Les soldats de l’IAComment les pompiers utilisent l’IA pour mieux intervenir et sauver

Intelligence artificielle : Comment les pompiers utilisent l’IA pour mieux intervenir et sauver

Les soldats de l’IAElle ne remplacera jamais l’humain, mais l’intelligence artificielle est déjà testée par quatre services départementaux d’incendie et de secours pour améliorer la prise en charge des victimes, le travail des pompiers et l’anticipation des sinistres
Le Sdis de la Haute-Garonne fait partie des précurseurs de la mise en place de l'intelligence artificielle au service des pompiers. (Illustration)
Le Sdis de la Haute-Garonne fait partie des précurseurs de la mise en place de l'intelligence artificielle au service des pompiers. (Illustration) - Fred Scheiber / 20 Minutes
Lucie Tollon

Lucie Tollon

L'essentiel

  • L’intelligence artificielle (IA) commence peu à peu à se développer chez les sapeurs-pompiers avec la création d’une collaboration entre les SDIS de la Haute-Garonne, du Rhône, de l’Ain et du Doubs.
  • L’IA doit pouvoir améliorer les choix stratégiques d’emplacement de casernes, du nombre de camions à tel endroit ou du nombre de pompiers sur une intervention.
  • Concrètement, l’intelligence artificielle va pouvoir permettre d’optimiser les interventions, d’aider au plus fort les victimes et prédire des potentielles interventions.

Analyse des voix, détection précoce des feux, analyse des sinistres… Si les pompiers se donnent corps et âme à leur mission, l’intelligence artificielle peut être cette béquille, nécessaire à une meilleure prise en charge des victimes et des dangers. Entre études et projets, l’IA, peu à peu, va transformer le travail des soldats du feu.

En premier lieu, sur le terrain, cette technologie va permettre de rejouer des scénarios pour mieux les anticiper. « Avec Aum-Byosync et SAD Marketing, on essaie de voir comment, en prenant des données historiques, on peut optimiser les interventions. Par exemple, on pourra prendre les données statistiques d’un vendredi après-midi très pluvieux, voir les sinistres les plus fréquents et ainsi les anticiper », décrypte Thibaut Reffay, officier sapeur-pompier et cofondateur d’Atraksis, une association qui met en lien les start-up dans l’IA et les Sdis. Dans un but plus structurel, l’intelligence artificielle pourra améliorer les choix stratégiques d’emplacement de casernes, du nombre de camions à tel endroit ou du nombre de pompiers sur une intervention. « Le but est l’efficacité », ajoute Stéphane Theron, chargé du Pôle innovation à l’occasion du Congrès des sapeurs-pompiers de France qui a eu lieu du 4 au 8 octobre à Toulouse.

Anticiper la propagation d’un feu

A cela s’ajoute, le cœur du métier des soldats du feu : les incendies. « On va pouvoir étudier le comportement du feu grâce au projet FireCaster du CNRS. Un feu de forêt est soumis à de nombreux paramètres. La propagation est liée à la typologie de la végétation. Maintenant que nous avons des données, entre la météo, le lieu du feu, etc., on va pouvoir avoir des modèles pour qualifier la probabilité de l’évolution du sinistre, l’axe, la vitesse. On ne prédit pas l’avenir mais on s’appuie sur des statistiques et probabilité », développe le spécialiste de l’IA chez les pompiers.

Sans compter, évidemment, l’utilisation des images satellites et des drones pouvant, déjà, détecter les feux de forêt précoces. Ces IA peuvent interpréter les premiers signaux et aviser s’il s’agit d’un départ d’incendie ou d’un petit brasier sans conséquence qui ne demande pas l’intervention des soldats du feu.

Mais l’humain dans tout ça ? « Une des études que l’on aimerait pousser est sur l’utilisation d’une IA pour analyser les prises d’appels. Elle pourrait détecter les mots-clés, analyser les émotions de l’opérateur et de la victime et même traduire automatiquement les langues », espère Thibaut Keffay. « Cela pourrait permettre de détecter les facteurs de stress dans la voix. Les éléments pourront être analysés pour infirmer ou confirmer ce que dit la personne et apporter des informations complémentaires sur le statut de la personne », ajoute Stéphane Theron du SDIS de la Haute-Garonne. Pour l’instant, rien n’est encore développé et cette IA devra comme pour tout passer en phase de test avant d’être déployé sur le territoire national et européen.

« L’IA n’est pas là pour remplacer l’homme »

Pour les sapeurs-pompiers, des gilets connectés pourraient également être mis en place pour suivre les données de pompiers en intervention. « Ces gilets pourraient prévenir les dangers auxquels font fasse les personnes sur le terrain. Si un pompier est en stress thermique, il pourra être averti qu’il doit ressortir » précise le cofondateur d’Atraksis.

« L’intelligence artificielle n’est pas là pour remplacer l’homme mais pour devenir plus performant dans l’identification des sinistres et la sécurisation de nos intervenants et des victimes », rassure enfin Stéphane Théron. « Nous attachons une importance primordiale à la formation de nos équipes. Ce n’est pas la magie noire, c’est une science dont l’impact peut être très intéressant pour nos services », conclut l’officier Thibaut Reffay.

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