reportage« Tant que les bus sont fluides… », première soirée sans métro à Marseille

Marseille : « Tant que les bus sont fluides… », c’est parti pour deux ans sans métro en soirée

reportageLa métropole se lance dans un chantier d’automatisation des deux lignes de métro de Marseille, nécessitant leur fermeture en soirée la semaine pendant au moins deux ans. Des bus de substitutions ont été mis en place
Vingt-six bus de substitution, gratuits, ont été mis en place à Marseille pendant les travaux sur les lignes de métro.
Vingt-six bus de substitution, gratuits, ont été mis en place à Marseille pendant les travaux sur les lignes de métro. - A. Vella / 20 Minutes
Alexandre Vella

Alexandre Vella

L'essentiel

  • A Marseille, les métros de la ville ne circuleront plus en semaine à partir de 21h30 pendant au moins deux ans.
  • Des bus de substitutions, gratuits, ont été mis en place.
  • Ce lundi soir marquait le lancement de ce changement.

Un bus marqué « M1 » avance dans la nuit marseillaise balayée par un vent chaud du sud. « C’est le bus relais ? », interroge Tarik, 37 ans, veste en coton et pochette d’ordinateur sous le bras. Il est 22 heures et il sort du travail. Et comme tous les travailleurs du soir ou noctambules Marseillais, Tarik va devoir s’y faire : les métros de la ville ne circuleront plus en semaine à partir de 21h30 pendant au moins deux ans, sauf « événement ». C’est-à-dire essentiellement les matchs de Coupe d'Europe de l’OM les mercredis ou jeudis.

« Je me préparais à rentrer à pied »

Pour ne pas laisser les habitants sans transport, la RTM (Régie des transports marseillais) a mis en place des bus de substitution gratuits avec une cadence d’une dizaine de minutes. Tarik monte dans le bus au niveau de l’arrêt de métro Estrangin-Préfecture, en plein centre de la ville. « Je me préparais à rentrer à pied », souffle-t-il. Dans celui-ci, environ dix personnes sont assises. Le véhicule file, l’écran qui annonce d’ordinaire les arrêts défile les noms des stations de métros et situe le bus sur son parcours.

« Ce n’était pas facile à trouver », soupire Rachel, une Anglaise trentenaire, installée à Marseille depuis trois ans. « J’ai installé l’application de la RTM mais ce n’était pas clair. J’ai fini par demander à quelqu’un où se trouvait l’arrêt de bus », exprime-t-elle dans un français maladroit. Pour guider les usagers, de petits panneaux avec un plan indiquant l’arrêt du bus relais ont été ajoutés aux abords des stations de métro. Les déçus de cette fermeture qui doit permettre la modernisation et l’automatisation des lignes ont aussi collé leurs affiches. « Non à la fermeture du métro à 21h30 pour deux ans », titre une feuille A4, scotchée à l’entrée de bouches de métro.

La circulation est fluide ce lundi soir. Dans le bus qui remplace la ligne 2, Eloïse, 24 ans et interne à l’hôpital est soulagée : « J’avais très peur. A Marseille, les transports, ça a toujours été problématique, et je les prends tous les jours. C’est pour ça. Mais tant que les bus sont fluides, ça va ». La jeune femme va pouvoir sans souci rejoindre ses amis au Vieux-Port. « Si ça dure deux ans, ça va, mais certains commencent à parler de quatre ans, je trouve ça long », ajoute l’étudiante en médecine.

La métropole attendue au tournant

Au bout de la ligne 1, à l’arrêt Timone – un autre bus prend le relais jusqu’au terminus habituel du métro – deux employés de la RTM notent les temps de rotation des bus pour affiner le service. Vingt-six véhicules ont été déployés pour compenser les deux lignes de métro et à 23 heures passées, il n’y a pas eu d’écarts, selon leurs relevés. La RTM, et plus encore la métropole d’Aix-Marseille, compétente en matière de transports et qui a décidé du chantier, se sait attendue au tournant.

« Je m’attends à mettre trois fois plus de temps », anticipe en montant dans le bus un agent de sécurité incendie qui rentre chez lui. Trois stations de métro séparent son lieu de travail de son appartement. Un trajet que le bus complète en dix minutes, montre en main. Reste qu’il trouve quand même « le métro plus pratique » et globalement l’offre de transport à Marseille « cher pour le service. Je paie 500 euros par an », précise-t-il.

Pour une première et le temps de ce reportage, le service de bus de substitution semble fonctionner à l’égal des métros. Les trajets sont rapides. Le cadencement paraît tenu. A une subtilité prête : il ne faut pas oublier de demander l’arrêt, au risque de se retrouver au suivant.