Arras : La frite a désormais son championnat du monde

«J’ai voulu faire des frites avec des patates qu’on m’a données, elles étaient toutes molles. » Nathalie est dégoûtée. « Comment ça se fait ? ». Sur un stand, Alain Delebecq la renseigne. L’homme est spécialiste de la pomme de terre bio. La filière bio Hauts-de-France profite du championnat du monde de la frite, organisée ce samedi, à Arras, pour sensibiliser le grand public, mais aussi les professionnels.

Car l’événement a attiré beaucoup de monde dans le Pas-de-Calais. Ils et elles sont des milliers à s’être donné rendez-vous sur la grand-place transformée en podium géant pour l’occasion. Sur scène, une trentaine de candidats se démènent autour de leur friteuse et de leur saladier pour décrocher le titre de la meilleure frite créative ou familiale ou encore de la meilleure sauce frite.

Frites aux cèpes, purée frite…

Frites aux cèpes, purée frite, moules frites revisitées… L’imagination a pris le pouvoir dans une ambiance de fête devant les courses en sac ou les jeux traditionnels. Mais l’attraction, c’était aussi les célèbres baraques à frites Momo (du film Bienvenue chez les ch’tis). Ginette et Martine sont justement venues de Douai, dans le Nord, « pour voir cette friterie ». « Elle est beaucoup photographiée », s’enthousiasme Martine. Mais ni l’une, ni l’autre n’ont envie de faire plus d’une heure de queue pour consommer une frite chez Momo ou dans la baraque des Tuches, en référence au film éponyme.

Une maman profite des animations pour apprendre à son fils comment les pommes de terre sont cultivées. Car le territoire d’Arras est historiquement une terre de patates. Même si le mode de culture déplaît parfois à la filière bio. « On est là pour expliquer qu’on peut cultiver des variétés robustes qui résistent au mildiou, qui ont besoin de peu d’eau et de peu d’engrais », explique Alain Delebecq. Les tubercules s’appellent Alouette, Louisa ou Carolus. Prêts, un jour, à concurrencer la fameuse Binche chère aux industrielles de la pomme de terre ? Une convention vient d’être signée avec 14 acteurs de la filière. « C’est le début », note le spécialiste bio.

« La fatigue commence à se faire sentir »

Sur scène, les exploits culinaires s’enchaînent. Le jury se régale. « Je suis venu de Chartres. Je suis là depuis ce matin. La fatigue commence à se faire sentir », raconte Clément, tendu avant de monter sur scène. Aurélie et Ludwig viennent de moins loin : Achicourt, banlieue d’Arras. Le couple originaire de Toulouse a vite adopté la frite. Certains comme Jean-Baptiste, de Cambrai, dans le Nord, font le show. Et quatre champions du monde viendront couronner la journée.

Nathalie, de son côté, est partie rassurée. Non pas parce qu’elle a remporté un titre, mais parce que les frites molles, ce n’est pas de sa faute. « Je pensais que c’est parce que je les avais lavées trop longtemps », avoue-t-elle. « Pas du tout. C’est simplement parce que ce n’était pas une variété à frites, répond Alain Delebecq. Certaines pommes de terre sont faites pour être cuites à la vapeur, d’autres pour faire de la purée et d’autres pour les frites ». Les frites, c’est vraiment une affaire de spécialistes.