SolidaritéA 87 ans, Ken Loach veut garder foi en l’espèce humaine

« The Old Oak » : A 87 ans, Ken Loach veut garder foi en l’espèce humaine

SolidaritéDans le solaire « The Old Oak », le réalisateur fait se rencontrer la population d’une petite ville du nord de l’Angleterre et des réfugiés syriens
Ken Loach lors de la première de « The Old Oak » le 25 septembre à Londres
Ken Loach lors de la première de « The Old Oak » le 25 septembre à Londres - James Veysey/SIPA / SIPA
Caroline Vié

Caroline Vié

L'essentiel

  • Un tenancier de pub et une réfugiée syrienne s’allient pour ouvrir une cantine solidaire.
  • « The Old Oak » permet à Ken Loach de donner de nouveau la parole aux plus démunis.
  • Ce film récompensé à Cannes ne cache pas les problèmes mais laisse apparaître une lueur d’espoir.

The Old Oak de Ken Loach, lauréat du prix œcuménique au Festival de Cannes, c’est comme un rayon de soleil dans un ciel brumeux. Les aventures d’un tenancier de pub qui sympathise avec une réfugiée syrienne et ouvre une cantine pour les plus démunis, quelle que soit leur origine, font chaud au cœur. « C’est le but de ce film, explique Ken Loach à 20 Minutes. Montrer que des initiatives individuelles peuvent faire beaucoup pour améliorer la société. »

Une belle relation filiale se développe entre la jeune photographe exilée et le veuf solidaire et tant pis si certains habitants de la petite ville du nord de l’Angleterre prennent ombrage de leur élan de générosité au point de leur mettre des bâtons dans les roues. « Ce genre de comportements arrive souvent quand les précaires s’en prennent à leurs semblables par désespoir », souligne Paul Laverty, scénariste de Ken Loach depuis 1995.

Un vent d’espoir

Ce film dopé à la fraternité plonge le spectateur au cœur d’une population malmenée par la misère, celle dont le cinéaste de 87 ans défend les couleurs sans perdre une once de détermination. « Ces femmes et ces hommes ont besoin de se faire entendre, martèle-t-il. Ils ont aussi besoin de se voir à l’écran ce qui veut dire pour eux que leur histoire mérite d’être contée. » C’est ainsi qu’on découvre progressivement comment toutes et tous mettent la main à la pâte pour le bien commun en apportant le meilleur de leur compétence.

« Des exemples comme les leurs font que je refuse de perdre foi en l’espèce humaine », précise Ken Loach qui offre de très belles scènes comme l’hommage de la communauté venue soutenir une dame courageuse dont le mari resté en Syrie vient de mourir en prison. « Il n’est pas question de faire pleurer le public, insiste Paul Laverty, mais de célébrer la dignité de personnes qui se battent contre une adversité qui peut prendre de nombreuses formes. » La manifestation qui clôt le film fait souffler un vent d’espoir léger mais bien présent sur ces héros très discrets séchant les larmes sur son passage.

Irremplaçable Ken Loach

Ken Loach n’a plus vraiment l’énergie pour se lancer dans une nouvelle fiction. « Mon âge commence à se faire sentir, dit-il, mais je compte continuer à lutter par d’autres moyens, des documentaires par exemple. » S’il est commun de prétendre que nul n’est irremplaçable, Ken Loach pourrait bien être faire exception à la règle.

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