INNOVATIONL’aéroport de Bordeaux veut devenir « leader » dans le transport par drone

L’aéroport de Bordeaux veut devenir « leader » dans le transport de passagers par drone

INNOVATIONL’aéroport a inauguré ce jeudi la toute première zone d’essais de vols de drones en milieu aéroportuaire de France, qui doit préparer l’infrastructure à l’accueil de taxis volant d’ici à 2035
Exemple d'eVTOL, véhicule électrique à décollage et atterrissage vertical, comme celui de Rolls-Royce.
Exemple d'eVTOL, véhicule électrique à décollage et atterrissage vertical, comme celui de Rolls-Royce. - Rolls-Royce/Cover Images/SIPA / SIPA
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • L’aéroport de Bordeaux-Mérignac accueille désormais un périmètre sanctuarisé d’environ 200 mètres sur 200 mètres, et à environ 500 mètres des pistes de l’aéroport, pour des vols d’essai de drones.
  • « Il s’agit d’une première brique », indique le directeur de l’aéroport Simon Dreschel, en vue de se préparer à l’accueil de drones pouvant transporter des passagers.
  • Impossible de chiffrer le coût d’un tel service à ce jour. « Est-ce que ce sera un produit premium, ou accessible à tout le monde, on ne le sait pas encore », reconnaît le directeur de l’aéroport.

Sauter dans un eVTOL à la descente de son avion à Bordeaux, pour rejoindre le bassin d’Arcachon ou un domaine viticole dans le Bordelais ? L’aéroport de Bordeaux-Mérignac y croit dur comme fer, et entend devenir d’ici à 2035 le premier vertiport français, comprendre le premier aéroport à proposer du vol de passagers par drone, ou aéronef électrique à décollage et atterrissage verticaux.

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Pour cela, l’aéroport a inauguré ce jeudi la toute première zone d’essais de vols de drones en milieu aéroportuaire de France. À l’occasion de l’UAV Show, salon européen du drone professionnel, des démonstrations de drones en tout genre se sont déroulées toute la journée, sur un périmètre sanctuarisé d’environ 200 mètres sur 200 mètres, et à environ 500 mètres des pistes de l’aéroport.

La première zone d'essais de drones en milieu aéroportuaire a été inaugurée ce jeudi à l'aéroport de Bordeaux-Mérignac.
La première zone d'essais de drones en milieu aéroportuaire a été inaugurée ce jeudi à l'aéroport de Bordeaux-Mérignac. - Mickaël Bosredon / 20 Minutes

Le trafic commercial des avions de ligne n’a pas été interrompu pendant toute la durée des essais, ce qui a nécessité la participation de la gendarmerie aérienne, de la DGAC (Direction générale de l'aviation civile) et des contrôleurs de l’aéroport, pour que tout se déroule sans accroc.

« Nous voulons travailler la mobilité de demain »

« Nous sommes en train de mener un plan de transformation de nos activités et nous voulons travailler la mobilité de demain, explique le directeur de l’aéroport Simon Dreschel. Pour cela, il faut des acteurs, un écosystème, et aujourd’hui nous rassemblons des partenaires pour poser une première brique. »

Travailler brique par brique pour doucement monter en puissance et arriver au transport de passagers, c’est la stratégie choisie par l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, « quand d’autres ont adopté une approche différente », souligne Simon Dreschel. Aéroport de Paris, avec la RATP et la région Ile-de-France, envisage de son côté de tester deux lignes de drones taxis durant les JO de 2024, entre les aéroports de Roissy - Charles-de-Gaulle et celui du Bourget, vers les sites olympiques. Si l’opérateur obtient la certification d’ici là, il s’agira toutefois de vols avec pilote, quand l’aéroport de Bordeaux envisage bien un transport sans pilote, mais à plus long terme.

« Sauts de puce »

Malgré les contraintes de survol au-dessus des agglomérations, Simon Dreschel est convaincu que « le transport de passagers par drone arrivera », reste à savoir à quelle échéance. « Pas avant 2035 », avance le directeur de l’aéroport. « Il existe une multitude de machines différentes, de projets différents, en attendant que tout cela émerge, nous voulons que l’infrastructure soit prête, et qu’on arrive à les intégrer dans le trafic aérien. »

Les drones ont pu voler à proximiter des pistes de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac.
Les drones ont pu voler à proximiter des pistes de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac. - UAV SHOW

A ce jour, l’aéroport n’envisage pas de longs trajets en drone. « J’évoque le bassin d’Arcachon ou les châteaux viticoles, car c’est cohérent en matière de distance, et cela a du sens de vouloir rejoindre ces destinations de manière décarbonée, ce qui nous plaît beaucoup, c’est pourquoi nous voulons devenir leader dans ce domaine. Dans tous les cas, il s’agira de petits sauts de puce, avec des modules électriques à l’autonomie restreinte. » En revanche, impossible de chiffrer le coût d’un tel service à ce jour. « Est-ce que ce sera un produit premium, ou accessible à tout le monde, on ne le sait pas encore », reconnaît Simon Dreschel. Pour les taxis volant des Jeux de Paris, un tarif de 110 euros par personne et par trajet avait été avancé.

Zones d’essai pour les opérateurs de drones

En attendant ce futur développement, plusieurs start-up ont pu tester jeudi leurs engins sur la zone d’essais de l’aéroport, qu’il s’agisse de drones pour réaliser de l’épandage agricole, de la démoustication ou de la surveillance. « Toutes ces entreprises seront peut-être amenées à faire voler leurs drones dans le trafic aérien, ou dans un environnement urbain complexe, nous pourrons certifier qu’elles sont capables de le faire en respectant toutes les règles de sécurité », explique François Baffou, directeur de Bordeaux Technowest, l’incubateur de start-up de Bordeaux Métropole, qui a participé à l’élaboration de cette zone d’essais. « Nous-mêmes serons certainement amenés à faire appel à ces drones, par exemple pour la surveillance de notre plateforme aéroportuaire », ajoute Simon Dreschel.

Bordeaux Technowest a par ailleurs officiellement lancé durant l’UAV Show, une autre zone d’essais, pour réaliser cette fois-ci de la longue élongation. Cesa Drones, une entité de Bordeaux Technowest, a signé mardi un protocole avec l’Armée de l’air, la DGA (Direction générale de l’armement) et la DGAC pour la mise à disposition d’un corridor de 6 km de long, qui relie désormais la zone d’essais drones d’Hourtin et la zone côtière de grande élongation de Montalivet, longue de 100 km et large de 5 km.

Cela va permettre aux opérateurs de drones, de partir directement de la zone d’essais d’Hourtin, pour réaliser de la longue élongation dans ce corridor protégé, au-dessus de l’océan. « Ce sera ouvert aux start-up et aux grands groupes, qui ont besoin de zones de plus en plus longues, et de monter de plus en plus haut, pour tester leurs nouvelles technologies », explique Nicolas Parant, directeur de Cesa Drones.