AudienceLes étranges aveux téléphoniques de Gérald Thomassin lors du procès Diallo

Les étranges aveux téléphoniques de Gérald Thomassin exhumés lors du procès Diallo

AudienceSi Mamadou Diallo est jugé pour le meurtre de Catherine Burgod devant la cour d’assises du Rhône, l’acteur Gérald Thomassin a longtemps fait figure de suspect numéro un. Malgré sa disparition, il s’est invité de nouveau dans les débats mercredi
Si Mamadou Diallo est jugé pour le meurtre de Catherine Burgod devant la cour d’assises du Rhône, l’acteur Gérald Thomassin a longtemps fait figure de suspect numéro un.
Si Mamadou Diallo est jugé pour le meurtre de Catherine Burgod devant la cour d’assises du Rhône, l’acteur Gérald Thomassin a longtemps fait figure de suspect numéro un. - Caroline Girardon/20 Minutes / 20 Minutes
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • Acquitté en première instance, Mamadou Diallo est rejugé devant la cour d’assises du Rhône pour le meurtre de Catherine Burgod.
  • Un meurtre dont a été longtemps soupçonné Gérald Thomassin, ancien espoir du cinéma français.
  • L’ombre de l’acteur, disparu en 2019, continue de planer sur le procès, au cours duquel ses étranges aveux téléphoniques ont été diffusés, mercredi.

A la cour d’assises du Rhône

« Ce n’est pas le procès de Gérald Thomassin. » D’un ton ferme voire un brin cassant, Eric Chalbos, président de la cour d’assises du Rhône, renvoie une fois de plus Sylvie Noachovitch dans ses cordes. Brisant chaque tentative de la défense, chaque argument déployé pour planter la graine du doute dans l’esprit des jurés. Car si l’acteur a longtemps été soupçonné du meurtre de Catherine Burgod, il a depuis « bénéficié d’un non-lieu », rappelle le magistrat, indiquant à la cour que la « question de sa culpabilité ne se posera pas » à l’heure de délibérer.

Pourtant, l’ombre de Thomassin ne cesse de planer sur le procès de Mamadou Diallo, seule personne ayant pris place sur le banc des accusés. Disparu depuis plus de quatre ans, l’ancien espoir du cinéma français s’est à nouveau invité dans les débats, ce mercredi, malgré son absence. Malgré lui. Il aura suffi pour cela d’entendre sa voix légèrement nasillarde. Une voix trahissant un état de défonce prononcé, malgré un débit « intelligible ». C’était le soir du 25 juin 2013, près de cinq ans après le meurtre de la mère de famille.

« C’est moi qui ai tué la dame »

En pleine nuit, l’acteur à la dérive téléphone à son frère. Sa requête est simple, il doit veiller sur son chien car dans quelques jours, il a rendez-vous à la gendarmerie. « C’est moi qui ai tué la dame », lance-t-il d’emblée. « T’es con ! Pourquoi tu dis ça ? », répond Jérôme, dubitatif. « Je me suis pris 3.000 balles dans la poche et je suis parti à la Rochelle. Je te dis que c’est moi », insiste-t-il. « Mais non, tu n’es pas capable de tuer une mouche, arrête tes conneries, rétorque le frangin. T’as pris quoi comme médicament ce soir ? »

Mais l’homme insiste. « Non, c’est moi, je sais que je l’ai fait », martèle-t-il en boucle pendant une quinzaine de minutes, sans jamais livrer de détail. « Je sais que tu n’es pas capable de tuer une souris, alors une femme, non. Arrête ton film », lui intime une nouvelle fois l’aîné, avant de le prévenir : « J’espère que tu n’as pas raconté la même chose ce soir à 150 personnes parce que tu sais comment les gens sont. Ils parlent beaucoup. Tu vas encore te mettre dans des emmerdes, dans des histoires où tu n’as besoin d’aller. »

« Gérald, c’était la tête de Turc »

Qu’importe, Thomassin continue de se flageller. Dans la salle, attentive à l’écoute de cette étrange conversation téléphonique, la voix du frère résonne encore : « Tu es en train de débloquer à fond, parce que là, tu es complètement stone. Tu ferais mieux d’aller dormir. » « Les flics, ils n’ont rien alors autant leur dire qui c’est. Je vais prendre la responsabilité », lance le marginal, menaçant d’aller tout raconter aux enquêteurs sur-le-champ. « Ok, vas-y si tu as envie de passer la nuit en garde à vue. Tu es grand, tu as 39 ans mais tu seras placé en cellule de dégrisement, c’est tout ce que tu vas gagner », lui reproche une dernière fois son frère avant de le congédier.

« Il en avait marre qu’on s’acharne sur lui »

Interrogé mercredi après-midi en visioconférence, Jérôme Thomassin se souvient encore précisément de ces troublants aveux. « Gérald n’était pas dans un état normal. Il était complètement ivre », vole-t-il à son secours. « Gérald, c’était la tête de turc », un « aimant à merde » appuie-t-il, écœuré que la défense tente d’orienter les soupçons sur son frère qu’il imagine « décédé aujourd’hui ». « Gérald, il a toujours clamé son innocence depuis cette conversation. Il en avait marre qu’on s’acharne sur lui. C’était du délit de sale gueule, résume le témoin de l’autre côté de l’écran. Oui, il se droguait. Il buvait mais ce n’était pas une raison pour l’accuser »

« En même temps, il a donné le bâton pour se faire battre », observe à son tour le président Eric Chalbos, avant de rappeler une ultime fois à l’intention des jurés que tout « ça ne doit pas avoir d’influence sur le jugement Diallo ». Réponse jeudi soir.