UNIQUELes jeunes motivés pour aller travailler en Antarctique malgré le salaire

Travailler dans une station polaire de l’Antarctique ? L’expérience attire malgré les bas salaires

UNIQUEDe nombreux jeunes se lancent dans l’aventure grâce au programme de service civique
Une station de recherche australienne en Antarctique (illustration).
Une station de recherche australienne en Antarctique (illustration). - /AP/SIPA / SIPA
20 Minutes avec agences

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Travailler un an dans une station isolée de l’Antarctique ? Des centaines de candidats, souvent jeunes, se précipitent chaque année pour vivre cette « expérience extraordinaire ». Et le faible niveau de rémunération ne freine pas leurs ardeurs.

Mi-octobre, un « job dating » a été organisé à Brest par l’Institut polaire français Paul-Émile Victor (Ipev). Chaque année, ce rendez-vous permet à 320 scientifiques de mener leurs travaux sur les pôles. Plus de 200 personnes se sont bousculées pour y participer et vivre l’expérience au sein de la station franco-italienne Concordia.

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De nombreux profils recherchés

« On cherche des compétences mais aussi un savoir-être, des gens vraiment motivés qui savent où ils vont mettre les pieds », explique Laurence André-Le Marec, DRH de l’Ipev. Les plombiers et électrotechniciens sont très recherchés ainsi que des conducteurs d’engins pour diriger les dameuses et tracteurs qui parcourent en quinze jours les 1.150 km séparant Concordia de la côte.

« C’est pire que la Station spatiale internationale », explique Nathalie Metzler, directrice adjointe de l’institut. « [Sur l’ISS], ils peuvent évacuer en 48 heures alors que nous [à Concordia], il faut attendre plusieurs mois le prochain bateau. » Les candidats doivent se soumettre à un examen médical et psychologique. A Concordia, les conditions sont en effet particulièrement hostiles avec une température moyenne de -63 °C en hiver et -30 °C en été, et une nuit continue pendant l’hiver austral.

Le salaire, un point de discorde

La rémunération va d’à peine 1.000 euros net pour les services civiques (VSC) à plus de 5.000 euros brut pour les CDD (cuisinier, mécanicien, électricien…). « Sur ce genre de mission, la motivation financière ne tient pas la route », selon Laurence André-Le Marec.

Le salaire a pourtant été le déclencheur en juin 2023 d’une fronde d’hivernants VSC qui ont vu leur paie fondre, à la suite d’un redressement de l’Urssaf obligeant l’Ipev à prélever des cotisations sociales. Alors que le contrat indique une indemnité de 1.024 euros « sans prélèvement de charges », ils ont appris fin juin par mail que l’indemnité mensuelle passerait « à 850 euros jusqu’en octobre puis 950 euros », selon l’une d’entre elles.

Avec l’aide d’un avocat, 37 hivernants ont mis en demeure l’Ipev pour obtenir un statut de salarié. « Ils devraient être en CDD, point barre », estime l’avocat, qui menace l’institut et ses dirigeants d’une plainte au pénal pour travail dissimulé. « On est sur un détournement du statut de VSC. » De son côté, l’Ipev assure n’avoir fait aucune irrégularité et tente de « rétablir le dialogue ».