Mystère glacéA qui appartient ce vieux sac à dos « rendu » par un glacier des Pyrénées ?

Pyrénées : La fonte d’un glacier « miniature » dévoile un vieux sac à dos rose, enquête en haute altitude

Mystère glacéLe week-end dernier, une expédition scientifique sur les pentes d’un tout petit glacier ariégeois a débouché sur la découverte d’un mystérieux sac à dos. Il est rose et était pris dans les glaces pyrénéennes depuis plus de trois décennies
Bonnet, gant, couverture de survie, etc. Le sac à dos contenait aussi de la moutarde et des médicaments dont la date de péremption permet de dire que sa « disparition » date des années 1980.
Bonnet, gant, couverture de survie, etc. Le sac à dos contenait aussi de la moutarde et des médicaments dont la date de péremption permet de dire que sa « disparition » date des années 1980. - Matthieu Cruège / Parc naturel des Pyrénées ariégeoise
Hélène Ménal

Hélène Ménal

L'essentiel

  • Le glacier « miniature » et difficile d’accès du Valier est le seul des Pyrénées ariégeoises.
  • Il fond, moins que les autres, mais quand même, et reçoit tous les deux ans la « visite » d’une expédition qui mesure son évolution.
  • Le week-end dernier, les marcheurs ont ramené de nouvelles données. Et aussi un énigmatique sac à dos rose, « rendu » par le glacier et pris dans la glace depuis plus de trois décennies. L’expédition est terminée mais l’enquête, elle, ne fait que commencer.

Une dosette de moutarde et quelques médicaments périmés depuis « la fin des années 1980 ». Voici pour l’heure les seuls indices tangibles disponibles pour remonter la trace du (ou de la) propriétaire d’un sac à dos rose flashy retrouvé ce week-end. Pas à un arrêt de bus, ni même au bord d’un banal chemin de randonnée. Mais à plus de 2.500 mètres d’altitude, au fond du glacier « d’Arcouzan », comme l’appellent les Ariégeois du Couserans.

Ce glacier est situé au pied du versant nord-est du mont Valier, à 2.838 mètres d'altitude, qui lui donne son nom officiel. Il a tout un tas de particularités étonnantes : il est seul dans ce secteur des Pyrénées et si petit, à peine deux hectares, que les glaciologues le qualifient de « glacier miniature ». Enfin, il est peu fréquenté, car sa route d’accès et longue est délicate.

Une expédition avec « sherpas » bénévoles tous les deux ans

Pourtant depuis 2011, à l’initiative du Parc naturel des Pyrénées ariégeoises (PNPA), une « grosse expédition » part, tous les deux ans en général, au début de l’automne, pour ausculter le bijou de glace ariégeois. « Sherpas » bénévoles, hydrogéologues, géomètres bardés d’instruments, guides… la troupe se tape trois jours de marche et deux nuits en refuge.

Le grand voyage biennal a eu lieu le week-end dernier. Il a débouché sur une nouvelle série de mesures qui diront bientôt si, malgré sa légendaire résistance de lilliputien, le glacier du Valier continue à perdre deux mètres d’épaisseur par an. Mais, cette fois, la nouveauté qui tient vraiment la corde, c’est donc ce sac à dos mystérieux, aux couleurs pas vraiment défraîchies, après avoir passé des décennies dans son cocon de glace. « On l’a aperçu au fond du glacier, dégagé par la fonte », raconte Matthieu Cruège, le directeur du PNPA. Les 26 membres de l’expédition ont d’abord été glacés d’effroi, de peur de trouver aussi un corps. Mais non, rien d’inquiétant dans les environs immédiats.

Se renseigner sur les disparitions non élucidées

Le sac à dos, a été déterré « à coups de piolet ». Et vidé de son contenu : en plus de la précieuse moutarde avariée et des comprimés, il y avait un coupe-vent, un gant, un bonnet, une broche à glace, un mousqueton, une couverture de survie. Pas de papiers hélas. « J’ai donc décidé de l’emporter pour le rendre à son propriétaire », poursuit Matthieu Cruège.

Depuis, il a un peu l’impression d’être « dans une enquête ». Avec d’autres indices, comme ces sangles « fixées court, peut-être pour un dos de femme ». Avec des portes qu’il faut fermer aussi : un appel à la gendarmerie, histoire de se renseigner sur les disparitions non élucidées dans le coin. Sans compter les fausses pistes. « Mardi, un homme m’a appelé. Il était assez ému et pensait qu’il s’agissait du sac à dos qu’il avait fait tomber en 1986 », relate le « détective ».

L’intéressé a voulu, comme la plupart, atteindre le glacier par le haut. Un compagnon de marche a détourné son attention un bref moment et une bourrasque a fait basculer son sac à dos dans le vide. Sauf que ce dernier était rouge. Les investigations se poursuivent donc. Alors si dans votre famille, dans votre bande d’amis, traîne la légende d’un sac à dos rose emporté par le vent sur un sommet des Pyrénées il y a plus de trente ans, vous savez où vous adresser.

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