RÉALITÉ AUGMENTÉESnapchat redonne des couleurs à l’Egypte au Louvre

Snapchat redonne des couleurs à l’Égypte au musée du Louvre

RÉALITÉ AUGMENTÉESnapchat et le musée du Louvre s’associent pour l’exposition L’Egypte Augmentée, qui ouvre ses portes le 18 octobre, et que « 20 Minutes » a visité
L'Egypte antique se révèle en réalité augmentée au Louvre avec Snapchat
Christophe Séfrin

Christophe Séfrin

L'essentiel

  • Dès le 18 octobre 2023 et pour un an, s’ouvre au musée du Louvre, à Paris, l’exposition L’Egypte Augmentée.
  • Le plus grand musée du monde s’est, pour la première fois de son Histoire, associé à Snapchat pour développer autour de certaines œuvres, des expériences en réalité augmentée.
  • Un peu frustrante par le peu d’œuvres concernées, la visite reste bluffante et invite les visiteurs, quel que soit leur âge, à pousser les portes du musée.

Réalité augmentée au musée. Depuis mercredi et pour un an, le département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre ouvre ses portes à l’AR (pour Augmented Reality, ou réalité augmentée) et son exposition L’Egypte Augmentée. Soit la possibilité de superposer aux images qui nous entourent des images virtuelles. Une première pour l’institution nationale qui s’est associée à Snapchat pour révéler certains secrets millénaires. 20 Minutes a pu les découvrir en avant-première.

Un QR code pour rendre visible l’invisible

Pas besoin de casque de réalité virtuelle, comme pour l’exposition Van Gogh à Auvers-sur-Oise du musée d’Orsay, pour visiter l’expo L’Egypte Augmentée au musée du Louvre. Avec l’AR, n’importe quel smartphone suffit. Il n’y a qu’à scanner le QR code présent sur certaines des œuvres sélectionnées par le Musée du Louvre et Snapchat pour se laisser projeter dans le passé.

Rigueur scientifique

Pour cette première à l’intérieur d’un musée national, l’AR Studio de Snapchat, basé sur le campus des start-up parisien Station F, a voulu proposer une expérience immersive et interactive. On oublie les oreilles de lapin ou les grosses lunettes que les utilisateurs de Snapchat aiment placer en réalité augmentée sur leurs vidéos avec la célèbre application. Ici, place « à des expériences réalisées avec la plus grande rigueur scientifique », rassure Donatien Bozon, directeur de l’AR Studio.

L'obélisque de Louxor au centre de la cour Carrée du musée du Louvre, là où Champollion rêvait de l'installer.
L'obélisque de Louxor au centre de la cour Carrée du musée du Louvre, là où Champollion rêvait de l'installer. - Sanpchat

Pour cette exposition, ce n’est d’ailleurs pas la caméra frontale de son smartphone que l’on utilise, mais bel et bien sa caméra arrière, que l’on braque sur les œuvres monumentales concernées. Ainsi, trois expériences en AR sont-elles proposées à l’intérieur du musée (autour du Zodiaque de Dendéra ; du Naos d’Amasis ; et de La chambre des ancêtres), tandis qu’une dernière, sans doute la plus impressionnante, attend le visiteur à l’extérieur, dans la cour Carrée.

L’obélisque de Louxor quitte la place de la Concorde

Et c’est une révélation. Une fois scanné le QR code correspondant, chaque œuvre se dévoile dans sa forme originelle. Sur l’écran de notre smartphone se superposent aux classiques images que l’on pourrait immortaliser en vidéo des vues en 3D de ce qu’elles furent sans doute jadis. Le granit rose un peu délavé du Naos d’Amasis se pare de dorures éblouissantes. Les murs nus de La chambre des Ancêtres s’illustrent mille couleurs. Le Zodiaque de Dendéra (accroché au plafond d’une voûte) se révèle en trois dimensions. Si l’on veut en savoir plus, il suffit d’apposer l’index sur telle ou telle partie de l’écran de son terminal mobile pour qu’apparaisse un petit cartel explicatif. Quant à la cour Carrée, s’y dévoile, majestueux et grandiose, l’obélisque de Louxor que Champollion envisageait d’y installer en 1836 (il fut finalement accueilli place de la Concorde).

Sans spoiler le contenu complet de ces expériences, disons qu’elles pourraient presque faire de nous les héros d’un reboot du film La momie. Adèle Blanc-Sec apprécierait… Même si l’on ressort un peu frustré que ces expériences ne soient qu’au nombre de quatre, présentes dans deux salles uniquement du département des Antiquités égyptiennes (324-325) et dans la Cour Carrée. Petit bonus néanmoins, on peut aussi se voir en pharaon ou en déesse sur l’écran de son smartphone sans se rendre à l’exposition, mais en scannant directement le code ci-dessous depuis l’application Snapchat.

Le code à scanner depuis l'application Snapchat pur se transformer en pharaon ou en déesse de l'Egypte antique.
Le code à scanner depuis l'application Snapchat pur se transformer en pharaon ou en déesse de l'Egypte antique. - Snapchat

On ne peut d’ailleurs imaginer que dans un an, temps officiellement dévolu à l’exposition L’Egypte Augmentée, que ces expériences s’interrompent. On se plaît à croire, au contraire, qu’elles sont les premières pierres d’une pyramide qui ne demande qu’à grandir.

La médiation au cœur de l’exposition

Nul doute, en tout cas, que les visiteurs seront conquis. Et ravis qu’on leur raconte une autre Histoire. « Les enjeux de médiation sont constants. Ce que l’on a à dire sur les œuvres se modifie en permanence de génération en génération, nous imposant de renouveler notre discours », confie à 20 Minutes Vincent Rondot, directeur du département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre.

Qui ne cache pas avoir cherché autour de cette collaboration avec Snapchat un effet « waouh ! ». « Bon sang, c’est évidemment sur cet effet que je compte ! Les gens sont très heureux lorsqu’on les amène à cela, qu’on leur fasse partager ce que l’on ose comprendre de cette antiquité. Ce n’est pas un discours d’autorité, c’est un discours que l’on construit, mais qui est ce que l’on comprend en 2023 d’une réalité très ancienne », s’enthousiasme Vincent Rondot.

Les collections égyptiennes du plus grand musée du monde n’avaient pas connu de vrai changement depuis 1997. Avec Snapchat et la réalité augmentée, c’est un autre regard qui peut désormais sur braquer sur certains de leurs trésors. Un regard neuf qui embrasse les outils que sont nos smartphones. Un regard qui permet d’éviter de longs discours tant les images parlent d’elles-mêmes. Un regard dépoussiéré, aussi, peut-être.