interviewOn a rencontré le champion du monde de… cheval à deux pattes

« Un excellent remède contre la morosité », raconte le champion du monde de cheval à deux pattes

interviewLes Herbiers (Vendée) accueillent ce samedi les troisièmes championnats du monde d’équitation… sans cheval. Tenant du titre et membre du jury 2023, Alexis Poirier décrypte ce gros délire qui réunira tout de même 120 cavaliers
L'épreuve de reprise de dressage du dernier championnat du monde de cheval à deux pattes.
L'épreuve de reprise de dressage du dernier championnat du monde de cheval à deux pattes. - Maindron production / Maindron production
Frédéric Brenon

Propos recueillis par Frédéric Brenon

L'essentiel

  • Le championnat du monde de cheval à deux pattes se déroule ce samedi aux Herbiers (Vendée).
  • Vingt équipes composées de six cavaliers vont se disputer la victoire.
  • Deux épreuves sont au programme : le hennissement et la chorégraphie.

Quelque 120 « cavaliers » sont réunis ce samedi aux Herbiers (Vendée) pour la troisième édition du championnat du monde de cheval à deux pattes. Un événement loufoque qui consiste à imiter l’équitation sans le moindre cheval, donc à pied, un bâton entre les jambes. Créée en 2018, cette drôle de compétition avait été mise en pause à la suite de la crise sanitaire. Elle effectue son retour avec deux épreuves au programme ce samedi : le hennissement et la reprise de dressage. Entretien avec Alexis Poirier, sacré champion du monde en 2019 avec ses cinq camarades.

Avec votre équipe des Moustachuu, vous êtes les champions du monde en titre de cheval à deux pattes. Qu’est-ce que ça représente ?

C’est la classe ! Etre champion du monde, ce n’est pas donné à tout le monde quand même. En plus, avec la pause du Covid, on l’est resté quatre ans (rires). On ne retournera pas sur la piste cette année puisque je suis membre du jury. De toute façon, on préférait finir sur un titre ! On voulait finir au sommet (rires).

C’est quoi alors ce championnat, une compétition exigeante ou juste un gros délire ?

Un peu des deux ! C’est accessible à tout le monde mais c’est quand même un peu sportif. Il faut tenir le rythme, être bien coordonné, il y a pas mal de pas chassés, des petits sauts… Mais, bon, il ne faut pas se prendre au sérieux ! Mon conseil, c’est de profiter à fond, mettre l’ambiance, s’amuser avec le public. Tout ça c’est de l’humour. Plus on est ridicule, plus c’est drôle !

Comment vous êtes vous lancés là-dedans il y a quatre ans ?

On avait vu la première édition, ça nous avait fait marrer et on s’est dit « pourquoi pas nous ? ». On ne connaissait rien du tout à l’équitation, la plupart d’entre nous n’étions jamais montés à cheval. C’était pour la blague, passer un bon moment entre copains. On a fait des étapes préparatoires à Arcachon et on s’est retrouvé qualifié pour le championnat du monde. Là, on s’est dit qu’il fallait faire les choses bien.

L'équipe des Moustachuu est la championne du monde 2019 de cheval à deux pattes.
L'équipe des Moustachuu est la championne du monde 2019 de cheval à deux pattes. - Moustachuu

Et vous aviez gagné. Qu’est-ce qui a fait la différence en votre faveur ?

L’originalité et l’énergie. On s’était créé un univers inspiré de Freddie Mercury, avec des moustaches et du Queen à plein tube. On avait su séduire le public, c’est ça qui a plu je pense. Côté technique, en revanche, on n’était pas au top. C’était plus un spectacle d’arts de rue qu’autre chose.

Faut-il beaucoup s’entraîner pour réussir ?

Ça dépend (rires). Nous, on avait fait seulement trois répétitions les jours précédents. Pour le hennissement, il ne faut pas trop se poser de questions. Pour le dressage, il y a des pas imposés à reproduire, on peut les apprendre avec des tutos. Mais ce qui compte, surtout, c’est de préparer une chorégraphie qui tienne un peu la route, d’être bien ensemble quoi. Il y a aussi les costumes à préparer, ainsi que le cheval en bâton. Certains les fabriquent eux-mêmes. Nous, je crois qu’on avait acheté les bâtons dans le commerce.

Vous aviez décidé de prolonger la blague au-delà du championnat…

Oui, on a profité de notre titre pour partir en tournée en traversant la France jusqu’en Suisse, juste avant le Covid. Pendant cinq jours, on s’arrêtait dans les centres-villes pour refaire le spectacle. Parfois il n’y avait quasiment aucun spectateur, d’autres fois des centaines de personnes ! C’était génial. Comme on avait été médiatisé à l’époque, notamment à la télévision, certains nous reconnaissaient dans la rue. On avait quelques fans qui nous suivaient. J’en rigole encore !

L’actualité est particulièrement dure en ce moment. Cet événement absurde a-t-il du sens ?

Ça fait vraiment du bien. Il faudrait encore plus d’initiatives comme ça. L’actualité est triste, on n’entend que parler d’horreurs dans les médias… Avoir des moments comme ça qui permettent de débrancher un peu le cerveau, de rire, d’avoir un peu de folie, c’est important. C’est un excellent remède contre la morosité !

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