REFONDATIONEELV se transforme en Les Ecologistes et lance sa propre révolution

A Pantin, EELV se transforme en Les Ecologistes et lance sa propre révolution

REFONDATIONPour aller vers « le temps des victoires », les écolos ne veulent plus simplement un parti mais un mouvement tout autour : un gros défi
La secrétaire nationale d'EELV, Marine Tondelier, samedi 14 octobre 2023, à Pantin (Seine-Saint-Denis).
La secrétaire nationale d'EELV, Marine Tondelier, samedi 14 octobre 2023, à Pantin (Seine-Saint-Denis).  - GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP / AFP
Rachel Garrat-Valcarcel

Rachel Garrat-Valcarcel

L'essentiel

  • Ce samedi, EELV a lancé sa mue en « Les Ecologistes ».
  • Les Ecologistes seront à terme à la fois un mouvement et un parti politique, avec une sorte d’adhésion à la carte.
  • Les Ecologistes veut être le point de passage naturel de tous les écolos. Gros défi.

Ce n’est pas vraiment de sa faute, mais depuis qu’Europe Ecologie - Les Verts (EELV) a engagé son processus de transformation, au printemps, tout tombe toujours à contretemps. Le lancement des Etats généraux de l’écologie s’est fait dans l’anonymat pendant le conflit sur les retraites. Le lancement du mouvement « Les Ecologistes », samedi, à Pantin (Seine-Saint-Denis), a lieu dans un contexte mondial et national dramatique et anxiogène.

Marine Tondelier, la toujours secrétaire nationale d’EELV, a bien entendu commencé son discours par un long développement sur l’attentat d’Arras et la situation au Proche-Orient. « Lancer un nouveau mouvement, était-ce bien le moment, a-t-elle demandé. La réalité, c’est que jamais le monde n’a autant eu besoin de politique. Jamais le monde n’a eu autant besoin d’échange. Et surtout, en cette période troublée, quelle plus belle idée que celle de se retrouver pour faire face, ensemble. »

Alors, ce samedi, les écologistes ont fait de la politique. Mais attention, pas à l’ancienne, de la politique renouvelée, façon « mouvement », bien sûr. Leur promesse depuis quarante ans. « Ce n’est pas juste un changement de nom, c’est un changement de dimension », pour reprendre la formule de Guillaume Gontard, le patron des sénateurs et sénatrices écolos. Un changement indispensable pour aller « vers le temps des victoires », appelé de ses vœux par David Cormand, député européen, une des éminences grises du parti.

Concrètement, le « mouvement », à côté du parti, doit être une sorte de point de chute naturel de tous les écolos du pays, convaincus ou convertis récents. Si on veut participer aux votes dans le parti, alors là il faudra adhérer. Une sorte de sas pour faire venir plus de monde (le fameux million de sympathisants annoncé par Marine Tondelier à son arrivée à la tête du parti) dans un parti pas connu pour être super accueillant.

« On a encore des efforts à faire »

Cela passe principalement par une nouvelle appli mobile « Ecolo ! », outil pour les militants politiques mais aussi pour l’écologie de tous les jours. Cela fait un peu penser à l’appli développée par la France insoumise avant 2022, « Action populaire ». « Oui, c’est un peu ça, mais en mieux », dit-on dans l’entourage de Marine Tondelier. Audacieux quand on sait que cette appli a été développée pendant des mois et des mois. Si « Action populaire » a été un succès pour LFI, le Parti socialiste et l’UMP, en leur temps, ont lancé leurs réseaux sociaux, qui ont vite périclité.

La direction d’EELV revendique au moins 1.000 personnes présentes au lancement du mouvement. « C’est vraiment pas mal pour nous, surtout hors campagne électorale », assure l’entourage de la cheffe du parti. Mais Marine Tondelier a beau répéter depuis des mois « venez comme vous êtes », pour attirer le plus grand nombre, on doit constater que samedi, les écologistes se sont surtout retrouvés entre habitués et habituées. Avec des discours tout ce qu’il y a de plus classique pour un raout écolo.

« On a encore des efforts à faire », reconnaît Cyrielle Châtelain, la présidente du groupe écolo à l’Assemblée nationale. L’évènement avait beau être basé en Seine-Saint-Denis, assez largement encore une terre de mission pour « le premier partie des centres-villes », il avait lieu à la Cité fertile de Pantin, haut lieu de sociabilité de ce qu’on peut sans doute considérer comme « la classe écologique » (à EELV, ils n’ont que cette formule à la bouche) de l’est parisien.

Que les écolos soient moins concentrés sur le parti et plus sur l’extérieur

Aussi, la transformation du parti en tant que tel s’engage à peine. Si la marque « EELV » disparaîtra progressivement dans les prochains mois, dans l’arrière-boutique, rien n’est gagné. Principal problème d’EELV, et des Verts avant : la grande complexité des statuts. Avec comme conséquence que, dans le temps militant des écolos, la partie consacrée à l’interne est énorme. La réforme doit porter le parti vers l’extérieur. « Les Ecologistes combine l’ouverture et la flexibilité sans s’affranchir des règles d’organisation et démocratiques », assure Marine Tondelier. Ses opposants internes se méfient un peu plus de ses intentions. « Ils vont créer des baronnies régionales, imposer le fait majoritaire dans nos votes internes », entend-on ici ou là.

« Toute la semaine, on nous a dit que la feuille de route (qui cadre les futures discussions sur la réforme du parti) ne serait pas adoptée, car toutes les autres motions ont plus ou moins appelé à voter contre, et elle a été largement approuvée par les militants, à plus de 80 %. Ça veut dire que même leurs militants veulent que ça bouge », dit-on dans l’entourage de Marine Tondelier, où on considère quasiment actée la fin prochaine du fonctionnement en « motions », omniprésentes dans le fonctionnement actuel du parti. Jusqu’en février, les militants et militantes d’Europe Écologie - Les Verts auront encore largement le loisir de se concentrer sur eux-mêmes dans des querelles parfois byzantines vues de loin. La seule question qui vaille est : est-ce la dernière fois ?

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