FAITS DIVERSComment expliquer les incidents avant OM-OL ?

Incidents OM-OL : Sécurité, travaux, bus au ralenti… Comment en est-on arrivé là ?

FAITS DIVERSAu lendemain de la dégradation de bus de l’OL près du Vélodrome, ayant conduit à l’annulation du match entre Lyon et l’OM, se pose la question des facteurs qui ont conduit à cet incident, avec notamment un bus qui a ralenti tout près des supporters
Plusieurs personnes, dont l'entraîneur de l'OL, ont été blessées après le caillassage de bus lyonnais
Plusieurs personnes, dont l'entraîneur de l'OL, ont été blessées après le caillassage de bus lyonnais - Daniel Cole/AP/SIPA / SIPA
Mathilde Ceilles (avec J.L.)

Mathilde Ceilles (avec J.L.)

L'essentiel

  • Le match qui devait opposer Lyon à Marseille ce dimanche n’a pas eu lieu en raison d’incidents aux abords du stade.
  • Les bus des supporters et du staff lyonnais ont été pris pour cible, malgré un dispositif de sécurité important.
  • Au lendemain des faits, les causes avancées par les différentes parties sont multiples pour expliquer ces attaques.

Les images ont fait le tour des réseaux sociaux, et provoqué l’émoi jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. Un coach ensanglanté, des bus aux vitres fracassées. Ce dimanche, peu avant 19 heures, le car transportant les joueurs et le staff de l’OL a été victime de projectiles divers et de pétards, blessant dans ces affrontements l’entraîneur de Lyon Fabio Grosso. Des bus des supporters lyonnais ont également été caillassés près du Vélodrome à Marseille. Comment en est-on arrivé là ? 20 Minutes fait le point au lendemain des faits.

Des travaux gênants ?

Lorsque le car transportant les joueurs et le staff de l’OL arrive au carrefour des boulevards Sainte-Marguerite et Schloesing, tout près du stade Vélodrome, le convoi se retrouve ralenti, alors qu’il est sous escorte policière. Des cars transportant des supporters lyonnais ont également été pris pour cible lorsqu’ils roulaient à faible allure. Comment expliquer cette situation ? Plusieurs sources interrogées par 20 Minutes mettent en cause des difficultés de circulation, liées notamment aux travaux de construction d’un futur tramway à cet endroit. Le stade Vélodrome est en effet un stade en plein centre-ville, contrairement à d’autres stades de grands clubs en France, et dans un quartier en pleine mutation.

« Les problèmes ont commencé à cause du feu rouge, rapporte Grégoire*, un supporter qui a assisté à la scène. Les bus des supporters lyonnais sont restés sans mentir plusieurs minutes à l’arrêt, et forcément, il y a quelques abrutis qui ont commencé à jeter des trucs. Mais c’est incompréhensible qu’ils se soient arrêtés aussi longtemps au feu rouge. » « D’après ce que j’ai compris, les cars ont été pris pour cible car ils ont été ralentis à cause des travaux, ce qui a permis les attaques, croit savoir Sébastien Greneron, secrétaire départemental du syndicat policier Alliance dans les Bouches-du-Rhône. A partir du moment où il y a eu un petit ralentissement et un arrêt de quelques secondes, ça a canardé ».

L’argument fait bondir la métropole d’Aix-Marseille Provence, l’autorité qui coordonne ces travaux. « Pendant la Coupe du monde de rugby, les chantiers étaient les mêmes suivant la même organisation, fait remarquer à 20 Minutes les services de la collectivité. Et la police n’a pas fait remonter le moindre problème de circulation. »

Un mauvais parcours ?

Le parcours emprunté par les bus, avec une arrivée près de la station de métro Sainte-Marguerite Dromel, a pu par ailleurs étonner certains supporters, à l’image de Grégoire. « C’est bizarre parce que je fais tous les avant-matchs là-bas et d’habitude ils ne passent jamais de ce côté. » « A aucun moment, le trajet des cars des Lyonnais n’a fait l’objet d’une communication avec la préfecture de police, et la métropole n’était donc pas au courant d’où passaient les bus », insiste la collectivité.

Contactée, la préfecture de police des Bouches-du-Rhône a indiqué que Frédérique Camilleri ne s’exprimerait pas pour l’heure, et a renvoyé aux déclarations de cette dernière au stade Vélodrome. « Tous les cars de joueurs ou de supporters peuvent emprunter plusieurs itinéraires, a fait valoir la préfète de police dimanche soir. Le choix des itinéraires se fait en fonction de la physionomie sur la voie publique. Ils sont tous escortés, et ce soir, ils étaient escortés également. Et il y a aux alentours du stade à cette heure-là forcément du monde. Donc, on a un circuit sécurisé pour les stades avec des parties où il n’y a aucun public. Mais on ne peut évidemment pas vider l’ensemble de la ville de Marseille. » « Les bus sont passés plein de fois par là sans qu’il n’y ait jamais eu de problèmes, affirme Rudy Manna, policier marseillais et porte-parole national du syndicat Alliance. Ils sont passés par là pour le match contre Brighton par exemple et il n’y a jamais eu le moindre incident. »

Un dispositif de sécurité insuffisant ?

La question d’une défaillance du dispositif de sécurité bâti par la préfecture de police des Bouches-du-Rhône est logiquement posée au lendemain de ces événements. Les supporters lyonnais étaient autorisés pour la première fois depuis de nombreuses années à se rendre au stade Vélodrome. Le tout, après une réunion organisée par la préfecture de police avec les supporters visant à apaiser le climat, à l’image de celle organisée avant le match contre A.E.K qui s’était joué sans aucun incident. « Le match a donné lieu à des préparations avec les supporters lyonnais et les groupes de supporters marseillais, a rappelé la préfète de police. Il y avait un état d’esprit collectif qui allait dans le sens de l’organisation de ce match en présence de tous les spectateurs. A un moment, il va falloir que chacun se sente concerné au-delà des groupes de supporters, que chaque personne se sente concernée. Si ce soir, le match n’a pas eu lieu, ce n’est parce qu’il n’y a pas eu de travail en commun avec les équipes. »

« Il y avait 500 policiers et gendarmes mobilisés, a martelé sur RMC ce lundi matin Gérald Darmanin. Un demi-millier de policiers et de gendarmes pour un match de football. » « L’escorte était renforcée et importante, rapporte le procureur de la République de Marseille Nicolas Bessone. Rien ne laisse apparaître un déficit du dispositif de sécurité. Bien au contraire. » Ce lundi soir, sept personnes étaient toujours en garde à vue.

*Le prénom a été changé à la demande de l’intéressé