enqueteQuels actes antisémites ont été commis en Ile-de-France depuis samedi ?

Guerre Hamas-Israël : Menaces, tags, insultes… On a recensé les actes antisémites commis en Ile-de-France

enquete« 20 Minutes » a recensé, auprès de plusieurs sources policières, une dizaine de faits significatifs commis depuis samedi en région parisienne
Des policiers devant une synagogue à Sarcelles, dans le Val-d'Oise, le 11 octobre dernier
Des policiers devant une synagogue à Sarcelles, dans le Val-d'Oise, le 11 octobre dernier  - Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP
Thibaut Chevillard

Thibaut Chevillard

L'essentiel

  • Gérald Darmanin a affirmé jeudi qu’il y avait eu « plus d’une centaine d’actes antisémites » en France depuis l’attaque menée en Israël par le Hamas, allant de tags à des insultes contre la communauté juive.
  • Le ministère de l’Intérieur a depuis actualisé ce bilan et fait état de « 101 faits antisémites, avec 41 interpellations dont 12 en zone préfecture de police de Paris (Paris et petite couronne), 25 en zone de police et 4 en zone gendarmerie ».
  • 20 Minutes a recensé, auprès de plusieurs sources policières, une dizaine de faits significatifs depuis samedi en région parisienne.

Des tags, des insultes, des menaces… Depuis l’attaque, samedi, d’Israël par le Hamas, les actes antisémites se multiplient en France. Il y en a eu « une centaine », a indiqué ce jeudi le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, sur France Inter. Il s’agit, précise-t-il, essentiellement d’inscriptions, comme « des croix gammées, des "morts aux Juifs", des appels à l’intifada ». Mais aussi « des actes encore plus graves, des gens arrêtés à l’entrée d’une école ou d’une synagogue avec une arme blanche, un drone qu’on a vu voler à l’intérieur d’un lieu cultuel juif ». Au total, selon la place Beauvau, 41 personnes ont été interpellées, dont 12 à Paris et en petite couronne, 25 en zone police et 4 en zone gendarmerie.

En région parisienne, 20 Minutes a recensé, auprès de plusieurs sources policières, une dizaine de faits significatifs depuis samedi. Plusieurs événements ont, en particulier, émaillé la journée de mercredi. Dans le 16e arrondissement de Paris, deux lycéens scolarisés à Janson de Sailly ont déposé plainte pour « propos antisémites » et « apologie du terrorisme ». Les plaignants, de confession juive, ont accusé trois autres élèves de les avoir insultés et d’avoir tenu des propos humiliants. Parmi eux, une jeune fille leur aurait envoyé un message sur WhatsApp indiquant qu’elle soutenait le Hamas et s’en prendrait aux juifs. Alerté, le principal de l’établissement s’est rendu dans la classe et a rappelé les lois de la République. Une enquête a été ouverte, confiée au commissariat local.

« On va t’égorger »

Toujours dans le 16e arrondissement de la capitale, les policiers ont interpellé, dans l’après-midi, un homme qui criait dans la rue : « Je vais brûler la France, je vais exterminer tous les juifs ». Le suspect, arrêté à l’angle de l’avenue d’Iéna et de la rue Georges Bizet, a été placé en garde à vue.

Par ailleurs, dans les Hauts-de-Seine, à Levallois-Perret, une jeune fille de 21 ans a déposé plainte pour harcèlement et menaces de mort. De confession israélite, elle a reçu, depuis samedi, plusieurs appels téléphoniques et messages malveillants. « Sale pute », « t’es morte », « On va t’égorger », « Juif en boîte ». Le commissariat local a été saisi de l’enquête ouverte par le parquet de Nanterre pour identifier l’auteur.

D’autre part, un courrier menaçant a été déposé à mairie de la Garenne-Colombe. Son auteur fait part, dans ce courrier, selon nos informations, de son intention de s’attaquer à une école juive.

A Cergy, dans le Val-d’Oise, les policiers ont constaté mercredi de nombreux tags hostiles à Israël, sur des murs et des panneaux indicateurs, boulevard du Port et Boulevard François Mitterrand. A Sarcelle, les occupants d’une Renault Mégane ont été vus passant plusieurs fois devant la synagogue de la ville et prendre des photos du dispositif policier mis en place. Le propriétaire du véhicule a été identifié. Il s’agit d’un homme de 43 ans qui ne se trouvait pas à son domicile lorsque les fonctionnaires s’y sont rendus.

Une jeune fille menacée de mort

Plus à l’est, dans le Val-de-Marne, des agents municipaux de Sucy-en-Brie ont découvert, dans la matinée, des étoiles de David taguées sur plusieurs commerces, avec une bombe de peinture noire. Le commissariat de Boissy-Saint-Léger est chargé des investigations.

A Charenton-le-Pont, deux autocollants à caractère antisioniste ont été découverts dans la station de métro Liberté. Le premier, collé sur un mur de l’escalator de sortie, indique : « Boycott Puma, fournisseur officiel de l’équipe d’Israël ». Sur le second, découvert dans la station, était écrit : « Vive la résistance du peuple palestinien ». Les policiers qui ont effectué les constatations ont demandé à la RATP d’extraire les images des caméras de surveillance afin de tenter de retrouver l’auteur.

Et à Créteil, une jeune fille, qui attendait le bus près de l’école israélite Ozar Hatorah, a été encerclée par deux hommes qui l’ont traité de « sale juive » et l’ont menacé de mort. Elle n’a pas été prise à partie physiquement. Une plainte a été déposée.

« Ce soir, c’est pas ton soir »

Les services de police ont été avertis d’autres faits similaires, survenus dès samedi, le jour de l’attaque. A Meudon, dans les Hauts-de-Seine, un homme qui se rendait à la synagogue a été abordé par quatre personnes circulant à bord d’une voiture. Ils lui ont lancé : « Ce soir, c’est pas ton soir ». Puis ils ont quitté les lieux. Alertés, les policiers ont mis en place un dispositif de sécurité aux abords du lieu de culte.

Dans le département voisin du Val-de-Marne, à Créteil, deux hommes à bord d’une Audi ont été vus passer plusieurs fois devant la synagogue, prenant des photos du bâtiment. Lorsque les policiers sont arrivés, les suspects avaient pris la fuite.

Dimanche, un peu avant 14 heures, dans le 19e arrondissement de Paris, un homme se disant de nationalité syrienne et parlant anglais s’est présenté devant une école-synagogue. Il a demandé au gardien de le laisser rentrer et lui a déclaré être présent pour poser une bombe. Puis il a lancé à plusieurs reprises, « Allah Akbar ». Le suspect, né en 2002, a été interpellé par un policier hors service et conduit au commissariat de l’arrondissement.

Le même jour, dans le 16e arrondissement, un homme né en 2005 en Tunisie a été arrêté et placé en garde à vue pour apologie du terrorisme et insulte a caractère racial. Vers 13h55, le suspect est passé devant une synagogue, rue Mesnil, et a crié : « sales juifs, que 150 morts, c’est pas beaucoup, il en aurait fallu plus ». Il a été arrêté près de la place du Trocadéro, par des effectifs de la DOPC qui avaient été avertis par les vigiles de la synagogue. Ces derniers assurent que ce même homme était déjà passé, la veille, devant eux. En compagnie de deux autres personnes, il avait vociféré des insultes antisémites. Le suspect a été placé en garde à vue. Le commissariat du 17e arrondissement a été saisi.