VOTRE VIE, VOTRE AVISCes jeunes disent « non merci » au CDI

Le CDI, un « enfermement » auquel ces jeunes disent « non merci »

VOTRE VIE, VOTRE AVISDe jeunes lecteurs et lectrices de 20 Minutes racontent pourquoi ce contrat, vu comme « contraignant », ne les « intéresse pas »
Une jeune diplômée qui vient d'être embauchée en entreprise
Une jeune diplômée qui vient d'être embauchée en entreprise - Pixabay / Pixabay
Julie Urbach

Julie Urbach

L'essentiel

  • Ce vendredi 13 octobre, des milliers de Français vont faire grève et manifester pour réclamer une hausse des salaires.
  • Le CDI n’est plus le graal pour tous les jeunes diplômés, selon une récente étude de la CCI Nantes-Saint-Nazaire. S’ils sont tout de même 42 % à privilégier un CDI pour leur premier emploi, ils sont presqueun quart (23 %) à rechercher exclusivement un CDD.
  • Entre le besoin de liberté, la nécessité de « mettre un bouclier entre nous et le patron » ou le désir de création d’entreprise, plusieurs jeunes diplômés ont expliqué à 20 Minutes pourquoi ils préféraient ce contrat court.

«Pour moi le CDI est un enfermement avec des contraintes trop importantes à respecter. » A 23 ans, Alizée ne mâche pas ses mots quand elle parle du contrat que s’arrachaient ses aînés et toujours privilégié par une majorité de demandeurs d’emploi. Comme la jeune femme, plusieurs lecteurs de 20 Minutes ont confirmé se reconnaître dans cette tendance qui apparaît chez la nouvelle génération. « J’ai vécu avec cette pression sociale des parents qui disaient que CDI c’était très important, rapporte une diététicienne trentenaire. Mais moi, surtout au début de ma carrière, je n’avais pas envie de me cantonner dans quelque chose qui ne m’aurait peut-être pas convenu. »

Alors que le rapport au travail est en train de changer sur plein d’égards, une récente étude de la CCI Nantes-Saint-Nazaire indique que le contrat à durée indéterminée n’est plus forcément le graal chez les jeunes diplômés. S’ils sont tout de même 42 % à privilégier un CDI pour leur premier emploi, ils sont quasiment un quart (23 %) à rechercher exclusivement un contrat à durée déterminée (CDD) pour démarrer dans la vie active. Et même une fois le pied à l’étrier, la tendance peut perdurer.

« Un bouclier entre nous et le patron »

Chez ces jeunes, le premier argument réside dans la notion de liberté. « Un poste a 35 heures dans la même entreprise toute sa vie, avec les mêmes collègues, les mêmes tâches, les mêmes petites habitudes », très peu pour notre internaute, sous le pseudo de Guizmo. Comme lui, les fans des contrats courts oscillent entre besoin d’autonomie et peur de l’engagement, mais aussi de la démission. « Le CDI, ça représente l’enchaînement, détaille Irina, qui a participé à l’enquête de la CCI. On se sent lié moralement. Si on veut arrêter, j’ai l’impression que ça va se faire dans des démarches compliquées, qui ne donnent pas envie. » « La possibilité de tout plaquer du jour au lendemain s’amenuise au fur et à mesure que le confort du CDI s’installe », complète Alizée.

Si le CDI est encore plébiscité pour souscrire un crédit immobilier, « la majorité des jeunes ne peut plus acheter, déplore Yadi. Alors quel intérêt ? ». C’est bien ce que pensent certains de nos lecteurs, qui voient dans les contrats courts, auparavant perçus comme précaires, un moyen de bien mener leur barque, voire de reprendre le pouvoir. « Le CDD, chez nous, c’est une manière de mettre un bouclier entre nous et le patron, explique une jeune vétérinaire. Ça évite les familiarités, les abus de pouvoir, le harcèlement… » Et ouvre des droits : « Ce type de contrat permet d’avoir plus de flexibilité pour le salarié en évitant les demandes de ruptures conventionnelles mais en partant avec une prime de précarité et le chômage, estime Pauline, 27 ans, paysagiste-concepteur depuis un an. Ça laisse le temps de retrouver un autre emploi dans le but de mieux se former. On évite de stagner quand une entreprise ne veut pas prendre le temps de nous former, nous les jeunes diplômés. »

« Lancer mon propre projet »

Est-ce à dire que le CDD se transforme en une sorte de tremplin ? Pour l’un de nos internautes, pas convaincu, « on en reparlera quand le chômage repartira ». En attendant, Alexis, 25 ans, enchaîne les missions dans diverses entreprises : enquêteur, client mystère, technicien de contrôle,… « Le CDI ne m’intéresse pas, explique le jeune homme. Je cherche surtout des jobs dits alimentaires pour payer mes charges. En parallèle je me forme à la création d’entreprise pour lancer mon propre projet, qui me donne plus de sens pour agir et avoir de l’impact. » Car pour une certaine frange de la génération Z, c’est le salariat dans son ensemble qui ne plaît pas : 20 % des jeunes cadres de moins de 35 ans en ont une image négative et 15 % indiquent même qu’ils préféreraient travailler à leur compte, selon une récente étude de l’Apec.

Mais les jeunes ne sont pas les seuls à ressentir parfois ce rejet. Plusieurs quadras ou quinquas ont confié à 20 Minutes ne jurer que par les CDD ou l’intérim. « Il m’est arrivé que l’on me propose un CDI à la fin, mais non merci, rapporte David, 47 ans. Ce n’est pas ma vision des choses. J’ai déménagé onze fois, j’ai la bougeotte ! »