rugbyL’arbitrage une nouvelle fois au centre des débats après la finale

Nouvelle-Zélande – Afrique du Sud : « Un problème qu’il faut résoudre », l’arbitrage une nouvelle fois au centre des débats

rugbyLes nombreux cartons infligés lors de cette finale et surtout le manque de cohérence entre les décisions ont pesé dans cette finale
Eben Etzebeth le coude en avant sur Sam Cane lors de la finale de la Coupe du monde entre l'Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande, le 28 octobre 2023 au Stade de France.
Eben Etzebeth le coude en avant sur Sam Cane lors de la finale de la Coupe du monde entre l'Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande, le 28 octobre 2023 au Stade de France.  - Dave Winter//SIPA / SIPA
Nicolas Camus

Nicolas Camus

L'essentiel

  • L’Afrique du Sud a battu la Nouvelle-Zélande samedi soir lors de la finale de la Coupe du monde disputée au Stade de France.
  • Une rencontre marquée par quatre cartons jaunes, dont un transformé en rouge, du jamais-vu à ce stade de la compétition.
  • Le manque de cohérence globale dans les décisions est dommageable, à l’image de ce qu’aura été cette Coupe du monde, pas épargnée par les polémiques arbitrales.

Au Stade de France,

Il n’y a pas que la pluie qui est tombée drue sur Saint-Denis, samedi soir. Les cartons aussi, comme jamais encore dans une finale de Coupe du monde. Et de loin. Avant cette rencontre entre l’Afrique du Sud et la Nouvelle-Zélande, un seul carton (jaune) avait été distribué lors des neuf éditions précédentes. Cette fois, Waynes Barnes n’a pas hésité à sortir en sortir quatre, dont un s’est transformé en rouge après analyse par le bunker. Ou comment achever ce Mondial avec un arrière-goût trop souvent ressenti dans la compétition.

Le problème tient moins au nombre de sanctions infligées qu’à la cohérence. Pour reprendre le fil de cette finale, voilà les actions dont on peut discuter :

  • Frizell effectue un déblayage dangereux sur Mbonambi et lui déboîte le genou > Jaune + bunker, pas rouge
  • L’épaule de Cane vient percuter la visage de Kriel > Jaune + bunker rouge
  • L’épaule de Kolisi vient percuter le visage de Savea > Jaune + bunker, pas de rouge
  • Etzebeth fait n’importe quoi > Jamais rien

Concernant ce dernier, on peut s’agacer assez légitimement de la manière dont il s’en sort à chaque fois. Déjà contre les Bleus, il avait collé un énorme tampon dans le visage d’Atonio, une action que n’avait pas pris le soin de revoir le TMO (« Television Match Official », l’arbitre en charge de la vidéo). Cette fois, on l’a vu couper une passe de façon grossière en position de hors-jeu lors d’une grosse séquence des All Blacks dans les 22 sud-africains (37e), puis taper dans les mains adverses sur une touche, ce qui a provoqué un en-avant néo-zélandais et fait annuler un magnifique essai de Smith (54e).

Un comportement d’antijeu qui peut largement valoir un jaune pour l’ensemble de son œuvre. Et encore, c’est sans compter un arrêt sur image vu après la rencontre qui le montre coude en avant lors d’une charge sur Cane en première période.

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C’est un peu tout ça qui créé de la frustration au final, cette impression que la vidéo n’arrange rien, au contraire. Ce que l’on pouvait pardonner à l’arbitre de terrain dans le feu de l’action, avec sa part d’interprétation quant à l’intention d’un joueur lors d’un contact (qu’il peut sans doute mieux sentir que nous car se tenant au plus près de l’action), est moins défendable quand on parle de quelqu’un assis au calme dans une cabine avec 28 angles différents à sa disposition.

Le sélectionneur néo-zélandais Ian Foster ne s’est pas privé de le dire après la rencontre quand il a été interrogé sur le carton rouge de son joueur : « On a vu dans le match deux situations similaires, mais une a été sanctionnée d’un rouge, l’autre d’un jaune. C’est assez pénible, et je ne dis pas ça comme mauvais perdant. C’est un problème qu’il faut résoudre. »

« On aseptise trop le rugby »

Relancé quelques minutes, celui qui disputait son dernier match à la tête des All Blacks n’a pas voulu épiloguer sur le sujet, mais a tenu quand même à rhabiller l’arbitre vidéo, Tom Foley : « Nous avons eu droit à la même attitude de la part de ce TMO que lors de la série irlandaise de l’année dernière [deux défaites en trois matchs à la maison, en juillet 2022]. On savait donc à quoi s’attendre. »

Interrogé par Midi Olympique dans la foulée de la finale, Romain Poite, ancien arbitre international, reconnaît la zone grise que représentent les contacts à la tête. « C’est la limite de notre sport. Il faudra que cela change car on voit le résultat des protocoles actuels, dit-il. Le rugby est un sport de contact. Il faut que l’on accepte les incidences d’un jeu avec contact. Aujourd’hui, on l’aseptise trop. »

NOTRE DOSSIER COUPE DU MONDE DE RUGBY

L’idée n’est pas de revenir à l’âge de pierre, mais de tracer une ligne claire alors que la question de la santé des joueurs est en train d’être débattue et les règles adaptées. World Rugby ferait bien de s’y atteler, sous peine de voir les polémiques enfler. Et le grand public se désintéresser à force de ne rien comprendre.