LOGEMENTMais où vont aller les personnes expulsées du plus grand squat de Lyon ?

Lyon : Mais où vont aller les personnes expulsées du plus grand squat de la ville ?

LOGEMENTLundi matin, la préfecture du Rhône a procédé à une « opération d’évacuation » de l’immeuble Pyramide, dans le 7e arrondissement de Lyon, occupé depuis environ deux ans
Lundi matin, la préfecture du Rhône a procédé à une « opération d'évacuation » de l'immeuble « Pyramide », à Gerland, dans le 7e arrondissement de Lyon, qui est occupé depuis environ deux ans par des publics sans logement
Lundi matin, la préfecture du Rhône a procédé à une « opération d'évacuation » de l'immeuble « Pyramide », à Gerland, dans le 7e arrondissement de Lyon, qui est occupé depuis environ deux ans par des publics sans logement  - O. Chassignole / AFP / AFP
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Ce lundi matin, la préfecture a procédé à l’évacuation du plus grand squat de Lyon, où entre 100 et 250 personnes vivent depuis deux ans.
  • Le collectif Intersquat a dénoncé cette opération « ignoble » des services de l’Etat, à deux jours de la trêve hivernale. Pour lui, toutes ces personnes vont finir à la rue.
  • La préfecture indique que huit nuits d’hôtels ont été prévues pour analyser les situations de chacun. Insuffisant pour les collectifs et la ville de Lyon qui regrette « la manière » dont la préfecture a procédé.

«C’est une honte ». Collette du collectif Intersquat69 est « très en colère ». Ce lundi matin, la préfecture du Rhône a effectué une « opération d’évacuation » de l’immeuble « Pyramide », dans le 7e arrondissement de Lyon à la suite d’une « décision de justice datant de juillet d’une procédure intentée par le propriétaire des lieux ». Depuis deux ans, entre 100 et 250 personnes occupent les lieux faute de trouver un logement.

« Ce squat, tenu illicitement par des marchands de sommeil, avait fait l’objet de signalement par le maire de Lyon […]. Il s’inquiétait notamment des faits de violences sexuelles, de prostitution et de consommation de drogues », ont justifié les services de l’Etat précisant qu’un « travail préparatoire d’orientation » avait été engagé depuis plusieurs semaines pour analyser les situations de chacun des occupants. Ainsi, vingt-cinq enfants et adultes avaient été mis à l’abri depuis la fin de l’été 2023.

Ces personnes vont se retrouver à la rue, selon le collectif Intersquat

A la suite de cette opération, six personnes vont bénéficier de l’aide au retour proposée par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), deux vont être prises en charge par le dispositif d’accueil des demandeurs d’asile et deux mineurs par la métropole de Lyon, a communiqué la préfecture. Le reste des habitants évacués, soit 74 personnes, a été redirigé vers des hôtels du Rhône et de la Loire pour huit nuitées, le temps « d’un examen de la situation administrative et d’un diagnostic social individualisé et complet ».

« Et dans sept jours donc, tout le monde sera de nouveau à la rue, sous les ponts, s’exclame Colette. Aucune réelle solution n’a été envisagée. » Elle souligne que la majorité des personnes expulsées travaillent, sont « en situation régulière », certaines sont retraitées, d’autres avec des nourrissons et des enfants. « Pour elles, le squat, c’est leur seul moyen de ne pas dormir à la rue, poursuit-elle. Car elles sont face à la difficulté d’obtenir un logement social et celle de réunir toutes les conditions pour le parc privé ». Elle pointe « le choix ignoble » de la préfète qui « choisit une politique de mise en danger de la vie d’autrui ».

« La rue, ça tue, ça traumatise, ça rend malade, appuie-t-elle. C’est inhumain de laisser sa population comme ça, à la veille de la trêve hivernale. » Elle appelle alors à la réquisition de bâtiments vides. Une offre qu’a également faite la municipalité. Vendredi soir, au moment de l’annonce de cette intervention, elle a proposé la mise à disposition d’un gymnase municipal comme alternative au manque de places d’hébergement d’urgence. Sans succès. Trois jours plus tard, la ville de Lyon a alors « dénoncé » la « manière » dont la préfecture avait procédé, regrettant le manque « d’un cadre d’intervention “pas d’expulsion sans relogement” ». Interrogée sur la question, elle confirme avoir fait un signalement aux services de l’Etat, « resté sans réponse » et l’explique par des craintes de violences sexistes et sexuelles qui ont été par la suite « écartées », a-t-elle déclaré.

Une situation « sans fin » dénoncée par la municipalité

« Cette façon de faire ne va rien résoudre. Sans prise en charge en amont, sans solution derrière, ce sera sans fin, commente Sandrine Runel, adjointe au maire de Lyon, déléguée aux solidarités et inclusion sociale. Des mesures auraient pu être imaginées depuis deux ans, nous avons d’ailleurs sollicité les autorités depuis plusieurs mois pour travailler à la recherche d’une solution. Là, d’autres squats vont se créer. Il faut penser la situation dans sa globalité. »

Elle précise que la ville a demandé à reporter l’opération à fin mars, afin que « les gens puissent passer l’hiver à l’abri ». Nouvel échec. Se retrouvant sans compétence sur le sujet, la municipalité a alors décidé de mettre à disposition des garages pour que les habitants de la Pyramide puissent y disposer leurs affaires « en attendant ».

Sujets liés