victime de guerreQui est le journaliste palestinien tué par une frappe israélienne ?

Guerre Hamas – Israël : Qui est Roshdi Sarraj, journaliste palestinien tué par une frappe israélienne ?

victime de guerreFixeur pour plusieurs médias français, le journaliste est aujourd’hui pleuré par la profession
Un journaliste assis avec un appareil photo observe depuis sa position la ligne d'horizon du nord de la bande de Gaza pendant un bombardement israélien, le 18 octobre 2023 (image d'illustration).
Un journaliste assis avec un appareil photo observe depuis sa position la ligne d'horizon du nord de la bande de Gaza pendant un bombardement israélien, le 18 octobre 2023 (image d'illustration). - JACK GUEZ / AFP
Cécile De Sèze

C.d.S

«Raconter ce qui se passe » ou « rester à la maison et ne rien faire ». Voilà les deux choix qui s’imposaient à Roshdi Sarraj, journaliste et photographe palestinien dans la bande de Gaza. Il a été tué dans un bombardement israélien dimanche, ont annoncé différents journalistes français. Roshdi Sarraj était en effet fixeur pour les médias français qui se rendaient dans l’enclave palestinienne.

Il travaillait notamment pour Radio France ou Mediapart. Ceux qui l’ont côtoyé sur le terrain pleurent un « ami », « celui sans qui je n’étais rien là-bas », raconte ainsi Alice Froussard, journaliste pour la rédaction internationale de Radio France.

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Ce journaliste de 31 ans était marié et père d’une fille de moins d’un an. Les deux femmes de sa vie ont été également blessées dans le bombardement, selon Alice Froussard. « Roshdi était journaliste et il racontait l’horreur sur place, celle qu’on ne veut pas regarder dans les yeux. Il était celui qui nous informait en premier, celui qui risquait sa vie pour ça, au moment où personne ne peut entrer », ajoute-t-elle. Il avait cofondé l’agence Ain Media qui a annoncé la mort du journaliste sur les réseaux sociaux « cinq ans après l’assassinat de l’autre cofondateur et journaliste d’Ain Media, Yaser Murtaja, assassiné lui aussi par les forces d’occupation israéliennes alors qu’il couvrait les événements de la grande marche pacifique du retour en 2018 à la frontière de la bande de Gaza ».

Période « la plus difficile » de sa carrière

Depuis l’attaque terroriste du Hamas sur le sol israélien du 7 octobre, 18 journalistes palestiniens, 4 journalistes israéliens et 1 journaliste libanais sont morts, selon un bilan de la fédération internationale des journalistes (FIJ). Le Syndicat national des journalistes s’est dit « profondément choqué par les meurtres de ses confrères. Ce décompte morbide est insupportable, et porte un terrible coup à la liberté de la presse dans la région ».

Roshdi Sarraj avait raconté dans les colonnes de Mediapart la passion qui l’animait pour son métier, son envie d’informer sur la situation des Gazaouis et les difficultés de vivre dans l’enclave palestinienne depuis le 7 octobre. « C’est la période la plus difficile à laquelle j’ai eu à faire face dans mon travail. C’est un désastre. Nous avons fait face à des offensives et à un blocus israéliens depuis des années mais là c’est horrible », se désolait-il interrogé par Céline Martelet à l’occasion du décès d’un autre journaliste, Ibrahim Lafi, qui collaborait avec Mediapart.

« Nous, les journalistes de Gaza, nous sommes terrorisés quand nous allons sur le terrain. Parce que nous laissons nos familles dans nos maisons et l’armée israélienne peut les prendre pour cibles, ajoutait-il. Israël essaie de couper aussi la bande de Gaza médiatiquement, en réduisant notre accès à Internet. Comme cela, le monde n’aura aucune image de ce qu’ils sont en train de faire ici. Des crimes de guerre qu’ils commettent contre des femmes, des enfants, des civils. » Ainsi, malgré la peur, la terreur, d’être la cible d’un bombardement, « nous n’avons pas le choix », affirmait Roshdi Sarraj. « En fait, en tant que journaliste, je n’ai que deux options : continuer à faire mon métier pour raconter ce qui se passe, ou rester à la maison et ne rien faire. Moi j’ai choisi de filmer, de photographier pour que le monde entier sache ce qui se passe dans la bande de Gaza. »