HAPPY« Heureux de vivre », Gaël Monfils peut-il créer la surprise à Bercy ?

Tournoi de Paris-Bercy : « Il est heureux de vivre »… Bien dans sa vie, Monfils peut-il créer la surprise à Bercy ?

HAPPYLongtemps miné par les blessures, Gaël Monfils a entamé une remontée spectaculaire ces dernières semaines au classement ATP. Un retour au premier plan qu’il doit en partie au bonheur qui est le sien avec sa femme et sa fille
Gaël Monfils et sa femme Elina Svitolina, lors d'un match du PSG en 2021.
Gaël Monfils et sa femme Elina Svitolina, lors d'un match du PSG en 2021.  - FRANCK FIFE  / AFP
Aymeric Le Gall

Aymeric Le Gall

L'essentiel

  • Retombé à la 276e place à l’ATP, Gaël Monfils a réussi à revenir dans le top 100 à la surprise générale.
  • Ce retour en forme s’explique en grande partie par le bonheur qui est le sien au quotidien, aux côtés de sa compagne Elina Svitolina et de leur petite fille Skaï.
  • Opposé à l’Argentin Cerundolo au premier tour, mardi, Monfils espère réussir à passer « un tour ou deux » histoire de finir l’année en beauté. Mais peut-il aller au-delà ?

A l’Accor Hôtel Arena,

Revoir Gaël Monfils du côté de Bercy est déjà un petit bonheur en soi, lui qui avait manqué l’édition 2022 à la dernière minute pour cause de pied en vrac. Mais le revoir dans cet état de forme, lui qui est devenu à 37 ans et 51 jours le joueur français le plus âgé de l’ère Open à remporter un titre – c’était à Stockholm (ATP 250) il y a deux semaines –, cela tient presque du miracle. Pour tout vous dire, après les retraites successives de Jo-Wilfried Tsonga puis de Gilles Simon, l’an passé, on était nombreux à parier le bas de laine réservé aux études du petit dernier sur le fait qu’il serait le prochain sur la liste à raccrocher.

Trop de bobos, un grand corps malade qui réclame trop de travail pour revenir à un niveau physique acceptable, le tout saupoudré d’une lassitude générale bien compréhensible, non, vraiment, cette histoire sentait le pin des Landes. Mais c’était sans compter sur son amour pour le jeu et son extraordinaire capacité mentale. Ainsi, loin des sommets et des lumières médiatiques, le garçon a travaillé dans l’ombre, enfin débarrassé de la pression populaire et des attentes du public français, pour se payer une seconde jeunesse et remonter progressivement au classement ATP.

« Il joue pour se faire plaisir »

Coach de Monfils jusqu’en 2012, Patrick Chamagne voit dans ce nouveau statut de nobody un élément déterminant dans ce retour au premier plan. « Il a 37 ans, les gens n’attendent plus rien de lui et je pense qu’il a la sensation de n’avoir plus rien à prouver à personne. Ce qui lui permet enfin, et peut-être pour la première fois de sa vie, de jouer pour lui et rien que pour lui. Il joue pour se faire plaisir alors qu’avant, les gens avaient tellement d’attente par rapport à son potentiel qu’il pouvait parfois se mettre une pression polluante. Ce n’est plus le cas désormais. La notion de plaisir a pris le pas sur tout le reste. »

Même si son corps ne le laissera jamais totalement tranquille, on l’a encore vu à Roland cette année, où il a dû abandonner au second tour après nous avoir mis les poils lors d’une session nocturne de zinzin de l’espace au tour précédent, les signaux sont positifs. Il n’empêche, de belles victoires en grosses surprises, Monfils est revenu en quelques mois dans un top 100 qu’il n’imaginait plus réintégrer de sitôt. Croisé ce week-end à Bercy lors des qualifications, Gilles Simon trouve ainsi son ancien coéquipier en Bleu « très en forme ». « Quand tu le vois bouger, t’as presque l’impression qu’il a encore 25 ans. Même si physiquement il connaît encore des hauts et des bas et qu’il y a toujours ce spectre des blessures, quand il revient et qu’il joue, il court, il fait huit glissades dans l’échange, il n’a vraiment pas perdu son niveau, c’est cool. »

« Gaël ne peut pas mentir avec ses émotions »

De l’avis de ceux qui le connaissent le mieux et le côtoient le plus, ce qui a changé chez lui, c’est son état d’esprit au quotidien. Mari (comblé) de la joueuse ukrainienne Elina Svitolina, papa d’une petite Skaï depuis octobre 2022, Monfils « est dans une période de sa vie où toutes les planètes sont alignées, il est heureux de vivre », dixit Chamagne. Comme l’indiquait récemment Arnaud Clément chez nos confrères de France Info, « son envie fait la différence, c’est son moteur. » « Il a vraiment besoin de ça, contrairement à certains joueurs qui arrivent à faire certaines choses même quand ils ont un peu moins envie », assure l’ancien capitaine de Coupe Davis.

« Sa situation familiale joue beaucoup sur son moral et son envie, acquiesce son ancien coach. Le fait qu’il soit papa, en couple, marié et heureux avec Elina, je trouve que ça l’a apaisé. Je le vois assez régulièrement sur Genève et je le trouve détendu, serein. Or, Gaël est comme ça, il a besoin d’être heureux dans sa vie pour être bien dans son tennis. C’est un garçon hyper sensible, qui est d’une gentillesse rare, ce qui n’est pas toujours évident dans ce milieu, et qui ne peut pas mentir avec ses émotions. S’il n’est pas bien dans sa tête, ça s’en ressentira sur son jeu, contrairement à d’autres. »

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Une ambiance particulière à Bercy

« Je l’ai eu récemment au téléphone, il était à Stockholm, en famille, avec sa femme et sa fille. Et il a besoin de ce truc-là, c’est quelqu’un qui fonctionne énormément à l’affect, quand le feeling n’est pas bon, ça peut être une catastrophe et on voit alors le Gaël qu’on aime moins, et quand au contraire le moral est là, ça peut donner de très belles choses encore », embraye Gilles Simon. Reste à savoir maintenant ce qu’on peut espérer de lui en cette semaine parisienne où, de son propre aveu, le spectre de la fatigue plane au-dessus de lui.

Interrogé sur ses ambitions dimanche en conférence de presse, le Français a calmé tout le monde en affirmant qu’il n’était pas prétendant au titre cette année. « Mais l’année prochaine, j’aurai de bonnes chances de "re-briller". Ici, j’arrive en fin de cycle, avec un peu de fatigue. On va voir la magie de Paris. Mais on va rester raisonnable. Si tout continue bien, j’aurai peut-être des opportunités. » « Il a un premier tour compliqué contre Cerundolo, confirme Patrick Chamagne. Mais il faut toujours se méfier avec Gaël, il adore ce tournoi et son public, il aime cette ville, s’il passe le premier tour, bonne chance à ceux qui vont le jouer derrière. »

« Si je gagne un ou deux matchs, ce serait cool, a-t-il annoncé dimanche. C’est toujours les fins de cycle qui sont les plus dures pour maintenir le bon niveau de concentration, de stress, mental, physique… Mais à Paris, il y a toujours quelque chose en plus qui me booste, qui m’aide à me transcender. J’espère l’avoir de nouveau. » Deux ans après la furia de Bercy pour soutenir Hugo Gaston contre Carlos Alcaraz, le public est plus prêt que jamais à revivre une telle dinguerie. Pour l’y aider, faisons aussi confiance au côté showman de la Monf. Et comme il paraît que le bonheur est contagieux, on ne demande qu’à être emporté dans le tourbillon.

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