardé en centre de rétention. »

Il y reste tout l’été, dans l’attente de son jugement, prévu le 24 septembre dernier. Marion et Boubou sont alors confiants sur ses chances d’être libéré : « J’étais passé le voir, il me disait qu’une association était est sur place et qu’il avait 95 % de chances de sortir parce que les relations étaient tendues avec le Mali. » Malheureusement, il n’aura jamais l’occasion d’être libéré.

« C’est un vrai coup de massue »

« Il a été expulsé le vendredi, deux jours avant. Il a passé quasiment deux mois en rétention et deux jours avant son jugement il a été expulsé », confie la cafetière, anéantie par cette décision. « La veille de son expulsion, je lui envoyais un message pour lui dire de tenir le coup qu’il allait bientôt sortir, c’est un vrai coup de massue, j’ai un sentiment d’injustice, de colère. Ça fait sept ans qu’il est là. Il parle français, il s’est super bien intégré. Il a son boulot, ses amis, il n’a rien fait de mal. Il ne mérite pas d’être traité comme ça. »

Quand Boubou est arrivé au Mali, il est resté à Bamako pour se rendre à l’ambassade afin de récupérer un visa. La situation complexe au Mali et la durée de la procédure l’ont forcé à changer ses plans : « Il est allé à son village pour voir sa famille qu’il n’avait pas vu depuis sept ans. » La patronne du café Mirabelle est restée en contact avec lui pour le soutenir moralement, elle reste confiante sur ses chances de revenir et évoque le soutien qu’il a reçu sur les réseaux sociaux : « Il est hyper content de voir tout le soutien qu’il a, ça lui fait chaud au cœur. On part tous du principe qu’il va revenir et qu’on va trouver une solution. »