ENQUÊTEUn mois après la disparition de Lina en Alsace, le mystère reste entier

Disparition de Lina : Après un mois d’enquête, il y a des avancées mais le mystère reste entier

ENQUÊTEIl y a un mois tout juste, Lina, une adolescente de 15 ans, disparaissait sur le trajet entre son domicile et Strasbourg dans le Bas-Rhin alors qu’elle allait rejoindre son petit ami. Depuis, rien ou presque. « 20 Minutes » fait le point sur l’enquête
Illustration. Les enquêteurs de la gendarmerie lors des recherches pour retrouver Lina,15 ans, disparue en septembre dernier dans le Bas-Rhin.
Illustration. Les enquêteurs de la gendarmerie lors des recherches pour retrouver Lina,15 ans, disparue en septembre dernier dans le Bas-Rhin.  - FREDERICK FLORIN / AFP / AFP
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • Lina, 15 ans, adolescente sans histoire s’est volatilisée le samedi 23 septembre, en fin de matinée dans le Bas-Rhin. Elle se rendait à pied à la gare de Saint-Blaise-la-Roche, à trois kilomètres de chez elle – un trajet qu’elle avait l’habitude de faire –, pour prendre le train et rejoindre son petit ami à Strasbourg.
  • Une enquête est depuis ouverte par le parquet de Strasbourg pour « enlèvement et séquestration non suivi d’une libération volontaire de plus de sept jours ».
  • Un mois après, malgré de nombreuses fouilles, de découvertes et de témoignages, les investigations des enquêteurs n’ont toujours pas permis de retrouver la jeune fille.

C’était il y a tout juste un mois, le samedi 23 septembre dernier dans le Bas-Rhin. Par une journée ensoleillée, Lina, 15 ans, une adolescente sans histoire scolarisée en CAP « aide à la personne » et effectuant un stage depuis peu dans une supérette, disparaissait. L’adolescente se rendait à pied à la gare de Saint-Blaise-la-Roche, une toute petite commune du massif des Vosges, pour prendre un train en direction de Strasbourg. Lina était supposée parcourir un trajet de moins de trois kilomètres de chez elle, trajet qu’elle avait l’habitude de faire, à pied. Depuis, mystère. Malgré des battues citoyennes, des fouilles poussées par les gendarmes de la section de recherche de Strasbourg, des analyses d’images de vidéosurveillance, de témoignages, d’auditions, rien. Lina s’est volatilisée.

Après une première semaine d’enquête en flagrance pour « disparition inquiétante » dirigée par le parquet de Saverne, l’enquête revenait au parquet de Strasbourg qui ouvrait, dès le 2 octobre, une « information judiciaire contre X pour enlèvement et séquestration non suivie d’une libération volontaire avant le septième jour ». L’enquête rentrait dans une nouvelle phase avec la nomination de deux magistrats instructeurs en charge de l’affaire. Un parquet qui soulignait dès lors, « qu’aucune charge contre quiconque », aucune piste n’était « ni écartée ni privilégiée ». Depuis ce 2 octobre, le parquet qui laissait entendre que les investigations seraient de longue haleine, n’a plus jamais communiqué

« officiellement » sur l’enquête.

Quelques certitudes et des témoignages parfois déconcertants

Aujourd’hui, ce que l’on sait avec certitude, et ce, dès le début de l’enquête, se résume finalement à peu de choses. De quoi renforcer plus encore aujourd’hui le mystère autour de cette disparition et laisser les habitants de la vallée de la Bruche dans l’angoisse et la suspicion. On sait par exemple que la jeune fille n’a pas pris le train pour Strasbourg, les caméras en témoignent. Ou bien encore que son téléphone a borné pour la dernière fois à 11h22. Lina aurait envoyé quelques minutes avant une courte vidéo d’elle marchant sur la route à Tao, son petit ami qui l’attendait à Strasbourg.

Autres certitudes, deux témoins ont très vite signalé avoir vu la jeune fille, notamment l’ancien maire de la commune qui l’a croisée quelques minutes à peine avant sa disparition sur la route RD350, route que la jeune fille devait bien emprunter. Une semaine après, un troisième homme apportait un témoignage inattendu, relayé dans les médias, expliquant l’avoir « vue passer dans une petite voiture bleue » conduite par un homme dont il n’a vu que le bas du visage ayant « une barbichette ». La jeune femme lui aurait adressé « un coucou en passant », a ajouté cet habitant du même hameau de résidence que l’adolescente. Problème : le véhicule aperçu circulait dans le sens inverse de la direction prise initialement par Lina qui devait se rendre à la gare. Autre témoignage important, celui du père d’une autre adolescente de 15 ans, également domiciliée à Plaine, qui a relaté la présence d’un homme, à bord d’une voiture grise, qui aurait importuné sa fille à deux reprises. Il lui aurait fait peur au point de faire fuir cette dernière, et cela deux jours avant la disparition de Lina.

Depuis, les enquêteurs ont établi une frise chronologique des évènements afin de recouper les éléments des témoignages recueillis. Des éléments qui confirment que Lina aurait disparu en quelques minutes seulement. A-t-elle été enlevée ? Ou est-elle montée dans le véhicule d’une connaissance ?

Des fouilles sans suite ?

Après d’intenses et infructueuses recherches dans la région de Plaine, les fouilles de maisons, particulièrement l’une d’un village dont le propriétaire avait été auditionné, n’ont pas apporté, à ce qu’il semble, d’élément probant permettant de faire avancer significativement l’enquête. Aucune communication n’a été faite par le parquet concernant les résultats de ces investigations, ni celles concernant plusieurs voitures bleues qui ont été faites dans différentes communes dans et autour de Plaine.

L’étude du téléphone du petit ami

Dernier élément, la perte du téléphone de Tao, le petit ami de Lina, révélée par nos confrères du Nouveau détective. Perdu lors d’une fouille dans un garage abandonné au lendemain de la disparition de la jeune fille, et retrouvé une semaine plus tard par les gendarmes. Une perte qui a longuement animé les réseaux sociaux, le téléphone pouvant fournir aux enquêteurs de précieuses informations. Quinze jours plus tard, aucun élément de ce que contient ce fameux téléphone n’a été communiqué. Silence total.

A ce jour, aucune interpellation n’a été faite et les informations sur les avancées du dossier restent rares. Un silence qui participe probablement à la prolifération de rumeurs plus étonnantes les unes que les autres sur les réseaux sociaux. Sollicité par 20 Minutes ce lundi 23 octobre, le parquet indique qu’il n’y a pas de communication prévue sur l’affaire. Après un mois, la seule certitude qui est déjà vérifiée, est que l’enquête s’annonce longue… et discrète.