Réseaux sociauxC’est quoi cette mode du PNJ streaming sur TikTok ?

C’est quoi cette mode du « PNJ streaming » qui cartonne sur TikTok ?

Réseaux sociauxCes vidéos mettent en scène des streameurs, se filmant en train de répéter mécaniquement des phrases et des actions, comme un personnage de jeux vidéo
L’une des streameuses les plus connues sur TikTok est PinkyDoll, dont la phrase fétiche « Ice cream so good » prononcée à chaque fois qu’elle reçoit une glace virtuelle, est devenue un mème.
L’une des streameuses les plus connues sur TikTok est PinkyDoll, dont la phrase fétiche « Ice cream so good » prononcée à chaque fois qu’elle reçoit une glace virtuelle, est devenue un mème. - Pinkydollreal / TikTok
Hakima Bounemoura

H. B.

L'essentiel

  • Ces vidéos, qui mettent en scène des streameurs se filmant en train de répéter mécaniquement des phrases ou des actions comme un personnage de jeux vidéo, ont envahi TikTok.
  • L’aspect itératif et hypnotisant du « PNJ streaming » semble captiver de nombreux internautes.
  • L’une des streameuses les plus connues sur TikTok, Pinkydoll, est suivie par plus d’un million d’abonnés.

Certains streameurs peuvent gagner jusqu’à 4.000 dollars par live. Depuis quelques mois, des vidéos d’un nouveau genre ont envahi les réseaux sociaux, et notamment la plateforme TikTok. Elles mettent en scène des créateurs de contenu se filmant en streaming, en train de répéter mécaniquement des phrases et des actions, comme le ferait un PNJ, un « personnage non-joueur » préprogrammé dans un jeu vidéo. Ces contenus, dont l’intérêt peut paraître très limité, cartonnent pourtant auprès des internautes, et font gagner chaque jour plusieurs milliers de dollars à leurs créateurs.

Durant ces « PNJ streaming », chaque spectateur peut envoyer au streamer des jetons ou bien des « cadeaux » sous la forme de petits émojis, chacun correspondant à une somme versée directement sur le compte du streameur. Ces cadeaux activent des phrases ou des actions spécifiques, exécutées avec à chaque fois le même ton, et les mêmes mouvements, comme un robot ou un personnage de jeu vidéo. Pendant plusieurs heures, ils réalisent ainsi les actions demandées telles des « marionnettes », en regardant fixement la caméra.

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Des audiences qui cartonnent

Certains pourraient se moquer de ce nouveau genre de streaming, mais le succès est indéniable. L’aspect itératif et hypnotisant du PNJ streaming semble en effet captiver de nombreux internautes. L’une des streameuses les plus connues sur TikTok est PinkyDoll, dont la phrase fétiche « Ice cream so good » prononcée à chaque fois qu’elle reçoit une glace virtuelle, est devenue un mème. Elle attire à chaque live plusieurs dizaines de milliers de spectateurs. Ses expressions robotiques, et ses imitations de ballons de baudruche qui explosent, lui ont permis de réunir plus d’un million de fans sur TikTok.

L’argent gagné grâce aux cadeaux reçus lors des lives a attiré de nombreux créateurs qui se sont à leur tour lancés dans ce genre de contenus, comme Nathan Live, Natuecoco, Satoyu727, et Cherry Crush, chacun apportant sa petite touche personnelle. Même un certain Jawad, tristement connu dans le cadre des attentats du 13-Novembre, s’y est essayé il y a quelques jours. Celui que l’on surnomme « le logeur de Daesh » et qui a été condamné à quatre ans de prison, a posté un PNJ streaming sur son compte TikTok, qui en a laissé plus d’un dubitatif…

« Les héritières des "e-girls" »

Mais la très grande majorité de ces contenus sont réalisés par des femmes. Si les vidéos PNJ peuvent sembler divertissantes en apparence, elle cache une toute autre réalité, estime Christine Tran, chercheuse spécialisée dans les cultures numériques à l’Université de Toronto. Selon elle, les streameuses PNJ « peuvent être considérées comme les héritières des ''e-girls'' qui ont inondé Twitch et TikTok dans les années 2020 ». Ces créatrices, souvent sexualisées, ont développé leur audience « en combinant l’esthétique de la culture gamer avec l’influence des cam girls ». L’objectif étant « de se servir d’une plateforme grand public pour attirer les spectateurs sur d’autres réseaux plus intimes », explique la chercheuse au Guardian. Les très populaires Pinkydoll et Cherry Crush possèdent en effet des comptes sur OnlyFans, un réseau social qui propose des contenus érotiques, voire pornographiques.

Certains internautes ont également dénoncé une sorte de fétichisme dans ces lives, dans lesquels les streameuses se comportent finalement comme des poupées, répétant des phrases à l’infini pour obtenir de l’argent. « Le côté hypnotique des vidéos et le fait que ces créatrices imitent des personnages sans volonté propre, avec des mimiques lascives, fait penser à du contenu pour adulte », a ainsi fait remarquer une utilisatrice de Twitter.