RUGBYSexton termine sa carrière par une nouvelle défaite crève-cœur

Irlande-Nouvelle-Zélande : « Dégoûté de pas leur offrir mieux », Sexton en termine par une nouvelle défaite crève-cœur

RUGBYL'ouvreur irlandais termine sa brillante carrière sur une nouvelle désillusion en quart de finale d'une Coupe du monde
Jonathan Sexton a tiré sa révérence après 118 sélections et quatre victoire au tournoi des VI Nations, mais aucune qualification en demi-finale de Coupe du monde.
Jonathan Sexton a tiré sa révérence après 118 sélections et quatre victoire au tournoi des VI Nations, mais aucune qualification en demi-finale de Coupe du monde.  - Emmanuel Dunand  / AFP
Julien Laloye, avec W.P

Julien Laloye, avec W.P

L'essentiel

  • Jonathan Sexton n’a pas réussi à mener son équipe nationale de demi-finale d’une Coupe du monde pour la première fois de son histoire.
  • Le mythique ouvreur irlandais, véritable guide de cette équipe, a disputé son dernier match après une carrière immense riche de 118 sélections, quatre coupes d’Europe avec le Leinster, et autant de tournois des VI Nations.

Au Stade de France,

Commençons par nous dire les choses franchement. On connaît une paire d’amateurs de rugby, pour ne pas dire plus, qui se sont délectés des larmes d’abattement de Jonathan Sexton, en plus d’esquisser un petit sourire moqueur en salle de presse quand nos confrères qui viennent du Nord l’ont applaudi à l’unisson au moment de lui dire au revoir.

Dans notre tête, cela sonnait comme le « Au revoir président » de la pub du loto. Bon débarras en somme. C’est un peu rude pour le génial meneur de cette équipe irlandaise depuis quinze piges, mais l’aversion remonte à ces deux années à montrer son talent à mi-temps sous le maillot du Racing, et doit certainement un peu au caractère mécanique du jeu prôné par Sexton, qui va lâcher la rampe après 118 sélections et presque autant de protocoles commotion.

« Le plus grand joueur irlandais de tous les temps »

Samedi soir, c’est tout un peuple, encore sous le choc de la défaite contre les Blacks, qui devait se résoudre à l’impensable : serrer le vide dans ses bras en imaginant la vie sans son Johnny. Tous les copains lui ont rendu hommage, et pour éviter le catalogue Ikea, on sélectionnera celui du 3e ligne Jack Conan, poignant (pour de vrai) :

« « C’est quelqu’un qui mérite tellement pour les sacrifices qu’il a faits, pour le joueur, la personne, le meneur d’hommes qu’il est. Pendant près de deux décennies, il a représenté tout ce qu’il y a de mieux dans le rugby irlandais. C’est ça le plus dur à accepter, de ne pas pouvoir lui offrir le départ qu’il mérite. C’est notre valeur de référence. C’est lui qui établit le standard à suivre. C’est le meneur, un super mec sur le terrain comme en dehors. Il se perd parfois dans tout ça, mais il s’implique plus que n’importe quel autre joueur que j’aie jamais rencontré ou vu, quel que soit le sport. À mes yeux, c’est le plus grand joueur irlandais de tous les temps, pour tout ce qu’il a fait, et c’est une joie incroyable pour moi d’avoir pu jouer avec lui pendant tant d’années. » »

Caché quelque part au milieu de cette pluie d’éloges, une minuscule critique qui raconte la seule faille dans la cuirasse du robot Sexton : une certaine propension à dérailler à très haute altitude, quand le TGV irlandais ne roule pas sur l’adversaire comme convenu. Samedi soir, l’ouvreur du Trèfle a touché une quantité de ballon astronomique (73, dont un bon paquet sur la dernière action stratosphérique de 5mn17), mais il a raté la pénalité qui aurait sans doute tout changé, à l’heure de jeu, alors qu’elle était largement dans ses cordes. Avec un seul point de retard à l’orée des dernières minutes et les Blacks à portée de drop, ça aurait été une autre limonade.

Aucune qualification en demi-finale de Coupe du monde

Mais voilà, à 38 berges, Sexton a payé un temps de jeu exagéré au premier tour, avant d’être rattrapé par la malédiction des O’Connoly en Coupe du monde. Huit quarts de finale disputés, dont quatre avec Johnny, et zéro qualif en demies. « Je suis très fier des gars, du pays tout entier. On n’aurait pas pu faire mieux, ça se joue à trois fois rien. Ils ont frappé par surprise et ont marqué quelques essais comme ça, et c’est à ça qu’on reconnaît les grandes équipes. On savait qu’on faisait face à une excellente équipe et malheureusement, on a manqué de justesse. »

L’homme aux tempes grisonnantes, qui est allé retrouver sa famille au coup de sifflet final après une mini-embrouille avec un joueur néo-zélandais (on ne se refait pas), s’est ensuite étendu sur ses sentiments plus personnels : « Ç’a été génial. Ces six semaines se sont déroulées comme dans un rêve. Ce groupe, ces fans, je suis tellement dégoûté de ne pas pouvoir leur offrir mieux. Ces dernières années, j’ai vécu les plus beaux moments de ma carrière, surtout avec Faz [Andy Farrell] ici et cette équipe. Je remercie la vie. À 38 ans, c’est normal d’avoir des hauts et des bas. Je penserai à l’avenir au cours des prochaines semaines mais là, je vais profiter de ma famille. »

Et à l’immense chouille qui se prépare en interne pour célébrer ses adieux. Pas de quoi boire trois jours et deux nuits, mais c’est l’idée, selon son compère de la charnière Gibson-Park : « On va essayer de garder la tête haute et de fêter dignement la fin de sa carrière internationale dans les prochaines 24 heures. »

Sujets liés