INNOVATIONCes futurs ingénieurs arpentent des chantiers grâce à la réalité virtuelle

Nîmes : Ces futurs ingénieurs BTP arpentent des chantiers grâce à la réalité virtuelle, sans bouger de l’école

INNOVATIONC’est la start-up montpelliéraine VisionR qui a mis au point cet étonnant dispositif pour le département Génie Civil de l’IUT de Nîmes
Un élève de l'IUT de Nîmes, testant le dispositif créé par la start-up VisionR.
Un élève de l'IUT de Nîmes, testant le dispositif créé par la start-up VisionR. - Anamaya Lefaux / VisionR
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

L'essentiel

  • La start-up montpelliéraine VisionR a réalisé une application en réalité virtuelle pour les élèves du département Génie civil de l’IUT de Nîmes.
  • Ces apprentis ingénieurs peuvent se balader, en immersion, sur un chantier de construction. Pratique, pour arpenter le terrain, sans quitter leur salle de classe.
  • « La mémorisation des informations est plus élevée en réalité virtuelle qu’à travers un apprentissage classique, sur un tableau. On n’est plus passif, mais actif », explique Simon Billy, le cogérant de l’entreprise VisionR.

A l’IUT de Nîmes (Gard), il n’est pas rare, depuis la rentrée, que les élèves de 1re année du département Génie civil, futurs ingénieurs du BTP (Bâtiment et travaux publics), travaillent avec un casque de réalité virtuelle sur les yeux. Non, ils ne jouent pas au dernier Resident Evil, et ne tentent pas d’échapper à d’ignobles monstres dans un village enneigé. Ces apprentis techniciens, qui sortent de Terminale, se baladent, en immersion, sur un chantier. Pratique, pour arpenter le terrain, sans quitter leur salle de classe.

C’est la start-up montpelliéraine VisionR qui a mis au point ce dispositif innovant. Cette entreprise, spécialisée dans la réalité virtuelle, la réalité augmentée et la 3D, a créé des tas d’expériences immersives étonnantes, ces dernières années : des films à 360° pour simuler l’implantation d’éoliennes pour anticiper l’impact de ces structures géantes, et d’autres pour montrer aux seniors comment fonctionne un monte escalier ou pour plonger dans un épisode cévenol, comme si on y était, pour sensibiliser aux bons comportements à adopter en cas d’inondations. L’application créée par l’équipe de VisionR pour l’IUT de Nîmes permet aux élèves de se promener à leur guise, dans le chantier de construction d’un bâtiment, comme s’ils étaient, pour de vrai, dans le bruit et la poussière.

Visiter des chantiers « sans bouger de la salle de classe »

« Aux différentes étapes d’un chantier, des fondations, jusqu’à la construction des étages », détaille Simon Billy, cogérant de la start-up. « Les élèves se promènent dans un chantier, un peu à la manière d’un Google Street View, avec des flèches au sol qui leur permettent de se déplacer d’un espace à l’autre. » Un premier mode permet d’aller à la découverte du chantier. Un deuxième propose à l’étudiant de cliquer sur des points d’intérêt, ici et là, pour se renseigner sur des détails techniques, le poids une poutrelle en béton, ou les consignes de sécurité à respecter. Enfin, un dernier mode l’invite à tester ses connaissances, pour être sûr qu’il est prêt à mettre les pieds sur un vrai chantier.

« Jusqu’à présent, l’IUT devait organiser des visites de chantiers, explique Simon Billy. Il fallait trouver un constructeur qui soit d’accord pour accueillir une quarantaine d’élèves. Et c’est difficile, car cela présente de nombreuses contraintes. Il fallait aussi organiser le transport des élèves, mobiliser du matériel de sécurité, etc. Et c’est un coût, aussi. L’idée de cette application, c’est de faire la même chose, sans bouger de la salle de classe. »

Un élève de l'IUT de Nîmes, testant le dispositif créé par la start-up VisionR.
Un élève de l'IUT de Nîmes, testant le dispositif créé par la start-up VisionR. - Anamaya Lefaux

« La mémorisation des informations est plus élevée en réalité virtuelle »

Pour les élèves, aussi, c’est un vrai plus. Car, poursuit le cogérant de VisionR, « la mémorisation des informations est plus élevée en réalité virtuelle qu’à travers un apprentissage classique, sur un tableau. On n’est plus passif, mais actif. Le fait d’être immergé au cœur du chantier, d’être à côté de la grue, cela permet d’assimiler visuellement ce qu’il faut connaître. » D’autant plus que les chantiers donnés à voir aux étudiants ne sont pas recréés en 3D. Ce sont de véritables chantiers, filmés à Montpellier.

NOTRE DOSSIER SUR LA REALITE VIRTUELLE

« Quand on est dedans, je vous assure qu’on s’y croit vraiment ! », confie Alain Ausset, enseignant à l’IUT de Nîmes et ex-conducteur de travaux, qui a mené ce projet avec VisionR. « Le mot "Immersion", c’est le bon. » Pour l’instant, il ne s’agit que d’un premier prototype. En fonction des retours des élèves et des enseignants, l’application sera potentiellement modifiée, et enrichie. « Certains étudiants sont très à l’aise avec la réalité virtuelle, mais pour d’autres, ils étaient un peu dubitatifs, au début, confie Alain Ausset. Mais au final, ils ont tous trouvé ça très bien, je n’ai pas eu de commentaires négatifs ! Ils disaient tous "Ah oui, d’accord, O.K., je suis sur le chantier, là !" J’ai même maintenant des étudiants de 2e année qui me disent « Monsieur, pourquoi on n’y a pas droit, nous aussi ? » » Si l’expérimentation s’avère concluante, les étudiants pourraient, peut-être, bientôt, se balader au milieu d’un pont ou d’une autoroute en construction.

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