échéancesLa Pologne se prépare à des élections cruciales pour son avenir politique

La Pologne se prépare à des élections serrées et cruciales pour l’avenir du pays

échéancesLes élections dimanche sont considérées comme cruciales pour l’avenir du pays et l’issue dépendra des résultats des petits partis, nécessaires pour former une coalition
Un panneau d'affichage de campagne politique pour le chef du parti au pouvoir en Pologne, Jaroslaw Kaczynski, est accroché à un bâtiment à Kielce, Pologne, mercredi 11 octobre 2023.
Un panneau d'affichage de campagne politique pour le chef du parti au pouvoir en Pologne, Jaroslaw Kaczynski, est accroché à un bâtiment à Kielce, Pologne, mercredi 11 octobre 2023. - Michal Dyjuk/AP/SIPA / SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

L’avenir politique de la Pologne est en jeu. Les électeurs sont appelés aux urnes dans le cadre d’élections législatives pour déterminer si les populistes-nationalistes resteront au pouvoir. Si tous les sondages placent le parti populiste-nationaliste au pouvoir, Droit et Justice (PiS), en première position, il semble impossible qu’il obtienne une majorité absolue.

Selon un sondage réalisé les 9 et 10 octobre par la fondation Ibris, le PiS obtiendrait 33,5 % des voix, devant la Coalition civique (centre) 28 %, la Troisième voie (chrétien-démocrate) 10,9 %, la Gauche 10,1 % et la Confédération (extrême droite) 9,2 %. Le partenaire le plus probable du PiS serait alors la Confédération qui a appelé à en finir avec l’aide à l’Ukraine. Selon cette hypothèse, le PiS et la Confédération obtiendraient ensemble une courte majorité au sein du parlement polonais, qui compte 460 sièges.

Toutefois, un autre sondage réalisé cette semaine par la même organisation montre que les deux partis n’atteignent pas la majorité requise. En revanche, la Coalition civique, dirigée par l’ancien chef du Conseil européen et ex-Premier ministre Donald Tusk, pourrait être en mesure de former une majorité avec deux autres petits partis : la Troisième voie et la Gauche.

Campagne polarisée

Les partisans du PiS affirment que leur victoire permettra au parti de concrétiser sa vision d’une Pologne puissante et souveraine, fondée sur des valeurs traditionnelles, qui maintiendra l’interdiction de l’avortement. La campagne a été très polarisée, marquée par une série d’attaques personnelles contre Donald Tusk, orchestrée par le parti au pouvoir qui l’a accusé d’agir dans l’intérêt de Berlin, Moscou et Bruxelles.

Le PiS a intensifié sa rhétorique antimigrants : le Premier ministre Mateusz Morawiecki a déclaré jeudi que les familles polonaises devraient être protégées contre ces immigrés illégaux « qui n’ont aucun respect pour notre culture ». Selon l’opposition, une victoire du PiS entraînerait des tensions croissantes avec l’Union européenne. L’opposition accuse le gouvernement de préparer un « Polexit », c’est-à-dire la sortie de l’UE.

De nombreux partisans de l’opposition et des organisations non gouvernementales avertissent qu’un troisième mandat des nationalistes affaiblirait davantage les libertés démocratiques, telles que l’Etat de droit et les droits des médias.

L’aide à l’Ukraine en jeu

Kiev aussi observe la situation avec circonspection, car un gouvernement polonais où la Confédération aurait son mot à dire risquerait de détourner Varsovie de sa voie pro ukrainienne.

La Pologne a compté parmi les principaux soutiens de l’Ukraine au sein de l’UE et de l’Otan, et a accueilli un million de réfugiés ukrainiens, mais la lassitude grandit chez nombre de Polonais. Le gouvernement s’est brouillé récemment avec l’Ukraine au sujet de l’interdiction d’importations de céréales, arguant de la nécessité de protéger les agriculteurs polonais.

Selon Marcin Zaborowski, expert au sein du groupe de réflexion Globsec, le parti au pouvoir avait adopté une position plus froide à l’égard de l’Ukraine dans le but d’obtenir des votes nationalistes. « Après les élections, il risque d’être trop tard pour revenir sur cette position, car le mal aura été fait », prévient-il.